LES ACCIDENTS DE LA
CIRCULATION
E.M.
FONTAINE
Nommé
juge dinstance au tribunal de Poissy en 1962 après son
retour de Tunisie où il était détaché au tribunal immobilier,
lauteur est confronté au phénomène des accidents de la
circulation dans leur aspect pénal. Il découvre avec surprise
la gravité de la situation. Dans larticle qui suit dont
nous ne reproduisons que la seconde partie, il décrit
dabord le coût de la prévention (Policiers et Gendarmes
affectés de jour et de nuit à la surveillance des routes de
larrondissement), celui des soins (hélicoptères,
ambulances, gardes médicales) et enfin quelques mois plus tard
le flot des dossiers qui arrivent tant au tribunal de Versailles
(décès et incapacités supérieures à trois mois) ou de Poissy
(incapacités inférieures à trois mois). Appelé souvent à
siéger aussi au tribunal de grande instance de Versailles ou de
Pontoise, il constate que la nature et les circonstances des
accidents sont les mêmes. Un accident léger peut avoir, par
malheur, des conséquences fatales, une faute très lourde et un
choc violent peuvent navoir, par chance, que des
conséquences très légères.
Il
prend conscience quun accident de la circulation est un
événement qui peut être étudié comme tout autre événement
physique car son observation est faite par de nombreux
observateurs, professionnels de qualité, à plusieurs niveaux :
Policiers et Gendarmes dabord qui entendent les personnes
mises en cause, les témoins, relèvent les traces et dégâts.
Puis membres du Parquet du Procureur de la République, parfois
Juge dinstruction, Experts. Les parties sont assistées
dAvocats, discutent le dossier et enfin laffaire est
jugée devant une juridiction à deux degrés. Il y a donc une
foule dintervenants, indépendants les uns des autres.
Des
faits aussi sérieusement observés peuvent donc faire
lobjet dune recherche statistique...
On
peut, avec une bonne certitude, déclarer que tel conducteur
était responsable de laccident, que tel autre a été une
victime sans faute. Une erreur est toujours possible, mais il en
est de même en laboratoire où il arrive aussi quune
observation soit fautive ou quune déduction soit erronée.
Cet
article fut dabord publié en 1965, notamment dans la Revue
Automobile et lauteur eut lhonneur dêtre
invité au Ministère des Finances par M. Poniatowsky alors
directeur des Assurances pour développer son travail. Celui ci
fut repris et mis à jour et publié dans la revue de la
Société de Criminologie Moderne, pour une criminologie
expérimentale en Octobre 1978. La SCM avait été fondée
par lauteur lorsquil découvrit que des statistiques
sérieuses manquaient à la criminologie française et faute
davoir pu se faire entendre par le Ministère de la
Justice.
Les
choses nayant pas tellement changé, nous reprenons une
fois de plus cet article qui na pas perdu de son
actualité, cest le moins que lon puisse dire!.
.......
LACCIDENT DE LA CIRCULATION
Le mot même daccident contient une idée très forte de
hasard qui vient de son origine en latin.
Laccident
est certainement aléatoire dans la mesure où celui qui en est
victime ne savait pas ce qui allait lui arriver, ni où ni quand
et dans la mesure où celui qui le cause na en tout cas pas
choisi le moment ni la victime. Mais cela ne signifie nullement
que laccident soit inéluctable ni que tous les conducteurs
soient égaux en incompétence, maladresse, ignorance ou
dangerosité.
La circulation est une action raisonnée et codifiée.
Chaque conducteur doit savoir ce quil peut et doit faire.
Il a lobligation de faire connaître ses intentions avant
de les réaliser et il a la légitime conviction que les
autres vont aussi respecter les règles qui leur sont communes.
Nous savons aussi que nulle action nest jamais
exécutée parfaitement. Un ouvrier maître en son art manque un
certain nombre de pièces. Un satellite qui a coûté des
milliards tombe en panne malgré les précautions prises et
les joueurs de base-ball, activité importante entre toutes, font
lobjet de statistiques savantes quant à leurs réussites.
Ne
serait-il donc pas prudent, lorsquon est au volant de
prévoir les fautes des autres conducteurs en conservant une
large marge de manoeuvre avant darriver par exemple à un
croisement où lon est prioritaire ou au sommet dune
côte etc. etc.? Mais si cette obligation déviter
laccident était retenue, la victime sans faute dun
accident ne serait-elle pas ainsi amenée à partager la
faute de son agresseur, comme la jeune fille qui va danser avec
des inconnus ou accepte en toute innocence daller voir les
estampes japonaises de son professeur...? Et ne peut-on pas
soutenir aussi que la victime daujourdhui est
lagresseur de demain et inversement?
Page suivante Noublions pas non plus que si laccident est
un événement aléatoire, au moins en ce qui concerne la victime
sans faute, sa fréquence sera liée à la présence de celle ci
sur la route. Nous reviendrons plus tard sur ces inconnues.
Pour
répondre à ces objections nous pouvons dire que lorsque un
très bon conducteur réussit à éviter un accident (il y en a
sans doute plus quon ne le croit) tout se passe comme
sil était resté chez lui. Mais du point de vue de la
statistique, si laccident sétait produit, un
conducteur agressif (et sa voiture) de plus serait dénombré
ainsi quun conducteur sans faute (et sa voiture). Le
résultat de la recherche que nous menons ne serait guère
différent.
Les véhicules
Nous
pensons que les modèles et les marques définissent bien les
types de voitures. Nous les retiendrons donc pour un classement.
Bien que lentretien dun véhicule varie beaucoup
dun propriétaire à lautre, lâge, la nature
ou la durée du service paraissent être des facteurs
importants dusure à prendre en considération pour un
classement des véhicules.
Les conducteurs
Il
serait intéressant de mieux les connaître en les classant par
âge et par sexe, cest ce que nous avons décidé de faire.
Dans le début des années 60, les alcoomètres nétaient
pas en usage et seule linfraction de conduite en
état divresse était relevée. Il semble que le
personnel des forces de lordre était parfaitement
entraîné pour reconnaître un état divresse et
quil verbalisait avec modération car lorsque les
alcoomètres furent mis en service, la fréquence de la conduite
sous lempire dun état alcoolique fit un bond
spectaculaire !
La méthode employée
Dépourvu de tout moyen matériel pour effectuer des
sondages (comme fait par exemple lINSEE, javais
pensé que je disposais des moyens de connaître les voitures
et les conducteurs présents sur la route en exploitant
les dossiers à ma disposition.
Il
me paraissait que je pourrais connaître les voitures et leurs
conducteurs présents sur la route (et non pas les voitures
immatriculées et les conducteurs titulaires du permis de
conduire) en analysant les effectifs révélés par les
jugements définitifs qui avaient clôturé lexamen des
accidents de la circulation survenus dans les trois cantons de la
juridiction de Poissy de Juillet 62 à Juin 64.
Supposant
que laccident ne pouvait être considéré comme
certainement aléatoire que pour les véhicules et les
conducteurs impliqués sans aucune faute, je nai retenu que
ceux là pour définir la population présente sur la route par
rapport au parc immatriculé; le nombre des personnes titulaires
du permis de conduire -et conduisant même de temps en temps-
étant inconnu.
Autrement
dit, jai considéré que les conducteurs et les voitures
impliqués sans faute avaient été tirés au sort parmi toutes
les voitures en circulation comme sont tirées au sort les boules
extraites dun grand sac par une main aveugle.
Il
apparut dailleurs très rapidement que la population des
conducteurs sans faute et de leurs voitures était très
différente de la population des conducteurs déclarés fautifs.
Une
réserve simposait: la circulation dans la région de
Poissy était-elle représentative de la circulation sur le
territoire français métropolitain? Etait-il même imaginable de
une moyenne qui serait représentative de la circulation sur le
territoire national?
Un
événement inattendu leva le doute et me donna lassurance
que je pouvais continuer. En effet lINSSE, avec le concours
de tous les Gendarmes et Policiers de France, avait fait observer
les routes de jour comme de nuit, pendant toute une semaine et
quelques jours de fête habilement choisis et avait pu en
déduire la composition du parc circulant, conducteurs et
véhicules.
Cette
analyse fut concordante à un pour cent près avec la mienne ce
qui prouvait que les deux étaient excellentes car la
probabilité dobtenir deux résultats semblables par des
voies aussi différentes était très faible...Il faut tout de
suite souligner que si cette concordance établissait que -par
chance- les accidents qui sétaient produits (au moins
pendant cette période 62-64) étaient représentatifs de la
circulation sur le territoire français, cela impliquait aussi
que les accidents de la compétence du tribunal de Poissy (
incapacité de travail inférieure à trois mois) étaient aussi
(très probablement) représentatifs des accidents ayant
provoqué un décès au moins ou une incapacité de travail
supérieure à trois mois. Nous reviendrons sur cet aspect des
choses.
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Je pouvais dès lors calculer par catégorie de
voitures, la composition du parc circulant par rapport au parc
immatriculé et lindice de circulation des voitures (
rapport parc circulant sur parc immatriculé) pour la période
62-64. Je donne ces détails en espérant quun de nos
adhérents ou lecteurs voudra bien reprendre le flambeau et
procéder au même travail pour la période actuelle. Il est
certain que les assureurs disposent dans leurs archives de
véritables gisements de données dont ils pourraient tirer les
renseignements les plus utiles...
Je
reproduis donc ci dessous les chiffres obtenus à partir de mon
échantillon extrait des accidents de la circulation portés à
la connaissance du tribunal de Poissy en 1962-1964
et
devenus définitifs.
DISTRIBUTION
DES VéHICULES IMPLIQUéS en fonction de leur puissance
Catégories
.Parc immatriculé
Parc circulant
. indice de
circulation
jusquà
2 CV
12,7%
18,7%
1,47
3 à
5 CV
31,7%
35,4%
1,11
6 à
7 CV
25,2%
16,6%
0,65
8 à
10 CV
13,8%
12,5%
0,90
11
CV et plus
16,6%
16,6%
1,00
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LAGRESSIVITé
ET LINDICE DAGRESSIVITé
A-
DES VOITURES
Pour
les besoins de lanalyse nous allons examiner séparément
les voitures et les conducteurs mais on ne peut ignorer
quils constituent un couple. Il y a les achats coup
de foudre et les achats de raison. On ne peut
ignorer que certaines voitures sont plus difficiles à conduire
que dautres mais le juge ne peut admettre cela comme une
excuse. Bien souvent un conducteur invoquera la difficulté
dun parcours, la nuit, la pluie ou le brouillard pour
expliquer laccident. Ce sont en réalité des circonstances
aggravantes, le conducteur nayant pas su ou voulu adapter
sa conduite aux circonstances. Il est regrettable quune
analyse semblable à la nôtre nait pas été conduite
depuis sur les mêmes bases, mais dans une région nettement
différente ou récemment, alors que tous les modèles de la
décennies 60-70 ont disparu.
Deux
remarques capitales doivent cependant être faites:
- la
populations des conducteurs agressifs nest pas homogène.
Cest assez évident: il y a les alcooliques, les fous de
vitesse, ceux qui voient mal, ceux qui passent leur temps à
lutiner leur passager(e), à se disputer avec leur belle-mère,
à corriger les gosses et maintenant à téléphoner!
- il
y a un couple qui se forme, conducteur-voiture. Parmi les
sous-populations de conducteurs que je viens dénumérer,
le fou de vitesse ne choisira pas la deuche, et celui
qui a une famille nombreuse préférera une grosse voiture,
fut-elle doccasion et un peu fatiguée, etc.
En
létat il nest donc pas possible, sans une étude
difficile, de dire ce qui revient aux véhicules ou aux
conducteurs dans la responsabilité des accidents. Dautant
que le mauvais conducteur nen provoque pas un chaque fois
quil prend le volant...
Il
est donc intéressant de connaître ce que nous appellerons
lindice dagressivité des voitures selon leur type,
en quittant les voitures impliquées sans faute de leur
conducteur, pour calculer le rapport de leur présence dans le
parc agressif en % sur leur présence dans le
parc circulant en %. Nous avons trouvé:
2
cv....................0,4
3 à
5 cv..............0,8
6 à
7 cv..............1,7
8 à
10 cv............0,9
11
cv et plus......1,1
les
variations sont si nettes quelles confirment mon
raisonnement. Le résultat sera encore plus assuré lorsque nous
examinerons le rôle des voitures selon leur âge.
Dores
et déjà il faut remarquer que cest la catégorie 2 CV qui
circule le plus et qui provoque le moins daccident et la
catégorie 6, 7 CV qui roule le moins et qui est la plus
dangereuse!
-
distribution des voitures en fonction de leur âge:
jai
comparé les voitures, par année dâge, selon leur
présence dans le parc agressif
et
dans le parc circulant et fait le rapprochement avec
le parc circulant estimé par lINSEE au
31/12/63 (au milieu de la période dobservation) pour les
5, 10, 15 ans.
Age
.Parc agressif
.Parc circulant
Parc carcans
1
5,3
7,3
2
21,8
21
3
11,8
16,8(change de prop.?)
4
8,8
14,7
5
12,7
8,4 (nouveau change.prop.?)
total
partiel
60,4
68,2
67,9
6
2,9
4,25
7
2,4
4,25
8
5,9
4,25
9
8,3
4,25
10
5,9
4,25
total
partiel
25,4
22,2
25,6
11
2,4
2,1
12
3
2,1
13
-
-
14
3,5
2,1
15
-
2,1
16
2,4
-
19
0,5
-
26
1,2
-
total
partiel
14,1
9,4
6,5
la
concordance du parc circulant que jai trouvé avec celui de
lINSEE est excellente pour les voitures de cinq ans et
moins, moins bonne pour les dix ans et moins et nexiste pas
pour les plus de dix ans. La cause de la discordance vient-elle
du mode dévaluation ou plus probablement dune
différence du parc entre la région parisienne et
lensemble du
territoire français?
Des
remarques importantes doivent être faites:
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-
les voitures changent rapidement de mains dès la première
année. Une étude du comportement des conducteurs devrait
impérativement être conduite.
-
leffectif des voitures du parc agressif, comme celui des
mauvais conducteurs diminue régulièrement dannée en
année et beaucoup plus vite que celui des voitures et des
conducteurs sans faute. Lexplication concernant
les voitures vient rapidement à lesprit: chaque accident
précipite lélimination de la voiture... Hélas, la même
explication vaut pour les conducteurs agressifs qui disparaissent
beaucoup plus tôt que les autres de la route: la confirmation de
cette hypothèse en sera donnée plus loin. Cest triste
mais conforme au bon sens.
Les
tableaux que jai établis ne représentent que les
effectifs mis en cause et leurs valeurs relatives. Mais
nous ne connaissons pas le nombre des voitures mêlées à un
accident au cours dune année et détruites ou en tout cas
retirées de la circulation, ni celui des conducteurs qui ont
laissé la vie par leur propre faute, parfois sans mettre en
cause un autre conducteur. Nous verrons plus loin, à
propos de lalcool, que ce nombre est loin dêtre
négligeable. Pourtant le fait que les mauvais conducteurs et les
voitures dangereuses soient retirés de la circulation,
dune manière ou dune autre ( mort ou infirmité
définitive ou retrait du permis, en ce qui concerne les
conducteurs, envoi à la casse des voitures) est bien en accord
avec lhypothèse quils constituent une population
différente de celle constituée par les conducteurs sans faute.
Il est rassurant que ce résultat soit conforme à la logique.
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Nous
pouvons encore tirer des conclusions intéressantes de ces faits
qui confirment que parc agressif et parc circulant ont une
composition très différente quand on les analyse en fonction de
lâge, ce qui laisse présumer que le comportement de leur
propriétaire a changé...ou plus probablement que le
propriétaire a changé. En effet
1-
les voitures de 5 ans et moins qui constituent 68,2 %
du parc circulant ne causent au total que 60,4% des accidents,
2-
la différence est encore plus nette pour les voitures de 3 ans
et moins: présentes pour 45,1% elles ne causent que 38,9% des
accidents,
3-
et pour celles de 4 ans et moins qui, présentes pour 59,8%, ne
sont impliquées que dans 47,7%.
La
première année les conducteurs paraissent relativement
prudents.
La
seconde année ils le sont moins.
Lors
de la troisième et quatrième année les conducteurs sont de
nouveau très prudents, mais au cours de la cinquième ils
redeviennent franchement très agressifs.
Un
schéma représente ces variations plus facilement que les mots:
Si
la mise en circulation des VéHICULES était constante au fil de
lannée, et au fil des ans, ce qui nest pas
exactement le cas, nous pourrions dire que leffectif des
voitures de première année représente un semestre entier
dimmatriculation, leffectif des années suivantes
représente au contraire limmatriculation annuelle.
Si
un semestre dimmatriculation faisait apparaître 7,3% du
parc circulant, pour la première année, les années suivantes
devraient fournir environ 14,5% de leffectif.
Or nous trouvons un net excédent pour les voitures a 12.0pt;mso-ansi-language:FR">
Il y
a (au moins) deux explications:
-
les voitures récentes roulent plus et leur utilisation diminue
au fil des ans,
-
pendant les deux premières années lAGRESSIVITÉ est
proportionnelle à la présence sur la route
-
pour les voitures de 3 et 4 ans, cette AGRESSIVITé diminue,
-
elle augmente à nouveau pour les voitures de 5 ans et restera
élevée jusquà lélimination des vieilles voitures.
En
fait, notre étude est incomplète. ( Le lecteur de lan
2000 nous pardonnera si nous lui rappelons quil y a 40 ans
le chercheur ne disposait pas dordinateur, que les
calculettes ne faisaient que les quatre opérations, et que nous
calculions les variances avec une table de logarithmes...Ajoutez
à cela une certaine paresse...peut-être une fatigue...une
surcharge de travail... )
Si
un chercheur acceptait de la recommencer, il ne devrait pas
oublier de faire apparaître le véhicule (type, ancienneté,
véhicule de première main, possédé depuis combien de mois
etc.) utilisé par chaque conducteur, la faute qui lui est
reprochée, en faisant bien apparaître lâge du
conducteur, lancienneté de son permis et -nous verrons
plus tard pourquoi- son casier judiciaire, sans oublier, bien
sûr, sil y avait aussi alcoolémie, en précisant le
volume dalcool trouvé à lanalyse et le temps
écoulé depuis la dernière prise... Il devrait de même entrer
dans son PC le maximum de données, notamment rechercher le
nombre des voitures immatriculées encore en circulation pour
bien faire apparaître que le nombre des conducteurs agressifs
(à léchelon national) se calcule en dizaines de milliers
alors que celui des conducteurs sans faute se calcule en
centaines de mille, voire en millions.
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Tous
les titulaires du permis ne conduisent pas, quelques uns ont
plusieurs voitures, dautres se contentent de les voler,
mais on pourrait supposer sans grand risque que le nombre des
conducteurs (qui conduisent habituellement) est égal au nombre
des voitures immatriculées.
Comme
nous le verrons plus loin, la proportion des conducteurs en état
dimprégnation alcoolique permanent est de lordre de
2,5% du nombre des conducteurs présents sur la route. Il
monte à 40% parmi les conducteurs fautifs contrôlés, mais
un nombre important échappe au contrôle (décès lors de
laccident, impossibilité de procéder au prélèvement).
Nous pouvons donc parler de 50% de leffectif agressif
véritablement imprégné soit une concentration de vingt fois
par rapport à leffectif circulant sans commettre de faute.
Si nous retenons en très large approximation 30.000 accidents
corporel ayant donné lieu à une analyse de sang,
leffectif des conducteurs sur la route à qui on na
rien reproché serait donc de 600.000 en permanence. Il
sagit là, faut-il le préciser, dune moyenne
annuelle, à léchelle nationale.
Il
apparaît une fois encore, quil sagit de deux
populations bien différentes. Ceux là ne font jamais une petite
cure de quelques heures dabstinence avant de prendre le
volant. Cest toute la faiblesse des campagnes contre
lalcool de sadresser à tous les conducteurs. Les
seuls qui suivent et approuvent cette propagande ne boivent que
peu ou pas du tout. Désormais ils ne le feront quen
culpabilisant. Quant aux autres ils reprennent leur verre et
constatent avec étonnement quil est déjà vide. Que faire
dans ce cas là?
B-
DES CONDUCTEURS.
Nous
allons employer la même méthode que pour les voitures.
Nous
considérerons tout dabord que les conducteurs impliqués
dans un accident et exonérés de toute faute, ont été tirés
au sort par les autres et constituent un échantillon de la
population des français qui conduisent.
Lensemble
de ceux qui ont été déclarés fautifs constituera de son coté
un échantillon de la population des agresseurs.
Nous
voulons savoir sil y a une différence entre les deux
populations et si oui quelle peut être la cause des accidents.
Nous
allons chercher dans quatre directions: le sexe, lâge,
lancienneté du permis et limprégnation alcoolique
du conducteur.
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Remarque
préliminaire.
La
construction en série des automobiles permet de considérer
quelles sont identiques dans une très large mesure,
modèle par modèle: il nen est pas de même, assurément,
pour les conducteurs.
Le
fait quune catégorie dindividus se distingue des
autres, quune corrélation apparaisse par exemple entre le
sexe et la fréquence des accidents doit être interprété avec
infiniment de prudence. Par exemple, nous allons voir quà
présence égale sur la route, les femmes provoquent moins
daccident que les hommes. Mais peut-on affirmer
quelles conduisent dans les mêmes conditions? Souvent les
mères de famille conduisent entre leur foyer et le super marché
et en plus les enfants sont à bord!!! Mais au départ en
vacances, le macho de mari prend le volant même sil est
fatigué. Quoiquil en soit, il est établi que les
femmes qui conduisent des taxis parisiens ont moins
daccidents que leurs collègues masculins.
Une
telle analyse devrait être dune finesse extrême: que
faire des mères célibataires, de ces jeunes femmes cadres
supérieurs qui gagnent les salles des conseils
dadministration en agitant des masses impressionnantes de
cheveux aux coloris lumineux etc.
Les
échantillons étudiés
Javais
constitué les échantillons suivants:
1-
la population présente sur la route et désignée
lors des accidents venus à la connaissance du tribunal de Poissy
en 62-64.
2-
la population des conducteurs auteurs daccidents avec mort
ou incapacité supérieure à 3 mois ( à lexclusion des
conducteurs en état divresse) venus devant le TGI de
Pontoise en 1968.
3-
la population des conducteurs sans faute désignée par les
accidents venus à la connaissance du TGI de Pontoi
se
en 1968.
4-
les auteurs de ces derniers accidents y compris les conduite en
état divresse ou sous lempire dun état
alcoolique jugés par le TGI Pontoise 68.
5-
les personnes condamnées en 1965 par le TGI de Paris pour
conduite en état divresse.
6-
les suspensions de permis de conduire prononcées par le TGI
Paris de 1975 à 1977.
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Les conducteurs
sans faute (Pontoise 68)
Se
1q
1xe
Ce
sont eux qui nous serviront de référence
leur
population se compose ainsi: hommes 90,35%
Femmes
9.65%
Alcool
hommes
1,75%
femmes
0%
Age
minim. Maxim.
Moyenne Q1 Q2
Q3 s
hommes
20
66
36,8
27
37
45
12
femmes
25
63
42,9
31
40
53
12,25
Ancienneté
du permis en années
min.
Max.
Moyenne Q1
Q2
Q3
sigma
hommes
1
31
9
3
7
15
7,1
femmes
2
28
11,12
4
11
14
7,9
les
conducteurs fautifs
sexe:
hommes
95,6%
femmes
4,4%
sous
lempire dun état alcoolique
hommes
24,54%
femmes
0
Nous
pouvons maintenant rapprocher léchantillon des hommes
condamnés pour conduite sous lempire dun état
alcoolique à Paris en 65, Pontoise en 68 (sans accident)
et des suspensions de permis de conduire à Paris de 75 à 77.
Distribution
en fonction de lâge:
minim.
Maxim.
Moyen. Q1
Q2
Q3
écart.
Alc.Paris
65
24
69
38,8
31
37
43
10,2
Alc.Pont.
68
21
71
38,2
32
38
45
10,47
Susp.
permis
Paris
75-77
21
69
39,6
29
39
47
11
Essai
dinterprétation
- le
sexe des conducteurs:
les
femmes qui nont pas provoqué daccident ont commencé
à conduire plus tard que les hommes mais conduisent plus
longtemps. Au cours des années dobservation, elles
étaient moins nombreuses que les hommes, mais ce sont les femmes
les plus motivées qui avaient leur permis.
-la
conduite sous lempire dun état alcoolique était
inconnue chez les femmes.
La
reprise de cette étude en 2000 ferait sans doute apparaître une
plus grande ressemblance entre les populations dhommes et
de femmes. Cest assurément dommage!
Observation
de lalcoolémie (il ne sagit que des hommes) :
La
comparaison des trois échantillons (qui ont été prélevés de
1965 à 1975) que nous venons de faire, montre à
lévidence quils ont été extraits dune même
population: rappelons que les conducteurs de ces trois
échantillons navaient pas provoqué daccident mais
seulement conduit après avoir bu sans modération.
Une
fois de plus nous ne pouvons que regretter de ne pas savoir si
ces conducteurs arrêtés sans avoir commis de faute autre que
davoir de lalcool dans le sang étaient des
alcooliques permanents ( présence de gamma GT et de macrocytose
dans le sang) ou des alcooliques doccasion.
Nous
devons maintenant rappeler le résultat obtenu à Pontoise en
1968: 24,54% des conducteurs impliqués avec faute étaient
sous lempire dun état alcoolique pour le
rapprocher de celui avancé par M. le professeur GOT ( stage de
lAREAT du 20 Sept.1978 sous la présidence de M. le
professeur LORRIAUX) : 36% des conducteurs ayant
provoqué un accident mortel ou corporel et qui ont été amenés
à lhôpital de Garches ( par ce quils étaient eux
mêmes blessés gravement, note de lauteur) étaient sous
lempire dun état alcoolique.
Page précédentePage suivante 12.0pt;font-family:"Book Antiqua";mso-ansi-language:FR">
Il
convient de rappeler que ce dernier résultat fut accueilli avec
un tel scepticisme et une telle indignation de la part du lobby
de lalcool quune nouvelle étude fut conduite, non
point seulement dans les limites dintervention de
lhôpital de Garches mais à léchelle de la France
entière.
La
moyenne nationale obtenue fut de 38% mais (ce qui fut une
nouvelle surprise et une nouvelle cause démotion ) avec
des variations extraordinaires:
- la
moyenne du Nord-Pas de Calais atteignant 60%
-
celle du Midi Pyrénées se tenant à 15%, la région parisienne
se situant, comme il avait dabord été établi à 36 %!
Confirmation éclatante de la valeur de la recherche de M. le
professeur GOT et de son équipe!
Il
faut sarrêter un instant ici et essayer dexpliciter
ce qui vient dêtre affirmé:
Chaque
jour des accidents mortels ou corporels avec des incapacités de
travail supérieures
ou inférieures à trois mois se produisent.
Parmi
les morts relevés se trouvent un certain nombre de ceux qui ont
provoqué laccident. Il ny aura pas de procès pénal
puisque laction publique est éteinte.
Parmi
les blessés emmenés à lhôpital (dont celui de Garches),
certains, malgré les soins éclairés et dévoués quils
recevront mourront: en ce qui les concerne, il ny aura pas
non plus de procès. Ils napparaîtront plus dans les
statistiques autres que du nombre de décès.
Le
premier point qui doit être acquis est donc que
-
parmi les blessés (quils soient la cause ou la victime
dun accident) transportés à Garches, 36% étaient sous
lempire dun état alcoolique. M. le professeur dit
quils avaient provoqué un accident mortel ou
corporel.
Je
pense que le professeur avait anticipé sur la constatation de la
culpabilité car au moment où le blessé était conduit à
lhôpital le dossier nétait pas terminé. Mais il
est rare que dans un accident grave les conducteurs sen
tirent sans blessures. Il y aurait donc excès sur le nombre des
fauteurs daccidents alcooliques. Comme dautre part
les conducteurs fautifs décédés ne pouvaient être conduits à
Garches, il y avait un défaut du même nombre...Ceci
compensait-il cela?
Nous
ne pouvons manquer de rappeler que daprès les calculs
faits par ailleurs, il ny a que 1,75 à 2,5% de
conducteurs sous lempire dun état alcoolique parmi
les conducteurs sans faute. Lappréciation du professeur
Got peut donc être retenue.
Nous
navons pu disposer de la seconde enquête, il ne nous est
donc pas possible de la discuter mais une explication très
intéressante est possible:
Notre
étude des accidents de la route est effectivement incomplète,
on nous le pardonnera sans doute en considérant que
cétait la première. Si un chercheur veut bien la
reprendre, ce nest pas à partir des dossiers qui arrivent
devant un tribunal quil faut la commencer, mais à la base
cest à dire à partir des constatations faites sur le
terrain par les forces de lordre, mais en la suivant
jusquà sa conclusion. En effet,
-
ceux qui, ayant tué ou blessé leurs passagers ou des tiers,
mourront sans passer devant un tribunal pénal car laction
publique est éteinte et souvent leur alcoolémie ne sera pas
recherchée.
-
ceux qui se sont tués sans blesser ni tuer de tiers ne seront
pas jugés non plus car laction publique nest pas
mise en mouvement et lalcoolémie nest pas
recherchée car elle naurait pas dautre intérêt que
statistique.
-
ceux qui se sont blessés eux mêmes, à lexclusion de
toute autre personne, et dont lalcoolémie aura été
recherchée seront poursuivis en principe pour conduite sous
lempire dun état alcoolique.
Mais
un nombre inconnu de conducteurs blessés par eux mêmes après
avoir tué ou blessé des tiers ne font pas lobjet
dune recherche dalcoolémie: il faut dabord
soccuper des blessés, voire des morts, aucun médecin
nest disponible, quand la prise de sang parait possible
elle est inutile car des heures sont passées depuis
laccident etc.
Il
faut donc exprimer avec force que le nombre des conducteurs ayant
conduit sous lempire dun état alcoolique et
provoqué un accident est très supérieur à celui de ces mêmes
conducteurs poursuivis.
Les
éléments que nous avons réunis à travers les études que nous
avons énumérées permettent destimer au minimum à 14% du
parc agressif le nombre de ces conducteurs:
38 %
du parc agressif selon lenquête nationale
conduisent avec alcoolémie
Dont 24 % passeront devant un tribunal
14% échapperont à toute poursuite par ce quils sont
décédés sans
avoir
fait dautre victime queux mêmes ou par ce
quils sont
décédés
avant la comparution devant le tribunal .
62 % du parc agressif nont pas été
poursuivis pour alcoolémie
mais certains
dentre eux nont dû ce fait quaux
circonstances
de
laccident.
Parmi
les mis en cause dans laccident dautres nont
pas été transportés à Garches soit par ce quils
étaient morts, soit par ce quils nétaient pas
blessés, soit par ce quils étaient transportés dans un
autre hôpital. Parmi les personnes transportées à Garches
comme dans les autres hôpitaux, il y avait même des personnes
étrangères à laccident, transportées ou simplement
présentes sur les lieux et blessées.
La
proximité des deux valeurs 36 % des personnes
transportées et 38 % des auteurs
daccident de la seconde étude ne signifient pas la
même chose car il nest pas démontré et il est même
probable que les personnes transportées ne constituaient pas un
échantillon représentatif de la population des auteurs
daccidents.
Alors,
combien sont-ils ces conducteurs sous lempire dun
état alcoolique? Quand nous le saurons, nous pourrons peut-être
nous occuper deux...
A plusieurs reprises, comme nous lavons signalé, nous avons trouvé parmi les victimes sans faute, au moins ce jour là, 2,5 % de conducteurs sous lempire dun état alcoolique.
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Antiqua";mso-ansi-language:FR">
Cest
à dire 2,5 % de tous les conducteurs qui sont sur la route
et constituent ce que nous avons appelé le parc
circulant et qui ont été tirés au sort par
les conducteurs agressifs.. Etaient-ils juste à la limite
autorisée, tenaient-ils mieux le coup que
dautres? Comment le savoir? Il apparaît que comme dans
toutes les recherches comportant une limite, il vaudrait mieux
porter le chiffre constaté que la mention réductrice de:
pas dalcoolémie ou alcoolémie
positive. Bien entendu, il faudrait encore corriger la
valeur relevée en faisant apparaître la valeur corrigée: il
est établi quun individu moyen élimine environ 0,6 gramme
dalcool par heure à partir du moment où il a cessé de
boire. Lévaluation de lalcoolémie tiendra donc
compte du délai écoulé entre laccident et la prise de
sang. On imagine ce que devait être au moment où il a pris le
volant, lalcoolémie dun conducteur qui a un accident
après trois heures de conduite, la prise de sang intervenant un
heure après laccident!!!
Répétons
le encore une fois, puisquun échantillon de sang va au
laboratoire danalyse médicale, il est indispensable de
rechercher toute macro-cytose et le dosage des gamma GT qui sont
caractéristiques dune alcoolisation permanente.
Et
certainement aussi la présence des drogues les plus fréquentes.
Quon
ne parle pas du coût de telles mesures ! Dabord
le prix des analyses sera compris dans les frais de justice
payés par le condamné sil y en a un. Ensuite,
chaque fois quun alcoolique sera éloigné de la
circulation routière, le gain en vies, à commencer par la
sienne propre, sera tellement précieux quil est au dessus
de toute comptabilité! Quel que soit le coût économique des
mesures propres à cette mise à lécart, il sera
inférieur à celui des malheurs que causent les alcooliques.
Mais lurgence des mesures à prendre est occultée par le
fait que les frais à engager ne sont pas à la charge des mêmes
personnes: les dégâts sont payés par les assurances cest
à dire les automobilistes assurés alors que les travaux,
patrouilles de la circulation etc, seront budgétisées.
Cette valeur de 1,75 à 2,5 % du nombre des conducteurs
sous lempire dun état alcoolique fut confirmée avec
éclat dans les circonstances suivantes: Lorsque la loi sur
lalcoolémie entra en vigueur, il fut décidé de procéder
à des contrôles aléatoires. Cétait une décision
excellente. Il apparut rapidement quà moins de biaiser les
échantillons en plaçant les contrôles à la sortie des
restaurants et des boites de nuit, on ne trouvait que peu de
contrevenants, environ 2 %. Il faut donc bien aller chercher les
alcooliques là où ils sont, là où coule lalcool...
Page précédente NOUS SAVONS
DONC:
---que ces
malades peuvent facilement être reconnus par une analyse de
sang,
---que ces
mêmes malades sont impliqués dans 40 à 50 % des
accidents de la circulation.
---que leur
interdire de conduire réduirait le nombre des accidents dans la
même proportion.
En
effet le texte prévoit :
lorsque
la personne a été condamnée définitivement pour un délit, la
commission, dans un délai de cinq ans soit du même délit, soit
dun délit assimilé expressément au regard de la
récidive, lui fait encourir le double des peines
prévues.
En
outre, la récidive de peine contraventionnelle à peine
contraventionnelle déjà très limitée dans lancien code
a été réduite dans le nouveau. Le code de 93 ne retient
de lancien que la récidive pour les contraventions de
cinquième classe: la commission de la même contravention dans
le délai dun an à compter de lexpiration ou de la
prescription de la peine précédente, porte le maximum de la
peine damende encourue à 20.000 F, si et seulement si un
règlement le prévoit.
Une fois de plus nous lançons un appel à nos lecteurs:
lun deux a-t-il eu loccasion détudier
cette question? Se sent-il inspiré pour le faire?
Pouvez-vous
nous signaler des études faites sur le permis à
points? Sa mise en place avait suscité de très grands
espoirs.
Il semble bien que la meilleure sanction pour lutter contre les
accidents commis par les mauvais conducteurs, quils soient
en état de réitération ou de récidive légale, soit la
suppression ou en tout cas la suspension aussi longue que
possible du permis de conduire...
COMMENT
SE NOUE UN ACCIDENT.
Ni
le réseau routier, ni les règles de circulation, ni les
véhicules automobiles, ni lenseignement de la conduite, ni
létat de santé des conducteurs, ni la justice pénale
ne se sont adaptés à la circulation en fonction des changements
intervenus dans le domaine de la circulation et de sa
démocratisation.
I - LE RéSEAU ROUTIER
Etabli à lorigine pour permettre aux piétons,
aux troupeaux, aux cavaliers, aux attelages de bovins comme de
chevaux, de desservir tout point du territoire habité ou siège
dune exploitation et de le relier au reste du pays, voire
à létranger, le réseau fut amené peu à peu à recevoir
des engins motorisés de plus en plus rapides, lourds,
encombrants, fragiles, comme les puissantes voitures et les
voiturettes, les autocars, les énormes camions, les vélos, les
motos...
Une départementale est supposée recevoir tout le
trafic désiré même quand elle traverse un village qui se
trouve coupé en deux par un flot de mille camions par jour. Les
vélos et cyclomoteurs se mêlent aux voitures, tracteurs et
camions sauf sur les autoroutes. Ce nest que tout
récemment que des voies furent enfin réservées aux transports
en commun et aux cyclistes, avec quelle parcimonie pour ces
derniers. Déjà les rollers et les trottinettes à moteurs
revendiquent le droit de participer au grand ballet de la
circulation...
Le grand principe daccès libre pour tout le monde
(sauf sur les autoroutes) peut-il être vraiment maintenu ?
Nous nessayerons pas de répondre ici mais il faudra bien
sy résoudre en posant, bien sûr et avant tout, le
principe de précaution... Une modification du
réseau qui ne se justifiait guère au début du 19°siècle est
depuis longtemps urgente: il nest plus tolérable que des
passages à niveau de chemin de fer subsistent...
II - LES RèGLES DE CIRCULATION
Il
nest pas possible de nier que le code de la route
britannique est supérieur à celui de toutes les nations qui en
ont adopté un autre, souvent en abandonnant le premier! La
circulation à droite avec priorité à droite pouvait, sur le
papier, paraître aussi cohérente; mais sur la route il
nen fut pas de même dès que la circulation sétant
développée, il apparut à certains que si les automobiles ne
pouvaient se déplacer rapidement, elles perdraient de leur
intérêt. Des axes à circulation rapide furent ainsi
privilégiés aux dépens de routes dites
secondaires. Pour protéger la rapidité, il fallut
supprimer la priorité de droite des voies secondaires au profit
des axes rapides et bientôt inventer le
stop qui arrête les véhicules qui entrent sur les
voies rapides!
Il
est probable quune étude sérieuse et approfondie fut
conduite avant ladoption du renversement de la priorité de
droite et du stop. Sil était possible à un de nos
lecteurs de nous en procurer une copie, nous lui en serions
vivement reconnaissant et nous la publierions aussitôt pour
appeler vos remarques.
Mais
les circonstances ont bien changé depuis: nombre et rapidité
des voitures, qualité des revêtements, présence des autoroutes
etc. Les raisons de ladoption du renversement de priorité
et du stop subsistent-elles?
Nous
nous proposons donc une étude aussi complète que possible sur
les points suivants: nombre des points avec renversement de la
priorité, nombre de stops sur lensemble du territoire. Il
ne sagit pas daller les relever mais dobtenir
cette liste du Ministère de lEquipement, probablement
département par département.
Tirage
au sort de cent de ces points pour chacune de ces deux
catégories.
Pour
ces 100 points, mesure de la distance de visibilité, à droite
et à gauche. Il est très possible que lEquipement dispose
de toutes ces données et veuille bien les communiquer. Si cette
coopération était possible, il suffirait de procéder en accord
avec lAdministration au tirage au sort des 100 points.
Accidents
survenus à ces points au cours de deux dernières années
pleines, avec distinction entre nature des points, que les
accident soient mortels ou avec incapacité physique, .mention de
lalcoolémie des conducteurs au moment de laccident
et non du prélèvement.
Circonstances
de ces accidents: temps de jour ou de nuit; les conducteurs
avaient ils la possibilité dune manoeuvre salvatrice?
A-t-elle été tentée?
Distinction
parmi ces accidents de ceux qui se sont produits sur la voie
jouxtant le stop et ceux qui sont arrivés alors que le débiteur
de la priorité traversait la première voie pour aller sur la
seconde, vers la gauche.
Pour
la même période, relevé des accidents de refus de
priorité sur le périphérique de Paris. Sils sont
nombreux, tirage au sort de cent accidents (il ne sagira
que des refus de priorité par les véhicule circulant sur le
périphérique).
Cette
étude demandera certainement du temps. Il est possible
quelle ait déjà été menée par les Services
intéressés.
En
létat, il paraît impossible de suggérer la suppression
du stop. Par contre pourrait-on envisager de transformer les
stops (obligation de sarrêter) en simple renversement de
la priorité? Il semble que cette politique ait déjà été
entamée.
Tout
le problème réside dans la difficulté quil y a à
insérer dans le flot des véhicules qui circulent rapidement un
véhicule qui démarre ou se déplace lentement.
Deux
cas se présentent:
- le
véhicule débiteur de la priorité se dirige vers la droite.
Considérons
une voie sur laquelle la vitesse est limitée à 90 Km H soit 25
Mètres par seconde. Par ailleurs, le temps moyen pour un
conducteur arrêté à un stop (mesuré par nous à 20 stops
différents) pour atteindre une vitesse de 6o Km h est de
lordre de 6 secondes en poussant le moteur, à 15 secondes
sans se presser) .
Si
la limite de visibilité est de 200 mètres vers la gauche et que
le conducteur prioritaire entre dans le champ de visibilité à
linstant où le débiteur s est engagé,
le
conducteur prioritaire rattrapera lautre à une distance
denviron 30 à 60 M du stop et devra freiner ou doubler, si
cest possible, et la priorité ne lui a servi à rien.
Si
le débiteur de la priorité nest pas obligé de
sarrêter, il peut ralentir jusquà 30 Km/H soit 8,3
M/S, en restant en seconde vitesse, négocier son tournant et
accélérer ensuite. Sil nest pas bon conducteur,
capable de monter les vitesses rapidement, il ne pourra éviter
de gêner toute voiture survenant derrière lui sur la voie
prioritaire. Autrement dit, si la vitesse limite est respectée,
200 mêtres de visibilité sont insuffisants même pour des
conducteurs attentifs, un temps clair et des voitures en bon
état. Si la vitesse nest pas respectée (120Km/H sont
souvent atteints), si le conducteur débiteur est seulement
malhabile et son véhicule poussif et surchargé, il faudrait une
visibilité de 500 M ! Dès que la circulation est de
lordre de 3 voitures par minute, peu de conducteurs
pourront franchir le stop sans crainte.
-
Cas du conducteur qui après avoir traversé la première voie se
dirige sur la seconde vers la gauche.
Ce
conducteur aura plus de temps pour traverser la première voie
car il naura que 20 ou 30 mètres à parcourir avant
larrivée dune voiture venant de gauche, ce qui lui
vaudra pourtant des appels de phares indignés de conducteurs qui
ne respectent pas la limitation de vitesse et nenvisagent
même pas de lever le pied.
Par
contre, compte tenu de son obligation de virer, il ne pourra pas
accélérer beaucoup et cest autant de temps perdu par
rapport au véhicule survenant de sa droite, normalement
prioritaire !
Y
a-t-il une solution qui permettrait de concilier voies rapides
prioritaires et sécurité? En attendant les résultats de
létude que nous proposons, il semble que des mesures
partielles pourraient améliorer la situation:
-
suppression des stops et des points de renversement de la
priorité, cest à dire de tout croisement où il passe peu
de véhicules, ces derniers étant renvoyés à des croisements
aménagés: très bonne visibilité, voies latérales
daccès, traversée en deux temps, passages souterrains,
ronds-points voire feux de circulation.
-
aménagement des intersections ainsi quil vient
dêtre dit,
-
abaissement sur les départementales de la vitesse limite à 75
Km/H soit 21 M/S et même moins si les intersections sont
nombreuses. Depuis que les autoroutes ont été créées, bien
quil en manque encore quelques une, certains automobilistes
utilisent les départementales pour de grands trajets; cest
un choix tout à fait respectable surtout si on aime traverser
bourgs, villages et petites villes, mais ce faisant, les usagers
ne peuvent prétendre se déplacer aussi vite que sur les
autoroutes et il ny a plus aucune raison den faire
des voies rapides bénéficiant de priorité. Certaines
voies rapides qui sont des autoroutes déguisées pour demeurer
gratuites, devraient retrouver un statut dautoroutes.
Les
autres routes ne servent guère quaux dessertes régionales
et peuvent parfaitement être parcourues à des vitesses de 70
KM/ H soit 19,5 M/S. Il faut bien se rendre compte que le fait de
demander aux conducteurs à chaque intersection suis-je sur
une voie prioritaire ou débitrice de la priorité, ai-je vu un
panneau etc. au lieu de lui laisser seulement une
alternative suis-je à droite ou non? complique la
conduite .
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Il
convient douvrir ici une parenthèse. Jai parlé plus
haut dinstaller aux stops des feux de circulation. Cela a
pu paraître tout à fait exorbitant. Pourtant ne serait-il pas
possible dinstaller des feux beaucoup plus simples que ceux
quon trouve dans les villes: pas de tranchée, pas de
minuterie, un simple feu aérien placé au milieu du carrefour et
avec quatre faces visibles dans les quatre directions au
moins à 200 mètres. Ce feu ne fonctionne que lorsquun
véhicule se présente sur une des deux voies secondaires au stop
dans les conditions suivantes:
-
sur la voie protégée, à 200 mètres du stop, un panneau
prévient attention feu de circulation intermittent
-
sur les voies secondaires, le panneau de pré-signalisation
annonçant le stop et le panneau de stop lui même portent la
mention allumez vos phares, avancez jusquau feu. Au
feu vert dégagez rapidement .
-
sous le feu de circulation se trouve une cellule ciblant
uniquement la zone où doivent sarrêter les véhicules au
stop. Lorsque cette cellule aperçoit les phares dun
véhicule arrêté, elle fait apparaître, sur les deux voies
prioritaires jusque là, un feu rouge et après quinze secondes
un feu vert sur les voies secondaires qui durera quinze ou 20
secondes, puis le feu séteindra sur les quatre
faces. Si un second véhicule se présente avant que le feu
séteigne, la phase dallumage se prolongera de 15
secondes.
- à
100 mètres du feu, un panneau rappelle éteignez vos
feux.
Jai
donné, pour la facilité de la présentation des durées aux
diverses phases du processus. Bien entendu, lexpérience
permettra de choisir les durées les plus adéquates.
- il
est évident que les conducteurs de véhicules non équipés de
phares devront se munir dune torche et viser la cellule...
- Par
dessus tout, surveillance du respect de la vitesse limite
autorisée.
Lexcès
de vitesse est -dans lesprit du législateur (qui ne
prévoit des peines sérieuses quau delà dun
dépassement de 50 Km/H qui seulement mettrait la vie
dautrui en danger), de celui des juges, et du commun des
conducteurs qui sy adonne avec plaisir, comme une
infraction vraiment mineure alors que le non respect de
larrêt au stop serait un sacrilège (avec cette remarque
cependant quon ne punit plus le sacrilège)...Si presque
tous les véhicules se déplaçant sur la voie prioritaire
dépassent la vitesse limite cest précisément parce
quils sont prioritaires. Ils entendent bien user de ce
droit envers et contre tous. Cest presque leur héritage!
Le
raisonnement est stupide car lorsque laccident surviendra,
ils en seront les premières victimes.
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Par
précaution on limita la vitesse à 80 Km/H ce que les usagers
interprétèrent aussitôt comme la liberté de rouler à plus de
cent, les motards préférant généralement 130...
Avez-vous,
Cher Lecteur, connaissance détudes faites sur cette
circulation bien particulière? Combien daccidents
corporels par an? Par million de voitures? Le débit diminue-t-il
ou augmente-t-il quand la vitesse est réduite à 80 Km/H ? Quel
bilan peut-on tirer de cette voie particulière? Quels
enseignements pour les problème qui nous occupent?
Un
autre problème, certes moins grave si on ne veut le voir
quen statisticien, mais ce nest pas notre genre, est
celui des passages à niveaux, gardés ou non...Combien de morts
chaque année? Certainement sans commune mesure avec les autres
accidents de la circulation, mais toujours déplorables. Il est
acquis que ces passages sont signalés et que la faute de
laccident incombe toujours aux automobilistes.
Jusquici,
lorsquun aménagement était décidé, la dépense en
incombait à la SNCF, or les trains de celle ci étaient
prioritaires par le voeu de la loi (pour réduire le coût
dinstallation des voies quand elles furent créées).
Pourquoi
la SNCF aurait-elle fait, a posteriori, ces dépenses, très
lourdes, il ne faut pas se le cacher, pour protéger des gens qui
nétaient même pas ses clients? Aujourdhui, les
voies (et leur entretien) incombent à une nouvelle société
dEtat qui les a rachetées à la SNCF...donc elles
appartiennent aux contribuables. Cela facilitera-t-il la
solution?
Les
tunnels -tels quils ont été conçus dans les années
cinquante pour les derniers, ont montré, bien malheureusement,
leurs limites et leurs dangers tant lévolution du nombre
et du volume des transports routiers a été rapide!
Là
encore, les autorités ont été complètement dépassées. On ne
peut sempêcher de penser que ce retard avait
lavantage de reporter à plus tard les gros investissements
nécessaires au transport ferroviaire. Alors que les camions
étrangers contribuaient à rentabiliser les investissements
déjà faits pour les autoroutes...
Quen
sera-t-il du tunnel sous la Manche dans cinquante ans, alors
quil ne sera pas encore amorti ?
III
LES VéHICULES AUTOMOBILES
On ne saurait soutenir que les véhicules nont pas
subi de profonds changements. Et même des améliorations
importantes: rendement des moteurs
puissance
du freinage, de léclairage, renforcement des carrosserie,
ignifugeage des garnitures, résistance des pneus etc, etc. Mais
parallèlement leur utilisation, plus vite, plus loin, plus
souvent, sest multipliée!
Etait-il raisonnable de mettre sur la route des engins
de 40 tonnes à coté de petites voitures? Mais là,
cétait bien un problème politique plus quindustriel
de soutenir la navigation ou le ferroutage plutôt que la
route...
La
circulation sur les autoroutes ne devrait-elle pas être
homogénéisée quant à la vitesse des voitures?
IV
LENSEIGNEMENT DE LA CONDUITE AUTOMOBILE
Bien sûr, une épreuve de conduite sur route sera
toujours nécessaire, mais elle ne peut avoir lieu
raisonnablement, en une épreuve, par temps de pluie, de neige,
de verglas, de grande circulation, en plaine comme en montagne,
dans les circonstances imprévues qui aboutissent à un
carambolage, à une indispensable manoeuvre de sauvetage en
présence dun enfant qui sélance sur la chaussée
etc. Cest pourtant lexpérience qui attend tout
nouveau conducteur dans un avenir proche ou lointain. Or il
existe des logiciels qui enseignent comment piloter un avion, des
jeux qui entraînent à la course de formule 1 ! Ne serait-il pas
possible den faire de semblables où les apprentis
conducteurs sentraîneraient à la conduite automobile et
qui constitueraient des épreuves de leur examen?
V LA
SANTé ET LES CAPACITéS DE CONDUIRE
Tout candidat devrait subir un examen de santé très
complet, concernant notamment la vue, limprégnation par
lalcool ( gamma GT et macro-cytose) et par les drogues .
Non seulement pour obtenir le permis mais pour le conserver. Qui
douterait encore que la santé est un état précaire. Tout
conducteur devrait repasser cet examen pendant cinq ans tous les
ans, ensuite tous les deux ans, et notamment après tout accident
corporel, quil ait été fautif ou non. Le nombre des
tués, des blessés, des handicapés de la route justifie
lapplication stricte du principe de précaution en cette
matière plus quen aucune autre.
VI
LA LOI PéNALE ET SON APPLICATION PAR LA JUSTICE EN FRANCE
Les hommes politiques nont peut-être pas eu
toujours tout le courage que la situation exigeait. Cest
toujours avec beaucoup de retard et comme à contre coeur
quils ont légiféré et en tout cas dans le souci de ne
pas trop déplaire aux automobilistes qui sont aussi leurs
électeurs. Imaginez un parti Nature, chasse, pêche,
tradition automobile, cigarette, whisky, petites Pépés.
Enfin une majorité stable! Qui disait que la démocratie
nest pas possible sans la vertu ? Peut-être Jeeves? Mais
nest-ce pas une fausse idée de la Démocratie? Les
modifications législatives sur lalcoolémie rendues enfin
possibles par lexistence dalcoolomètres précis:
délit au dessus de 1,20 grammes, contravention au dessus de 0,80
g, etc. nont pas été mal accueillies par le Peuple! Et si
on lui explique que ces modifications ne concerneront que deux
pour cent de la population...
Quoi quil en soit, seules dinfimes retouches
permettraient à la loi de devenir réellement efficace et cela
ne coûterait rien, bien au contraire cela rapporterait au
budget.
Au début du 20° siècle, quand lautomobile
commença à parcourir les routes, on ignorait évidemment
quil faudrait un jour payer ce confort de 10.000 morts et
200.000 blessés par an. Si le principe de précaution avait
été connu, jamais lautomobile naurait roulé.
Pourrait-on au moins comme on voudrait le faire pour les OGM,
linterdire pour dix ans en attendant que la circulation à
risque presque zéro soit mise au point? Je nen suis pas
sûr et je ne le proposerai pas.
Dans les années 1900, le délit dhomicide
involontaire existait déjà (Hammourabi et Moïse en parlent
déjà): un chasseur trébuchait, le coup de fusil partait
involontairement et tuait un compagnon de battue ou un garde
chasse. Un taureau prenait peur et encornait un passant. Un
propriétaire installait un chauffe-eau à gaz sans prévoir une
sortie suffisante des gaz brûlés, le fils du locataire
sasphyxiait.
Il y
avait toujours homicide involontaire, par maladresse, par
négligence, par ignorance, inobservation des
règlements...Lhomicide involontaire avec automobile
rentrait parfaitement dans ce cadre: un tournant mal négocié,
des freins usés, lignorance des dispositions du code de la
route, linobservation dun stop ou dune
limitation de vitesse...Au début, il ny eut que quelques
accidents mortels par an puis ils se multiplièrent mais déjà
lopinion sy habituait.
La
peine prévue, deux ans de prison et une amende était-elle
suffisante? Elle a été renforcée dans lhypothèse
dun état alcoolique. La peine est beaucoup plus forte aux
USA, mais pourquoi demander laggravation de peines qui ne
sont déjà pas appliquées?
Il
faut remarquer que la prise de conscience des Autorités est
beaucoup plus lente que celle des particuliers. En outre le
Parlement, quand il a légiféré, parait se désintéresser de
son oeuvre: elle est considérée comme définitive et parfaite.
LAdministration a-t-elle les moyens de lappliquer,
comment le fait-elle, la jurisprudence interprète-t-elle la
volonté du Législateur conformément aux voeux de celui-ci ?
Voilà des questions qui, apparemment ne sont pas posées. Les
lois sont-elles efficaces, satisfont-elles la volonté du
Souverain dans la mesure où celui-ci peut lexprimer?
Je
pense que cest peu de dire quen la matière qui nous
occupe la Société, telle quelle est organisée va
déchec en échec. Je suis obligé de faire ici une
parenthèse pour montrer que je nexagère pas.
Quand
lusage du chèque fut institué, le chèque impayé était
rare, au début.
Une
législation spéciale le punit comme une escroquerie, de cinq
ans demprisonnement et dune amende. Pour bien le
différencier dun billet à ordre ou dune traite, on
exigea que la provision fût constituée avant lémission
du chèque. Ceci était propre à la législation française. En
Grande Bretagne par exemple, il suffit que le chèque soit payé
à la présentation, peu importe la date de constitution de la
provision. Quelques décennies plus tard, en France, les chèques
impayés se comptaient par millions, mettant en péril
léconomie...
En
1950, les malfrats se rendant compte de la supériorité
dun gang équipé dune bonne voiture comme la
11 chevaux sur les moyens des forces de lordre,
mirent au point la technique du hold up importée de
Chicago. Lémotion fut si vive quen 1952, une loi
modifiant le code pénal punit ce crime de la peine de mort,
même sil ny avait pas eu homicide. Quelque
décennies plus tard, il y avait dix hold up par jour
! La peine de mort nest pas dissuasive, surtout lorsque
-comme en lespèce- elle ne fut jamais appliquée!
Jai
eu dans mon cabinet des hommes qui étaient déjà passés deux
fois aux Assises et qui, libérés, avaient commis une troisième
série de hold ups.
Mieux,
les transports de fonds sont attaqués au bazooka et les morts se
comptent à la douzaine dans lannée.
Dans
les années 60 le Parquet poursuivait les pornographes. Mais il
ne se contentait pas du producteur, du réalisateur et du metteur
en scène. Il lui fallait tout le monde, les artistes, les
photographes, les costumiers (?), les décorateurs, de sorte que
lorsque le dossier enfin ficelé arrivait à laudience, les
avocats des inculpés se faisaient un plaisir de montrer que les
faits poursuivis nétaient que des bluettes pour
catéchumènes devant ce qui se faisait au moment de
laudience...
Toute
cette lutte se termina par le classement en XXX et une imposition
fiscale nouvelle...
Longtemps
lusage des drogues dures fut le fait dune élite
desthètes, riches oisifs, intellectuels ou artistes, qui
ne sen cachaient nullement. Peu à peu cette habitude se
démocratisa. Le chanvre ou sa résine fut découvert
par les américains et mis au goût du jour avant de traverser
lAtlantique. Oubliant que le chanvre avait été en vente
libre sans plus dinconvénient que le tabac en Tunisie,
précisément dans les mêmes boutiques et ceci jusquà la
seconde guerre mondiale, oubliant que lalcool avait été
interdit aux USA avec si peu de succès quil avait fallu
mettre fin à la prohibition, les autorités françaises,
comme dautres dont, de nouveau celles des USA, choisirent
linterdiction, avec ce résultat extraordinaire que la
drogue est au jour dhui partout disponible, quelle
assure la fortune du milieu criminel, le malheur et la souffrance
de ceux qui en ont besoin ou du moins le croient, qui sont
obligés de se prostituer ou de commettre crimes sur délits pour
sen procurer, remplissent les hôpitaux et les prisons,
surchargent les services de Police, grèvent lourdement la
Sécurité Sociale, etc. etc. ! Les plus ardents défenseurs de
la prohibition des drogues aux USA comme en EUROPE sont les
représentants des cartels qui entraînent les gens qui croient
de bonne foi défendre leurs enfants sans se rendre compte des
souffrances quils causent! . Alors que si les drogues
étaient médicalisées (non point mises en vente libre, mais
prescrites et administrées par le Corps Médical), leur prix
deviendrait négligeable, leur trafic sans intérêt, leur usage
sans goût etc.
Pourquoi
ne pas essayer? Il semble que certains pays, moins dogmatiques
tentent la chose: Pays Bas, Suisse...
On
ne peut donc pas sétonner que la législation pénale ait
été incapable de maîtriser la croissance inouïe des accidents
mortels ou handicapants sur la route. Ce nest pas faute
davoir mis en place quelques dispositions telles que les
commissions administratives de suspension de permis de conduire,
permis à point, déplacement massif des forces de lordre
sur les routes les jours de grandes migrations.
La
faiblesse du système était ailleurs et nous y arrivons.
LAPPLICATION
DE LA LOI PéNALE PAR LES TRIBUNAUX
La
Révolution avait prévu une peine par délit.
Cela paraîtra bien raide et tous les lecteurs ne seront pas
daccord mais je ne pense que pour les contraventions au
moins et certains délits ce ne serait pas une mauvaise chose.
Cest une erreur de croire que les gens ignorent la loi.
Prévenus, ils seront mieux disposés à ne pas fauter que
sils savent que le juge comprenant tout pardonnera tout.
Jai souvent reproché, très amicalement, à mes collègues
de ne pas tenir compte de la différence de revenus
lorsquils prononcent une amende: une famille au SMIC ne
pourra payer une amende de 500 F sans de lourds sacrifices. Une
amende de 10.000 F au PDG dune marque dapéritifs
anisés qui lance chaque année une campagne de publicité
auil sait PARFAITEMENT ILLICITE est une plaisanterie alors
que les textes permettent daller beaucoup plus loin...à
une telle amende par affiche!
En
sens inverse on dira que mourir écrasé par un R.M.I.ste est
aussi triste que lêtre par un constructeur davions.
Cest dailleurs beaucoup plus fréquent...
La
peine unique obligeait le juge à respecter la volonté de la
loi. Rien nempêchait le législateur de réviser la loi
selon que le but recherché était atteint ou non...
Peu
à peu on a voulu personnaliser la peine.
Jai
posé mille fois la question, personne na jamais été
capable de me dire comment une peine pouvait être
personnalisée, quelle bijection pouvait être établie entre un
trait de caractère et la durée dune peine.
Il
sagit encore une fois dun concept flou et mouvant qui
ne signifie rien et dont on se servira dautant plus
volontiers.
Si
quelquun dentre vous a des idées là dessus, je le
remercie par avance de me les communiquer. En tout cas, je peux
dire que cette personnalisation -jamais motivée dans les
jugements- est la source de toutes les dérives, de toutes les
injustices, de toutes les iniquités!
La
loi pénale ouvre donc la voie à la personnalisation et prévoit
une peine jusquà...N mois ou années
demprisonnement en fixant donc seulement un maximum
ou un minimum et un maximum, avec toujours la possibilité pour
le juge de descendre au dessous sil existe des
circonstances atténuantes. Mais il nest
nullement exigé de dire lesquelles... par ailleurs il est
laissé au bon sens des juges de moduler les peines entre le
maximum et le minimum de la peine prévue selon les circonstances
du délit, de laccident donc, en ce qui nous concerne ici.
Combien
de morts faut-il relever pour atteindre le maximum, prévu par la
loi ?
Mais
sajoutent aussi des faits tels que la situation en
récidive, voire le climat général ...des moeurs.
Comme
les professeurs qui ne notent jamais à 20/20, les juges ne
condamnent que mal volontiers au maximum, dailleurs on
chercherait en vain un guide de la manière de juger. On se
souvient du juge Bridoison qui jouait ses condamnations aux dés
et -affirme Rabelais- navait pas plus de jugements
réformés que ses collègues. Un jour pourtant il se
trompa grossièrement. Il put expliquer quil avait pris par
erreur des petits dés, difficiles à lire !
Il
nen reste pas moins que les jugements dun tribunal,
sur une infraction donnée, devraient être distribués entre le
maximum et le minimum, généralement autour de la moyenne, pour
ne pas employer une formule statistique, avec exceptionnellement
une peine proche du maximum ou du minimum.
Mais
si la moyenne de la peine est facile à calculer, où est la
moyenne du délit ou du crime ?
Dans
ces conditions on pourrait considérer que le voeu du
législateur est respecté, sinon celui du Peuple Souverain. Les
sanctions prononcées, quelles que soient les causes, sont si
souvent uniformes à lintérieur dune même formation
de jugement quon pourrait croire quil sagit
dune peine forfaitaire décidée par les juges.
Le
moins que lon puisse souhaiter est dabord une application
de la loi . Si la fantaisie devait subsister, comme nous
allons le voir, il serait plus équitable que la loi impose des sanctions
forfaitaires, fixes sans possibilité de les moduler.
Ne
pourrait-on envisager aussi, pour les amendes, des jours ou
mois de revenus? Ce serait déjà plus équitable.
La
loi du 12 juillet 87, devant limpossibilité dobtenir
des tribunaux une décision rapide et ferme de suspension ou de
retrait de permis de conduire, a décidé dune disposition
tout à fait exceptionnelle, celle de la sanction de plein droit,
automatique:
-
lorsquil y a alcoolémie en récidive ou refus de se
soumettre aux vérifications,
-
lorsquil y a alcoolémie et homicide ou blessures
involontaires (avec ITT de plus de 3 mois): le permis de conduire
est annulé de plein droit et ne pourra être sollicité à
nouveau avant trois ans. Cétait assurément la
sanction la plus efficace.
Il
resterait à en étendre le champ dapplication, comme on
la fait en réduisant le taux limite dalcoolémie.
Est-il
ensuite excessif de préconiser que le juge ne puisse pas
alléguer lexistence de circonstances
atténuantes -sans préciser par un attendu spécial-
lesquelles?
Je
reste cependant persuadé quun jour viendra où une
commission aussi large que possible, comprenant des juges, des
avocats, des professeurs de droit, des informaticiens se verra
confier la mission de mettre au point un logiciel aussi complet
que possible, comprenant sans doute des dizaines, voire des
centaines de questions auxquelles la mission du juge sera de
répondre avec la plus grande précision, avec le concours des
parties et de leurs représentants. Il ne sera plus nécessaire
de motiver le jugement et cest
lordinateur qui rendra la décision.
De
cette manière
- on
sera sûr que tout le dossier a bien été lu et sera pris en
compte,
-
quaucun facteur personnel au juge, même inconscient (il
sagit du facteur et non du juge) ninterviendra.
-
que la jurisprudence sera la même, à léchelle nationale.
- il
devrait en résulter un gain de temps considérable au niveau de
la première instance et surtout de la juridiction dappel
car celle ci naura plus quà vérifier la conformité
du jugement avec le dossier. Et une grande équité.
Je
ne pense pas quon puisse refuser cette solution en
invoquant une complexité de la question! Il en existe
dinfiniment plus difficiles qui fonctionnent sans
problèmes!
Pour
illustrer les dérives qui seraient évitées je ne signalerai
que deux constatations:
-
lors de la période dobservation dont les résultats furent
publiés en 1974 javais relevé pendant une semaine
les jugements du tribunal de grande instance de Paris en 1965
(qui juge environ de quart des jugements de la France):
HOMICIDES
INVOLONTAIRES
Le
code prévoyait une peine de 3 mois à deux ans
demprisonnement et une amende de 1000 à 20.000 francs
damende, le double en cas divresse manifeste
(lalcootest nétait pas encore en usage). Les peines
prononcées furent en moyenne de 4 mois avec sursis et 1000 f
damende, pratiquement la peine minimum de prison et le
minimum de lamende...
Une
condamnation à 4 mois demprisonnement ferme avait été
prononcée. Elle fut réformée par la cour dappel qui
accorda le sursis.
Pour
la semaine observée il ny eut pas de conduite en état
divresse, les Parisiens seraient-ils sobres?
Dans
les années 70 les peines prononcées avaient encore diminué et
des peines de UN MOIS DEMPRISONNEMENT AVEC SURSIS ET
MILLE FRANCS DAMENDE éTAIENT FRéQUEMMENT PRONONCéES.
Il
arriva quune Mère qui avait perdu sa fille de 20 ans tuée
par un chauffard ne put supporter de voir le coupable puni si
légèrement ( peine amnistiable le 14 juillet suivant) et
entreprit décrire partout, aux autorités, aux journaux,
au tribunal. Cela neut pas lheur de plaire au
substitut auquel elle sadressa. Il la renvoya proprement à
ses tâches ménagères, lui expliquant rudement que la justice
nétait pas son affaire. De quoi se plaignait-elle donc? Le
coupable avait été jugé, et par des pros!
De
quoi se mêlait-elle donc!
Comment
a-t-il été possible quune telle fracture existât entre
les citoyens et les magistrats auxquels la justice était
déléguée? Le garde des sceaux, les députés, tous étaient au
courant..Ils levèrent les bras au ciel....
Une
dernière mesure, propre à dissuader les mauvais conducteurs, à
soutenir lindustrie automobile et finalement à sauver des
vies serait la confiscation de véhicule mis en cause ou du
remboursement quen aurait fait lassureur.
BLESSURES
INVOLONTAIRES ayant entraîné une incapacité temporaire supérieure
à trois mois
- le
code pénal prévoyait une peine de quinze jours à un an
semprisonnement ET
une
amende de 500 à 15.000 francs damende, le double sil
y avait alcoolémie.
Trente
six affaires furent évoquées pendant la semaine
dobservation. Pour 21 affaires, la sanction fut une amende
de 200 à 1.500 f damende seulement et pour les quinze
autres la sanction fut en moyenne de sept semaines
demprisonnement avec sursis et 750 damende. Il
ny eut pas demprisonnement ferme ni daffaire
avec alcoolémie. Toujours cette sobriété parisienne.
CONDUITE
AVEC IVRESSE (sans accident corporel)
La
conduite dans ces conditions était punie dun
emprisonnement dun mois à un an et dune amende de
500 à 5.000 francs OU de lune de ces peines
seulement.
Ces
affaires furent relativement nombreuses devant le tribunal de
PARIS pendant la semaine dobservation, au total 63
affaires, les Parisiens ne blesseraient-ils quà jeun?
Dix
infractions furent punies dune amende seule de 500 à 2.000
f.
Quarante
quatre furent punies dune peine comprise entre 8 jours et
six mois demprisonnement avec sursis (moyenne 2 mois et 750
f damende).
Neuf
enfin furent punies dune peine demprisonnement ferme
de 15 jours à 8 mois ( moyenne 3 mois fermes et 600 francs
damende).
On
ne peut manquer de sétonner que ces conducteurs qui
avaient bu mais navaient causé aucun accident ni mortel ni
simplement corporel furent punis plus sévèrement et pour
certains beaucoup plus durement que ceux qui avaient tué ou
blessé !
LE
REGLEMENT DES CONTRAVENTIONS
La
démocratisation -fort heureuse au demeurant- de
lautomobile, ne permet plus de régler le problème des
contraventions comme le prévoyait le Code reprenant la grande
Ordonnance! A quoi sert la comparution personnelle, avec citation
par huissier, la condamnation publique, la signification du
jugement etc. Dautant que la population de plus en
plus mobile, au domicile incertain (chez un copain qui habite
chez une copine), la lenteur de la Justice rend le
résultat de tout ce foin plus incertain. Ce qui
convenait à un grappillage de récolte, avec ou sans panier,
jugé
par le juge de paix du canton devant toute la paroisse, devient
tout à fait suranné pour juger des dizaines de millions de
contraventions dont quarante pour cent ne seront jamais payées!
Les contraventions coûtent à lEtat au lieu de lui
rapporter, immobilisent dans les commissariats du personnel qui
serait mieux employé sur les routes, du personnel dans les
greffes alors que les jugements ont du retard, etc.
Une
bien modeste réforme a été mise en place avec le règlement volontaire
dans un court délai dune amende forfaitaire. Cest
tout à fait insuffisant.
Tous
les pays modernes, plus pragmatiques que la France, ont mis en
place un règlement immédiat de lamende, avec
immobilisation du véhicule en cause sur place jusquau
règlement et transport éventuel à la fourrière, aux frais du
contrevenant en cas de défaut de règlement. Le seul fait
davoir à se munir de 1.000 ou 3.000 francs (152,45 ou
457,35 EUROS) avant de prendre la route, davoir à craindre
daller chercher cette somme à 300 ou 500Km en cas de
déplacement lointain, rendrait la plupart des conducteurs
attentifs aux obligations du code.
Léconomie,
le gain de temps, de travail serait immense. La rapidité de la
sanction la rendrait infiniment plus efficace et redoutée.
Toutes les amendes seraient payées. Bien entendu, le
contrevenant qui estimerait avoir des motifs sérieux de
contester la contravention, conserverait le droit de faire juger
son affaire en la portant lui même devant le tribunal...
Il
sagit vraiment de dé-scléroser la procédure, de rendre
les policiers et les juges à leur travail ! Javais écrit
cela en 1965, il y a 35 ans...
LA
REPARATION DES DOMMAGES CAUSES PAR LES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Nous
avons vu que dans les années 70-80 la sanction de
lhomicide involontaire parfaitement constitué, était
souvent symbolique: un mois demprisonnement avec sursis
(rapidement amnistié) et 1000 francs damende.
Les
sanctions qui viennent dêtre annoncées pour des homicides
involontaires tout aussi constitués qui ont récemment fait
lobjet de lactualité routière montrent quil
ny a guère eu de changement: quelques mois
demprisonnement avec sursis, quelques milliers de francs
damende...
Il
est tout à fait possible que dans lesprit de certains, ces
peines soient suffisantes pour sanctionner la faute et quun
mois de prison, voire deux ou trois, avec sursis bien sûr soit
le prix à payer pour une vie perdue et une famille détruite.
Est-ce lopinion de la majorité? Cette majorité
sest-elle exprimée? En attendant, comment est faite
ladéquation de la peine légale à la peine prononcée?
Jen ai parlé plus haut, je ny reviens pas.
Mais
la peine na-t-elle pas aussi un rôle dissuasif ?
Pouvons
nous considérer quil est rempli?
Depuis
la plus haute antiquité tous les législateurs ont prévu que le
coupable devrait réparer les conséquences de sa faute:
dabord vie pour vie, puis oeil pour oeil et dent pour dent
et cétaient sans doute les sanctions les plus sévères
mais aussi les plus efficaces. Cétait déjà un
adoucissement souvent mal supporté par les victimes, car avant
la loi du talion, cétait toute la famille, voire la tribu
du coupable qui était mise à mal ! Toujours lorsque le coupable
était condamné à mort il avait la possibilité de payer le
prix du sang et échappait ainsi au châtiment. Mais il arrivait
souvent que les victimes refusaient de recevoir ce prix montrant
ainsi que leur douleur navait pas de prix et quelles
étaient désintéressées.
Le
système de réparation mis en place repose sur deux idées
directrices:
-
tous les dommages touchant la personne doivent être réparés,
-
tous les conducteurs sont sensiblement équivalents en risques
potentiels.
La
couverture de la responsabilité civile de tous les conducteurs
doit donc être assurée par une assurance obligatoire dont le
coût varie peu ( rarement plus que du simple au double). Un fond
spécial couvrira les conducteurs qui pour raison ou une autre ne
seraient pas assurés. Il ne devrait donc pas y avoir de victimes
non dédommagées et cest une bonne chose.
- Il
existe entre tous les conducteurs une solidarité qui résulte de
leur équivalence en matière de conduite: deux exceptions
a-
les jeunes provoquent plus daccidents pendant les
premières années de conduite,
b-
ceux des conducteurs qui ont passé le cap de la conduite jeune
et nont pas daccident bénéficient dun bonus
alors que ceux qui en ont sont frappés dun malus.
Ces
deux exceptions sont des erreurs
- La
distribution de leffectif des conducteurs déclarés
fautifs ne permet pas de mettre en évidence une dangerosité
particulière des jeunes. La surprime qui leur est imposée est
injuste. Ce nest en réalité, quune augmentation de
tarif qui cherche à se justifier.
-
Tout ce qui précède montre quil existe des conducteurs
dangereux, en minorité, et des conducteurs qui ne le sont pas.
Le
système actuel a pour but de faire payer les bons conducteurs
pour les mauvais. Ceci est dautant plus paradoxal que
souvent les bons conducteurs seront les victimes des mauvais!
Le
cercle est ainsi bouclé: le mauvais conducteurs nest puni
que symboliquement, il ne répare pas les dommages quil a
causés. Les autres meurent et paient!
Plus
grave encore, il nest privé de permis que trop rarement et
trop brièvement.
Deux
mesures paraissent urgentes:
- il
faut étendre très largement les cas où la suspension,
linterdiction de conduire seront prononcées
nécessairement;
- le
coupable de blessures ou dhomicide involontaires devra
rembourser les sommes versées pour lui, lassurance
nayant pas dautre objet que de faire lavance
des réparations. Ce qui permettra peu à peu de diminuer les
primes et de faire comprendre aux auteurs daccidents
quils ont vraiment commis un fait grave.
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