LES ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

E.M. FONTAINE

 

 

Nommé juge d’instance au tribunal de Poissy en 1962 après son retour de Tunisie où il était détaché au tribunal immobilier, l’auteur est confronté au phénomène des accidents de la circulation dans leur aspect pénal. Il découvre avec surprise la gravité de la situation. Dans l’article qui suit dont nous ne reproduisons que la seconde partie, il décrit d’abord le coût de la prévention (Policiers et Gendarmes affectés de jour et de nuit à la surveillance des routes de l’arrondissement), celui des soins (hélicoptères, ambulances, gardes médicales) et enfin quelques mois plus tard le flot des dossiers qui arrivent tant au tribunal de Versailles (décès et incapacités supérieures à trois mois) ou de Poissy (incapacités inférieures à trois mois). Appelé souvent à siéger aussi au tribunal de grande instance de Versailles ou de Pontoise, il constate que la nature et les circonstances des accidents sont les mêmes. Un accident léger peut avoir, par malheur, des conséquences fatales, une faute très lourde et un choc violent peuvent n’avoir, par chance, que des conséquences très légères.

Il prend conscience qu’un accident de la circulation est un événement qui peut être étudié comme tout autre événement physique car son observation est faite par de nombreux observateurs, professionnels de qualité, à plusieurs niveaux : Policiers et Gendarmes d’abord qui entendent les personnes mises en cause, les témoins, relèvent les traces et dégâts. Puis membres du Parquet du Procureur de la République, parfois Juge d’instruction, Experts. Les parties sont assistées d’Avocats, discutent le dossier et enfin l’affaire est jugée devant une juridiction à deux degrés. Il y a donc une foule d’intervenants, indépendants les uns des autres.  

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Vers la page3>

Des faits aussi sérieusement observés peuvent donc faire l’objet d’une recherche statistique...

On peut, avec une bonne certitude, déclarer que tel conducteur était responsable de l’accident, que tel autre a été une victime sans faute. Une erreur est toujours possible, mais il en est de même en laboratoire où il arrive aussi qu’une observation soit fautive ou qu’une déduction soit erronée.

Cet article fut d’abord publié en 1965, notamment dans la Revue Automobile et l’auteur eut l’honneur d’être invité au Ministère des Finances par M. Poniatowsky alors directeur des Assurances pour développer son travail. Celui ci fut repris et mis à jour et publié dans la revue de la Société de Criminologie Moderne, “pour une criminologie expérimentale” en Octobre 1978. La SCM avait été fondée par l’auteur lorsqu’il découvrit que des statistiques sérieuses manquaient à la criminologie française et faute d’avoir pu se faire entendre par le Ministère de la Justice.

Les choses n’ayant pas tellement changé, nous reprenons une fois de plus cet article qui n’a pas perdu de son actualité, c’est le moins que l’on puisse dire!.  

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.......

L’ACCIDENT DE LA CIRCULATION

        Le mot même d’accident contient une idée très forte de hasard qui vient de son origine en latin.

L’accident est certainement aléatoire dans la mesure où celui qui en est victime ne savait pas ce qui allait lui arriver, ni où ni quand et dans la mesure où celui qui le cause n’a en tout cas pas choisi le moment ni la victime. Mais cela ne signifie nullement que l’accident soit inéluctable ni que tous les conducteurs soient égaux en incompétence, maladresse, ignorance  ou dangerosité.


La circulation est une action raisonnée et codifiée.  Chaque conducteur doit savoir ce qu’il peut et doit faire. Il a l’obligation de faire connaître ses intentions avant de les réaliser  et il a la légitime conviction que les autres vont aussi respecter les règles qui leur sont communes.

Nous savons aussi que nulle action n’est jamais exécutée parfaitement. Un ouvrier maître en son art manque un certain nombre de pièces. Un satellite qui a coûté des milliards  tombe en panne malgré les précautions prises et les joueurs de base-ball, activité importante entre toutes, font l’objet de statistiques savantes quant à leurs réussites.

Ne serait-il donc pas prudent, lorsqu’on est au volant de prévoir les fautes des autres conducteurs en conservant une large marge de manoeuvre avant d’arriver par exemple à un croisement où l’on est prioritaire ou au sommet d’une côte etc. etc.? Mais si cette obligation d’éviter l’accident était retenue, la victime sans faute d’un accident ne serait-elle  pas ainsi amenée à partager la faute de son agresseur, comme la jeune fille qui va danser avec des inconnus ou accepte en toute innocence d’aller voir les estampes japonaises de son professeur...? Et ne peut-on pas soutenir aussi que la victime d’aujourd’hui est l’agresseur de demain et inversement?   

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Page suivante N’oublions pas non plus que si l’accident est un événement aléatoire, au moins en ce qui concerne la victime sans faute, sa fréquence sera liée à la présence de celle ci sur la route. Nous reviendrons plus tard sur ces inconnues.

Pour répondre à ces objections nous pouvons dire que lorsque un très bon conducteur réussit à éviter un accident (il y en a sans doute plus qu’on ne le croit) tout se passe comme s’il était resté chez lui. Mais du point de vue de la statistique, si l’accident s’était produit, un conducteur agressif (et sa voiture) de plus serait dénombré ainsi qu’un conducteur sans faute (et sa voiture). Le résultat de la recherche que nous menons ne serait guère différent.

 

 

Les véhicules   

Nous pensons que les modèles et les marques définissent bien les types de voitures. Nous les retiendrons donc pour un classement. Bien que l’entretien d’un véhicule varie beaucoup d’un propriétaire à l’autre, l’âge, la nature ou la durée du service paraissent être des  facteurs importants d’usure à prendre en considération pour un classement des véhicules.

Les conducteurs

Il serait intéressant de mieux les connaître en les classant par âge et par sexe, c’est ce que nous avons décidé de faire. Dans le début des années 60, les alcoomètres n’étaient pas en usage et seule l’infraction “ de conduite en état d’ivresse” était relevée. Il semble que le personnel des forces de l’ordre était parfaitement entraîné pour reconnaître un état d’ivresse et qu’il verbalisait avec modération car lorsque les alcoomètres furent mis en service, la fréquence de la conduite sous l’empire d’un état alcoolique fit un bond spectaculaire !  

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La méthode employée       

Dépourvu de tout moyen matériel pour effectuer des sondages (comme fait par exemple l’INSEE, j’avais pensé que je disposais des moyens de connaître les voitures et les conducteurs présents sur la route en exploitant les dossiers à ma disposition.

Il me paraissait que je pourrais connaître les voitures et leurs conducteurs présents sur la route (et non pas les voitures immatriculées et les conducteurs titulaires du permis de conduire) en analysant les effectifs révélés par les jugements définitifs qui avaient clôturé l’examen des accidents de la circulation survenus dans les trois cantons de la juridiction de Poissy de Juillet 62 à Juin 64.


Supposant que l’accident ne pouvait être considéré comme certainement aléatoire que pour les véhicules et les conducteurs impliqués sans aucune faute, je n’ai retenu que ceux là pour définir la population présente sur la route par rapport au parc immatriculé; le nombre des personnes titulaires du permis de conduire -et conduisant même de temps en temps-  étant inconnu.

Autrement dit, j’ai considéré que les conducteurs et les voitures impliqués sans faute avaient été tirés au sort parmi toutes les voitures en circulation comme sont tirées au sort les boules extraites d’un grand sac par une main aveugle.

Il apparut d’ailleurs très rapidement que la population des conducteurs sans faute et de leurs voitures était très différente de la population des conducteurs déclarés fautifs.

Une réserve s’imposait: la circulation dans la région de Poissy était-elle représentative de la circulation sur le territoire français métropolitain? Etait-il même imaginable de une moyenne qui serait représentative de la circulation sur le territoire national?

Un événement inattendu leva le doute et me donna l’assurance que je pouvais continuer. En effet l’INSSE, avec le concours de tous les Gendarmes et Policiers de France, avait fait observer les routes de jour comme de nuit, pendant toute une semaine et quelques jours de fête habilement choisis et avait pu en déduire la composition du parc circulant, conducteurs et véhicules.

Cette analyse fut concordante à un pour cent près avec la mienne ce qui prouvait que les deux étaient excellentes car la probabilité d’obtenir deux résultats semblables par des voies aussi différentes était très faible...Il faut tout de suite souligner que si cette concordance établissait que -par chance- les accidents qui s’étaient produits (au moins pendant cette période 62-64) étaient représentatifs de la circulation sur le territoire français, cela impliquait aussi que les accidents de la compétence du tribunal de Poissy ( incapacité de travail inférieure à trois mois) étaient aussi (très probablement) représentatifs des accidents ayant provoqué un décès au moins ou une incapacité de travail supérieure à trois mois. Nous reviendrons sur cet aspect des choses.  

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Je pouvais dès lors calculer par catégorie de voitures, la composition du parc circulant par rapport au parc immatriculé et l’indice de circulation des voitures ( rapport parc circulant sur parc immatriculé) pour la période 62-64. Je donne ces détails en espérant qu’un de nos adhérents ou lecteurs voudra bien reprendre le flambeau et procéder au même travail pour la période actuelle. Il est certain que les assureurs disposent dans leurs archives de véritables gisements de données dont ils pourraient tirer les renseignements les plus utiles...

Je reproduis donc ci dessous les chiffres obtenus à partir de mon échantillon extrait des accidents de la circulation portés à la connaissance du tribunal de Poissy en 1962-1964

et devenus définitifs. />

 

 

DISTRIBUTION DES VéHICULES IMPLIQUéS en fonction de leur puissance

Catégories                   .Parc immatriculé            Parc circulant            .          indice de circulation

jusqu’à 2 CV               12,7%                          18,7%                          1,47

3 à  5 CV                    31,7%                          35,4%                          1,11

6 à 7 CV                     25,2%                          16,6%                          0,65

8 à 10 CV                   13,8%                          12,5%                          0,90    

11 CV et plus              16,6%                          16,6%                          1,00  

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L’AGRESSIVITé ET L’INDICE D’AGRESSIVITé

 

A- DES VOITURES

Pour les besoins de l’analyse nous allons examiner séparément les voitures et les conducteurs mais on ne peut ignorer qu’ils constituent un couple. Il y a les achats “coup de foudre” et les achats “de raison”. On ne peut ignorer que certaines voitures sont plus difficiles à conduire que d’autres mais le juge ne peut admettre cela comme une excuse. Bien souvent un conducteur invoquera la difficulté d’un parcours, la nuit, la pluie ou le brouillard pour expliquer l’accident. Ce sont en réalité des circonstances aggravantes, le conducteur n’ayant pas su ou voulu adapter sa conduite aux circonstances. Il est regrettable qu’une analyse semblable à la nôtre n’ait pas été conduite depuis sur les mêmes bases, mais dans une région nettement différente ou récemment, alors que tous les modèles de la décennies 60-70 ont disparu.

Deux remarques capitales doivent cependant être faites:

- la populations des conducteurs agressifs n’est pas homogène. C’est assez évident: il y a les alcooliques, les fous de vitesse, ceux qui voient mal, ceux qui passent leur temps à lutiner leur passager(e), à se disputer avec leur belle-mère, à corriger les gosses et maintenant à téléphoner!

- il y a un couple qui se forme, conducteur-voiture. Parmi les sous-populations de conducteurs que je viens d’énumérer, le fou de vitesse ne choisira pas la “deuche”, et celui qui a une famille nombreuse préférera une grosse voiture, fut-elle d’occasion et un peu fatiguée, etc.

En l’état il n’est donc pas possible, sans une étude difficile, de dire ce qui revient aux véhicules ou aux conducteurs dans la responsabilité des accidents. D’autant que le mauvais conducteur n’en provoque pas un chaque fois qu’il prend le volant...

Il est donc intéressant de connaître ce que nous appellerons l’indice d’agressivité des voitures selon leur type, en quittant les voitures impliquées sans faute de leur conducteur, pour calculer le rapport de leur présence dans le parc “agressif” en %  sur leur présence dans le parc circulant en %. Nous avons trouvé:

2 cv....................0,4

3 à 5 cv..............0,8

6 à 7 cv..............1,7

8 à 10 cv............0,9

11 cv et plus......1,1

les variations sont si nettes qu’elles confirment mon raisonnement. Le résultat sera encore plus assuré lorsque nous examinerons le rôle des voitures selon leur âge.

D’ores et déjà il faut remarquer que c’est la catégorie 2 CV qui circule le plus et qui provoque le moins d’accident et la catégorie 6, 7 CV qui roule le moins et qui est la plus dangereuse!  

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- distribution des voitures en fonction de leur âge:

j’ai comparé les voitures, par année d’âge, selon leur présence dans le parc “agressif”


et dans le parc “circulant” et fait le rapprochement avec le parc “circulant” estimé par l’INSEE au 31/12/63 (au milieu de la période d’observation) pour les 5, 10, 15 ans.

 

Age                             .Parc agressif             .Parc circulant                       Parc carcans

1                                  5,3                               7,3                                          

2                                  21,8                             21

3                                  11,8                             16,8(change de prop.?)

4                                  8,8                               14,7

5                                  12,7                             8,4 (nouveau change.prop.?)

total partiel                               60,4                             68,2                             67,9

 

6                                  2,9                               4,25

7                                  2,4                               4,25

8                                  5,9                               4,25

9                                  8,3                               4,25

10                                5,9                               4,25

total partiel                               25,4                             22,2                             25,6

11                                2,4                               2,1

12                                3                                  2,1

13                                -                                  -

14                                3,5                               2,1

15                                -                                  2,1

16                                2,4                               -

19                                0,5                               -

26                                1,2                               -

total partiel                               14,1                             9,4                               6,5      

la concordance du parc circulant que j’ai trouvé avec celui de l’INSEE est excellente pour les voitures de cinq ans et moins, moins bonne pour les dix ans et moins et n’existe pas pour les plus de dix ans. La cause de la discordance vient-elle du mode d’évaluation ou plus probablement d’une différence du parc entre la région parisienne et l’ensemble du            territoire français?

Des remarques importantes doivent être faites:  

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- les voitures changent rapidement de mains dès la première année. Une étude du comportement des conducteurs devrait impérativement être conduite.

- l’effectif des voitures du parc agressif, comme celui des mauvais conducteurs diminue régulièrement d’année en année et beaucoup plus vite que celui des voitures et des conducteurs “sans faute”. L’explication concernant les voitures vient rapidement à l’esprit: chaque accident précipite l’élimination de la voiture... Hélas, la même explication vaut pour les conducteurs agressifs qui disparaissent beaucoup plus tôt que les autres de la route: la confirmation de cette hypothèse en sera donnée plus loin. C’est triste mais conforme au bon sens.


Les tableaux que j’ai établis ne représentent que les effectifs mis en cause et leurs valeurs relatives. Mais nous ne connaissons pas le nombre des voitures mêlées à un accident au cours d’une année et détruites ou en tout cas retirées de la circulation, ni celui des conducteurs qui ont laissé la vie par leur propre faute, parfois sans mettre en cause un autre conducteur. Nous verrons plus loin,  à propos de l’alcool, que ce nombre est loin d’être négligeable. Pourtant le fait que les mauvais conducteurs et les voitures dangereuses soient retirés de la circulation, d’une manière ou d’une autre ( mort ou infirmité définitive ou retrait du permis, en ce qui concerne les conducteurs, envoi à la casse des voitures) est bien en accord avec l’hypothèse qu’ils constituent une population différente de celle constituée par les conducteurs sans faute. Il est rassurant que ce résultat soit conforme à la logique.  

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Nous pouvons encore tirer des conclusions intéressantes de ces faits qui confirment que parc agressif et parc circulant ont une composition très différente quand on les analyse en fonction de l’âge, ce qui laisse présumer que le comportement de leur propriétaire a changé...ou plus probablement que le propriétaire a changé. En effet                                    

1- les voitures de 5 ans et moins qui constituent  68,2  % du parc circulant ne causent au total que 60,4% des accidents,

2- la différence est encore plus nette pour les voitures de 3 ans et moins: présentes pour 45,1% elles ne causent que 38,9% des accidents,

3- et pour celles de 4 ans et moins qui, présentes pour 59,8%, ne sont impliquées que dans 47,7%.

La première année les conducteurs paraissent relativement prudents.

La seconde année ils le sont moins.

Lors de la troisième et quatrième année les conducteurs sont de nouveau très prudents, mais au cours de la cinquième ils redeviennent franchement très agressifs.

Un schéma représente ces variations plus facilement que les mots:

Si la mise en circulation des VéHICULES était constante au fil de l’année, et au fil des ans, ce qui n’est pas exactement le cas, nous pourrions dire que l’effectif des voitures de première année représente un semestre entier d’immatriculation, l’effectif des années suivantes représente au contraire l’immatriculation annuelle.

Si un semestre d’immatriculation faisait apparaître 7,3% du parc circulant, pour la première année, les années suivantes devraient fournir environ 14,5% de l’effectif.

Or nous trouvons un net excédent pour les voitures a 12.0pt;mso-ansi-language:FR">

Il y a (au moins) deux explications:

- les voitures récentes roulent plus et leur utilisation diminue au fil des ans,

- pendant les deux premières années l’AGRESSIVITÉ est proportionnelle à la présence sur la route

- pour les voitures de 3 et 4 ans, cette AGRESSIVITé diminue,

- elle augmente à nouveau pour les voitures de 5 ans et restera élevée jusqu’à l’élimination des vieilles voitures. 

En fait, notre étude est incomplète. ( Le lecteur de l’an 2000 nous pardonnera si nous lui rappelons qu’il y a 40 ans le chercheur ne disposait pas d’ordinateur, que les calculettes ne faisaient que les quatre opérations, et que nous calculions les variances avec une table de logarithmes...Ajoutez à cela une certaine paresse...peut-être une fatigue...une surcharge de travail... )

 Si un chercheur acceptait de la recommencer, il ne devrait pas oublier de faire apparaître le véhicule (type, ancienneté, véhicule de première main, possédé depuis combien de mois etc.) utilisé par chaque conducteur, la faute qui lui est reprochée, en faisant bien apparaître l’âge du conducteur, l’ancienneté de son permis et -nous verrons plus tard pourquoi- son casier judiciaire, sans oublier, bien sûr, s’il y avait aussi alcoolémie, en précisant le volume d’alcool trouvé à l’analyse et le temps écoulé depuis la dernière prise... Il devrait de même entrer dans son PC le maximum de données, notamment  rechercher le nombre des voitures immatriculées encore en circulation pour bien faire apparaître que le nombre des conducteurs agressifs (à l’échelon national) se calcule en dizaines de milliers  alors que celui des conducteurs sans faute se calcule en centaines de mille, voire en millions.  

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Tous les titulaires du permis ne conduisent pas, quelques uns ont plusieurs voitures, d’autres se contentent de les voler, mais on pourrait supposer sans grand risque que le nombre des conducteurs (qui conduisent habituellement) est égal au nombre des voitures immatriculées.

Comme nous le verrons plus loin, la proportion des conducteurs en état d’imprégnation alcoolique permanent est de l’ordre de 2,5% du nombre des conducteurs présents sur la route. Il monte à 40% parmi les conducteurs fautifs contrôlés, mais un nombre important échappe au contrôle (décès lors de l’accident, impossibilité de procéder au prélèvement). Nous pouvons donc parler de 50% de l’effectif agressif véritablement imprégné soit une concentration de vingt fois par rapport à l’effectif circulant sans commettre de faute. Si nous retenons en très large approximation 30.000 accidents corporel ayant donné lieu à une analyse de sang, l’effectif des conducteurs sur la route à qui on n’a rien reproché serait donc de 600.000 en permanence. Il s’agit là, faut-il le préciser, d’une moyenne annuelle, à l’échelle nationale. 

 Il apparaît une fois encore, qu’il s’agit de deux populations bien différentes. Ceux là ne font jamais une petite cure de quelques heures d’abstinence avant de prendre le volant. C’est toute la faiblesse des campagnes contre l’alcool de s’adresser à tous les conducteurs. Les seuls qui suivent et approuvent cette propagande ne boivent que peu ou pas du tout. Désormais ils ne le feront qu’en culpabilisant. Quant aux autres ils reprennent leur verre et constatent avec étonnement qu’il est déjà vide. Que faire dans ce cas là?

 

B- DES CONDUCTEURS.

Nous allons employer la même méthode que pour les voitures.

Nous considérerons tout d’abord que les conducteurs impliqués dans un accident et exonérés de toute faute, ont été tirés au sort par les autres et constituent un échantillon de la population des français qui conduisent.

L’ensemble de ceux qui ont été déclarés fautifs constituera de son coté un échantillon de la population des “agresseurs”.

Nous voulons savoir s’il y a une différence entre les deux populations et si oui quelle peut être la cause des accidents.

Nous allons chercher dans quatre directions: le sexe, l’âge, l’ancienneté du permis et l’imprégnation alcoolique du conducteur.  

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Remarque préliminaire.

La construction en série des automobiles permet de considérer qu’elles sont identiques dans une très large mesure, modèle par modèle: il n’en est pas de même, assurément, pour les conducteurs.

Le fait qu’une catégorie d’individus se distingue des autres, qu’une corrélation apparaisse par exemple entre le sexe et la fréquence des accidents doit être interprété avec infiniment de prudence. Par exemple, nous allons voir qu’à présence égale sur la route, les femmes provoquent moins d’accident que les hommes. Mais peut-on affirmer qu’elles conduisent dans les mêmes conditions? Souvent les mères de famille conduisent entre leur foyer et le super marché et en plus les enfants sont à bord!!! Mais au départ en vacances, le macho de mari prend le volant même s’il est fatigué.  Quoiqu’il en soit, il est établi que les femmes qui conduisent des taxis parisiens ont moins d’accidents que leurs collègues masculins.

Une telle analyse devrait être d’une finesse extrême: que faire des mères célibataires, de ces jeunes femmes cadres supérieurs qui gagnent les salles des conseils d’administration en agitant des masses impressionnantes de cheveux aux coloris lumineux etc.

 

Les échantillons étudiés


J’avais constitué les échantillons suivants:

1- la population présente sur la route et “désignée” lors des accidents venus à la connaissance du tribunal de Poissy en 62-64.

2- la population des conducteurs auteurs d’accidents avec mort ou incapacité supérieure à 3 mois ( à l’exclusion des conducteurs en état d’ivresse) venus devant le TGI de Pontoise en 1968.

3- la population des conducteurs sans faute désignée par les accidents venus à la connaissance du TGI de Pontoi

se en 1968.

4- les auteurs de ces derniers accidents y compris les conduite en état d’ivresse  ou sous l’empire d’un état alcoolique jugés par le TGI Pontoise 68.

5- les personnes condamnées en 1965 par le TGI de Paris pour conduite en état d’ivresse.

6- les suspensions de permis de conduire prononcées par le TGI Paris de 1975 à 1977.  

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Les conducteurs sans faute (Pontoise 68)

Se                    1q                    1xe

Ce sont eux qui nous serviront de référence

leur population se compose ainsi: hommes   90,35%

      Femmes            9.65%

Alcool

hommes 1,75%

femmes  0%

 

Age

minim.     Maxim.     Moyenne  Q1     Q2     Q3     s        

hommes            20                    66                    36,8                 27            37            45            12

femmes            25                    63                    42,9                 31            40            53            12,25

 

Ancienneté du permis en années

min.                   Max.               Moyenne     Q1            Q2            Q3            sigma

hommes            1                      31                    9                      3            7            15            7,1

femmes            2                      28                    11,12               4            11            14            7,9

 

 

 

les conducteurs fautifs                                                    

sexe:

hommes      95,6%

femmes            4,4%

 

sous l’empire d’un état alcoolique

hommes      24,54%

femmes         0

 

Nous pouvons maintenant rapprocher l’échantillon des hommes condamnés pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique à Paris en 65, Pontoise en 68 (sans accident) et des suspensions de permis de conduire à Paris de 75 à 77.  

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Distribution en fonction de l’âge:

minim.            Maxim.            Moyen.         Q1            Q2            Q3             écart.                 

Alc.Paris 65            24                    69                    38,8                 31            37            43            10,2

Alc.Pont. 68            21                    71                    38,2                 32            38            45            10,47

Susp. permis

Paris 75-77            21                    69                    39,6                 29            39            47            11

 

Essai d’interprétation

- le sexe des conducteurs:

les femmes qui n’ont pas provoqué d’accident ont commencé à conduire plus tard que les hommes mais conduisent plus longtemps. Au cours des années d’observation, elles étaient moins nombreuses que les hommes, mais ce sont les femmes les plus motivées qui avaient leur permis.

-la conduite sous l’empire d’un état alcoolique était inconnue chez les femmes.        

La reprise de cette étude en 2000 ferait sans doute apparaître une plus grande ressemblance entre les populations d’hommes et de femmes. C’est assurément dommage!

Observation de l’alcoolémie (il ne s’agit que des hommes) :

La comparaison des trois échantillons (qui ont été prélevés de 1965 à 1975) que nous venons de faire, montre à l’évidence qu’ils ont été extraits d’une même population: rappelons que les conducteurs de ces trois échantillons n’avaient pas provoqué d’accident mais seulement conduit après avoir bu sans modération.

Une fois de plus nous ne pouvons que regretter de ne pas savoir si ces conducteurs arrêtés sans avoir commis de faute autre que d’avoir de l’alcool dans le sang étaient des alcooliques permanents ( présence de gamma GT et de macrocytose dans le sang) ou des alcooliques d’occasion.

 

Nous devons maintenant rappeler le résultat obtenu à Pontoise en 1968: “24,54% des conducteurs impliqués avec faute étaient sous l’empire d’un état alcoolique” pour le rapprocher de celui avancé par M. le professeur GOT ( stage de l’AREAT du 20 Sept.1978 sous la présidence de M. le professeur LORRIAUX) : “36% des conducteurs ayant provoqué un accident mortel ou corporel et qui ont été amenés à l’hôpital de Garches ( par ce qu’ils étaient eux mêmes blessés gravement, note de l’auteur) étaient sous l’empire d’un état alcoolique”.  

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Il convient de rappeler que ce dernier résultat fut accueilli avec un tel scepticisme et une telle indignation de la part du lobby de l’alcool qu’une nouvelle étude fut conduite, non point seulement dans les limites d’intervention de l’hôpital de Garches mais à l’échelle de la France entière.

La moyenne nationale obtenue fut de 38% mais (ce qui fut une nouvelle surprise et une nouvelle cause d’émotion ) avec des variations extraordinaires:

- la moyenne du Nord-Pas de Calais atteignant 60%


- celle du Midi Pyrénées se tenant à 15%, la région parisienne se situant, comme il avait d’abord été établi à 36 %! Confirmation éclatante de la valeur de la recherche de M. le professeur GOT et de son équipe!

Il faut s’arrêter un instant ici et essayer d’expliciter ce qui vient d’être affirmé:

Chaque jour des accidents mortels ou corporels avec des incapacités de travail          supérieures ou inférieures à trois mois se produisent.

Parmi les morts relevés se trouvent un certain nombre de ceux qui ont provoqué l’accident. Il n’y aura pas de procès pénal puisque l’action publique est éteinte.

Parmi les blessés emmenés à l’hôpital (dont celui de Garches),  certains, malgré les soins éclairés et dévoués qu’ils recevront mourront: en ce qui les concerne, il n’y aura pas non plus de procès. Ils n’apparaîtront plus dans les statistiques autres que du nombre de décès.

Le premier point qui doit être acquis est donc que

- parmi les blessés (qu’ils soient la cause ou la victime d’un accident) transportés à Garches, 36% étaient sous l’empire d’un état alcoolique. M. le professeur dit qu’ils avaient provoqué un accident mortel ou corporel.

Je pense que le professeur avait anticipé sur la constatation de la culpabilité car au moment où le blessé était conduit à l’hôpital le dossier n’était pas terminé. Mais il est rare que dans un accident grave les conducteurs s’en tirent sans blessures. Il y aurait donc excès sur le nombre des fauteurs d’accidents alcooliques. Comme d’autre part les conducteurs fautifs décédés ne pouvaient être conduits à Garches, il y avait un défaut du même nombre...Ceci compensait-il cela?

Nous ne pouvons manquer de rappeler que d’après les calculs faits par ailleurs, il n’y a que 1,75 à  2,5% de conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique parmi les conducteurs sans faute. L’appréciation du professeur Got peut donc être retenue.   

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Nous n’avons pu disposer de la seconde enquête, il ne nous est donc pas possible de la discuter mais une explication très intéressante est possible:

Notre étude des accidents de la route est effectivement incomplète, on nous le pardonnera sans doute en considérant que c’était la première. Si un chercheur veut bien la reprendre, ce n’est pas à partir des dossiers qui arrivent devant un tribunal qu’il faut la commencer, mais à la base c’est à dire à partir des constatations faites sur le terrain par les forces de l’ordre, mais en la suivant jusqu’à sa conclusion. En effet,

- ceux qui, ayant tué ou blessé leurs passagers ou des tiers, mourront sans passer devant un tribunal pénal car l’action publique est éteinte et souvent leur alcoolémie ne sera pas recherchée.

- ceux qui se sont tués sans blesser ni tuer de tiers ne seront pas jugés non plus car l’action publique n’est pas mise en mouvement et l’alcoolémie n’est pas recherchée car elle n’aurait pas d’autre intérêt que statistique.

- ceux qui se sont blessés eux mêmes, à l’exclusion de toute autre personne, et dont l’alcoolémie aura été recherchée seront poursuivis en principe pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique.

Mais un nombre inconnu de conducteurs blessés par eux mêmes après avoir tué ou blessé des tiers ne font pas l’objet d’une recherche d’alcoolémie: il faut d’abord s’occuper des blessés, voire des morts, aucun médecin n’est disponible, quand la prise de sang parait possible elle est inutile car des heures sont passées depuis l’accident etc.  

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Il faut donc exprimer avec force que le nombre des conducteurs ayant conduit sous l’empire d’un état alcoolique et provoqué un accident est très supérieur à celui de ces mêmes conducteurs poursuivis.

Les éléments que nous avons réunis à travers les études que nous avons énumérées permettent d’estimer au minimum à 14% du “parc agressif” le nombre de ces conducteurs:

38 % du “parc agressif” selon l’enquête nationale conduisent avec alcoolémie

          Dont 24 % passeront devant un tribunal

                    14% échapperont à toute poursuite par ce qu’ils sont décédés sans                                 avoir fait d’autre victime qu’eux mêmes ou par ce qu’ils sont                                 décédés avant la comparution devant le tribunal .    

62 % du “parc agressif” n’ont pas été poursuivis pour alcoolémie                        mais certains d’entre eux n’ont dû ce fait qu’aux circonstances                                 de l’accident.

 

 

 

 Parmi les mis en cause dans l’accident d’autres n’ont pas été transportés à Garches soit par ce qu’ils étaient morts, soit par ce qu’ils n’étaient pas blessés, soit par ce qu’ils étaient transportés dans un autre hôpital. Parmi les personnes transportées à Garches comme dans les autres hôpitaux, il y avait même des personnes étrangères à l’accident, transportées ou simplement présentes sur les lieux et blessées.

La proximité des deux valeurs “36 % des personnes transportées” et “38 % des auteurs d’accident” de la seconde étude ne signifient pas la même chose car il n’est pas démontré et il est même probable que les personnes transportées ne constituaient pas un échantillon représentatif de la population des “auteurs d’accidents”.

Alors, combien sont-ils ces conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique? Quand nous le saurons, nous pourrons peut-être nous occuper d’eux...

A plusieurs reprises, comme nous l’avons signalé, nous avons trouvé parmi les victimes sans faute, au moins ce jour là, 2,5  % de conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique.   

  

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C’est à dire 2,5  % de tous les conducteurs qui sont sur la route et constituent ce que nous avons appelé le “parc circulant” et qui ont été “tirés au sort” par les conducteurs agressifs.. Etaient-ils juste à la limite autorisée, tenaient-ils mieux “le coup” que d’autres? Comment le savoir? Il apparaît que comme dans toutes les recherches comportant une limite, il vaudrait mieux porter le chiffre constaté que la mention réductrice de: “pas d‘alcoolémie” “ou alcoolémie positive”. Bien entendu, il faudrait encore corriger la valeur relevée en faisant apparaître la valeur corrigée: il est établi qu’un individu moyen élimine environ 0,6 gramme d’alcool par heure à partir du moment où il a cessé de boire. L’évaluation de l’alcoolémie tiendra donc compte du délai écoulé entre l’accident et la prise de sang. On imagine ce que devait être au moment où il a pris le volant, l’alcoolémie d’un conducteur qui a un accident après trois heures de conduite, la prise de sang intervenant un heure après l’accident!!!

Répétons le encore une fois, puisqu’un échantillon de sang va au laboratoire d’analyse médicale, il est indispensable de rechercher toute macro-cytose et le dosage des gamma GT qui sont caractéristiques d’une alcoolisation permanente.


Et certainement aussi la présence des drogues les plus fréquentes.

Qu’on ne parle pas du coût de telles mesures !   D’abord le prix des analyses sera compris dans les frais de justice payés par le condamné s’il y en a un.  Ensuite, chaque fois qu’un alcoolique sera éloigné de la circulation routière, le gain en vies, à commencer par la sienne propre, sera tellement précieux qu’il est au dessus de toute comptabilité! Quel que soit le coût économique des mesures propres à cette mise à l’écart, il sera inférieur à celui des malheurs que causent les alcooliques. Mais l’urgence des mesures à prendre est occultée par le fait que les frais à engager ne sont pas à la charge des mêmes personnes: les dégâts sont payés par les assurances c’est à dire les automobilistes assurés alors que les travaux, patrouilles de la circulation etc, seront budgétisées. 

Cette valeur de 1,75 à 2,5 % du nombre des conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique fut confirmée avec éclat dans les circonstances suivantes: Lorsque la loi sur l’alcoolémie entra en vigueur, il fut décidé de procéder à des contrôles aléatoires. C’était une décision excellente. Il apparut rapidement qu’à moins de biaiser les échantillons en plaçant les contrôles à la sortie des restaurants et des boites de nuit, on ne trouvait que peu de contrevenants, environ 2 %. Il faut donc bien aller chercher les alcooliques là où ils sont, là où coule l’alcool...  

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---que les alcooliques (d’habitude ou d’occasion) constituent entre 1,75 et 2,50% de la population qui conduit habituellement. Cette valeur est l’élément clé qui doit déterminer toute la stratégie de lutte contre les accidents de la route

---que ces malades peuvent facilement être reconnus par une analyse de sang,

---que ces mêmes malades sont impliqués dans 40 à 50  % des accidents de la circulation.

---que leur interdire de conduire réduirait le nombre des accidents dans la même proportion.

--Ce n’est pas faire preuve d’animosité à l’égard des alcooliques ni de racisme ou de volonté d’exclusion gratuite que ne pas les autoriser à conduire, au contraire puisqu’ils sont eux mêmes les premières victimes de leur faiblesse. Autoriserait-on des personnes qui perdent la vue ou s’endorment brusquement...?

Mais la constatation de la rareté -relative- du nombre des personnes à interdire de conduite permet de les cibler, permet de faire mieux passer les réformes: quand on propose un nouvel impôt, on commence toujours par expliquer qu’il ne sera à payer que par les autres!

- restent les autres conducteurs fautifs que les alcooliques, ils représentent encore  cinquante pour cent de la population agressive. Une grande partie d’entre eux est constituée de récidivistes. Le nouveau code pénal de 1993 a modifié les règles d’application de cette aggravation des peines: le lecteur sourira peut-être si j’écris  que les délais nécessaires pour connaître des affaires survenues après la mise en application du code pénal de 1993 jugées en appel , suivies d’une récidive (dans les cinq ans) et jugées en appel n’ont pas permis une étude suffisante de la manière dont les nouvelles dispositions sont appliquées. Quoi qu’il en soit, on peut craindre le pire.  

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En effet le texte prévoit :


“lorsque la personne a été condamnée définitivement pour un délit, la commission, dans un délai de cinq ans soit du même délit, soit d’un délit assimilé expressément au regard de la récidive, lui fait encourir le double des peines prévues.”

En outre, la récidive de peine contraventionnelle à peine contraventionnelle déjà très limitée dans l’ancien code a été réduite dans le nouveau. Le  code de 93 ne retient de l’ancien que la récidive pour les contraventions de cinquième classe: la commission de la même contravention dans le délai d’un an à compter de l’expiration ou de la prescription de la peine précédente, porte le maximum de la peine d’amende encourue à 20.000 F, si et seulement si un règlement le prévoit.             Une fois de plus nous lançons un appel à nos lecteurs: l’un d’eux a-t-il eu l’occasion d’étudier cette question? Se sent-il inspiré pour le faire?

Pouvez-vous nous signaler des études faites sur le “permis à points”? Sa mise en place avait suscité de très grands espoirs.

    Il semble bien que la meilleure sanction pour lutter contre les accidents commis par les mauvais conducteurs, qu’ils soient en état de réitération ou de récidive légale, soit la suppression ou en tout cas la suspension aussi longue que possible du permis de conduire...

 

COMMENT SE NOUE UN ACCIDENT.

Ni le réseau routier, ni les règles de circulation, ni les véhicules automobiles, ni l’enseignement de la conduite, ni l’état de santé des conducteurs, ni la justice pénale  ne se sont adaptés à la circulation en fonction des changements intervenus dans le domaine de la circulation et de sa démocratisation. 

 

 

 

  I -  LE RéSEAU ROUTIER

Etabli à l’origine pour permettre aux piétons, aux troupeaux, aux cavaliers, aux attelages de bovins comme de chevaux, de desservir tout point du territoire habité ou siège d’une exploitation et de le relier au reste du pays, voire à l’étranger, le réseau fut amené peu à peu à recevoir des engins motorisés de plus en plus rapides, lourds, encombrants, fragiles, comme les puissantes voitures et les voiturettes, les autocars, les énormes camions, les vélos, les motos...

Une départementale est supposée recevoir tout le trafic désiré même quand elle traverse un village qui se trouve coupé en deux par un flot de mille camions par jour. Les vélos et cyclomoteurs se mêlent aux voitures, tracteurs et camions sauf sur les autoroutes. Ce n’est que tout récemment que des voies furent enfin réservées aux transports en commun et aux cyclistes, avec quelle parcimonie pour ces derniers. Déjà les rollers et les trottinettes à moteurs revendiquent le droit de participer au grand ballet de la circulation...

Le grand principe d’accès libre pour tout le monde (sauf sur les autoroutes) peut-il être vraiment maintenu ?    Nous n’essayerons pas de répondre ici mais il faudra bien s’y résoudre en posant, bien sûr et avant tout, le principe de précaution...    Une modification du réseau qui ne se justifiait guère au début du 19°siècle est depuis longtemps urgente: il n’est plus tolérable que des passages à niveau de chemin de fer subsistent...  

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   II -  LES RèGLES DE CIRCULATION

 Il n’est pas possible de nier que le code de la route britannique est supérieur à celui de toutes les nations qui en ont adopté un autre, souvent en abandonnant le premier! La circulation à droite avec priorité à droite pouvait, sur le papier, paraître aussi cohérente; mais sur la route il n’en fut pas de même dès que la circulation s’étant développée, il apparut à certains que si les automobiles ne pouvaient se déplacer rapidement, elles perdraient de leur intérêt. Des axes à circulation rapide furent ainsi privilégiés aux dépens de routes dites “secondaires”. Pour protéger la rapidité, il fallut supprimer la priorité de droite des voies secondaires au profit des axes “rapides” et bientôt inventer le “stop” qui arrête les véhicules qui entrent sur les voies rapides! 

Il est probable qu’une étude sérieuse et approfondie fut conduite avant l’adoption du renversement de la priorité de droite et du stop. S’il était possible à un de nos lecteurs de nous en procurer une copie, nous lui en serions vivement reconnaissant et nous la publierions aussitôt pour appeler vos remarques.

Mais les circonstances ont bien changé depuis: nombre et rapidité des voitures, qualité des revêtements, présence des autoroutes etc. Les raisons de l’adoption du renversement de priorité et du stop subsistent-elles?

Nous nous proposons donc une étude aussi complète que possible sur les points suivants: nombre des points avec renversement de la priorité, nombre de stops sur l’ensemble du territoire. Il ne s’agit pas d’aller les relever mais d’obtenir cette liste du Ministère de l’Equipement, probablement département par département.

Tirage au sort de cent de ces points pour chacune de ces deux catégories.

Pour ces 100 points, mesure de la distance de visibilité, à droite et à gauche. Il est très possible que l’Equipement dispose de toutes ces données et veuille bien les communiquer. Si cette coopération était possible, il suffirait de procéder en accord avec l’Administration au tirage au sort des 100 points.

Accidents survenus à ces points au cours de deux dernières années pleines, avec distinction entre nature des points, que les accident soient mortels ou avec incapacité physique, .mention de l’alcoolémie des conducteurs au moment de l’accident et non du prélèvement.

Circonstances de ces accidents: temps de jour ou de nuit;  les conducteurs avaient ils la possibilité d’une manoeuvre salvatrice? A-t-elle été tentée?

Distinction parmi ces accidents de ceux qui se sont produits sur la voie jouxtant le stop et ceux qui sont arrivés alors que le débiteur de la priorité traversait la première voie pour aller sur la seconde, vers la gauche.

Pour la même période, relevé des accidents de refus de priorité sur le périphérique de Paris. S’ils sont nombreux, tirage au sort de cent accidents (il ne s’agira que des refus de priorité par les véhicule circulant sur le périphérique).  

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Cette étude demandera certainement du temps. Il est possible qu’elle ait  déjà été menée par les Services intéressés.

En l’état, il paraît impossible de suggérer la suppression du stop. Par contre pourrait-on envisager de transformer les stops (obligation de s’arrêter) en simple renversement de la priorité? Il semble que cette politique ait déjà été entamée.


Tout le problème réside dans la difficulté qu’il y a à insérer dans le flot des véhicules qui circulent rapidement un véhicule qui démarre ou se déplace lentement. 

Deux cas se présentent:

- le véhicule débiteur de la priorité se dirige vers la droite.

Considérons une voie sur laquelle la vitesse est limitée à 90 Km H soit 25 Mètres par seconde. Par ailleurs, le temps moyen pour un conducteur arrêté à un stop (mesuré par nous à 20 stops différents) pour atteindre une vitesse de 6o Km h est de l’ordre de 6 secondes en poussant le moteur, à 15 secondes sans se presser) .

Si la limite de visibilité est de 200 mètres vers la gauche et que le conducteur prioritaire entre dans le champ de visibilité à l’instant où le débiteur s’ est engagé,

le conducteur prioritaire rattrapera l’autre à une distance d’environ 30 à 60 M du stop et devra freiner ou doubler, si c’est possible, et la priorité ne lui a servi à rien.

Si le débiteur de la priorité n’est pas obligé de s’arrêter, il peut ralentir jusqu’à 30 Km/H soit 8,3 M/S, en restant en seconde vitesse, négocier son tournant et accélérer ensuite. S’il n’est pas bon conducteur, capable de monter les vitesses rapidement, il ne pourra éviter de gêner toute voiture survenant derrière lui sur la voie prioritaire. Autrement dit, si la vitesse limite est respectée, 200 mêtres de visibilité sont insuffisants même pour des conducteurs attentifs, un temps clair et des voitures en bon état. Si la vitesse n’est pas respectée (120Km/H sont souvent atteints), si le conducteur débiteur est seulement malhabile et son véhicule poussif et surchargé, il faudrait une visibilité de 500 M ! Dès que la circulation est de l’ordre de 3 voitures par minute, peu de conducteurs pourront franchir le stop sans crainte.  

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- Cas du conducteur qui après avoir traversé la première voie se dirige sur la seconde vers la gauche.

Ce conducteur aura plus de temps pour traverser la première voie car il n’aura que 20 ou 30 mètres à parcourir avant l’arrivée d’une voiture venant de gauche, ce qui lui vaudra pourtant des appels de phares indignés de conducteurs qui ne respectent pas la limitation de vitesse et n’envisagent même pas de “lever le pied”.

Par contre, compte tenu de son obligation de virer, il ne pourra pas accélérer beaucoup et c’est autant de temps perdu par rapport au véhicule survenant de sa droite, normalement prioritaire !

Y a-t-il une solution qui permettrait de concilier voies rapides prioritaires et sécurité? En attendant les résultats de l’étude que nous proposons, il semble que des mesures partielles pourraient améliorer la situation:

- suppression des stops et des points de renversement de la priorité, c’est à dire de tout croisement où il passe peu de véhicules, ces derniers étant renvoyés à des croisements aménagés: très bonne visibilité, voies latérales d’accès, traversée en deux temps, passages souterrains, ronds-points voire feux de circulation.

- aménagement des intersections ainsi qu’il vient d’être dit,


- abaissement sur les départementales de la vitesse limite à 75 Km/H soit 21 M/S et même moins si les intersections sont nombreuses. Depuis que les autoroutes ont été créées, bien qu’il en manque encore quelques une, certains automobilistes  utilisent les départementales pour de grands trajets; c’est un choix tout à fait respectable surtout si on aime traverser bourgs, villages et petites villes, mais ce faisant, les usagers ne peuvent prétendre se déplacer aussi vite que sur les autoroutes et il n’y a plus aucune raison d’en faire des voies rapides bénéficiant de priorité.  Certaines voies rapides qui sont des autoroutes déguisées pour demeurer gratuites, devraient retrouver un statut d’autoroutes.

Les autres routes ne servent guère qu’aux dessertes régionales et peuvent parfaitement être parcourues à des vitesses de 70 KM/ H soit 19,5 M/S. Il faut bien se rendre compte que le fait de demander aux conducteurs à chaque intersection “suis-je sur une voie prioritaire ou débitrice de la priorité, ai-je vu un panneau etc.” au lieu de lui laisser seulement une alternative “suis-je à droite ou non?” complique la conduite .  

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Il convient d’ouvrir ici une parenthèse. J’ai parlé plus haut d’installer aux stops des feux de circulation. Cela a pu paraître tout à fait exorbitant. Pourtant ne serait-il pas possible d’installer des feux beaucoup plus simples que ceux qu’on trouve dans les villes: pas de tranchée, pas de minuterie, un simple feu aérien placé au milieu du carrefour et avec quatre faces visibles dans les quatre directions  au moins à 200 mètres. Ce feu ne fonctionne que lorsqu’un véhicule se présente sur une des deux voies secondaires au stop dans les conditions suivantes:

- sur la voie protégée, à 200 mètres du stop, un panneau prévient “attention feu de circulation intermittent”

- sur les voies secondaires, le panneau de pré-signalisation annonçant le stop et le panneau de stop lui même portent la mention “allumez vos phares, avancez jusqu’au feu. Au feu vert dégagez rapidement ”.

- sous le feu de circulation se trouve une cellule ciblant uniquement la zone où doivent s’arrêter les véhicules au stop. Lorsque cette cellule aperçoit les phares d’un véhicule arrêté, elle fait apparaître, sur les deux voies prioritaires jusque là, un feu rouge et après quinze secondes un feu vert sur les voies secondaires qui durera quinze ou 20 secondes, puis le feu  s’éteindra sur les quatre faces. Si un second véhicule se présente avant que le feu s’éteigne, la phase d’allumage se prolongera de 15 secondes.

- à 100 mètres du feu, un panneau rappelle “éteignez vos feux”.

J’ai donné, pour la facilité de la présentation des durées aux diverses phases du processus. Bien entendu, l’expérience permettra de choisir les durées les plus adéquates.

- il est évident que les conducteurs de véhicules non équipés de phares devront se munir d’une torche et viser la cellule...

- Par dessus tout, surveillance du respect de la vitesse limite autorisée.

 L’excès de vitesse est -dans l’esprit du législateur (qui ne prévoit des peines sérieuses qu’au delà d’un dépassement de 50 Km/H qui seulement mettrait la vie d’autrui en danger), de celui des juges, et du commun des conducteurs qui s’y adonne avec plaisir, comme une infraction vraiment mineure alors que le non respect de l’arrêt au stop serait un sacrilège (avec cette remarque cependant qu’on ne punit plus le sacrilège)...Si presque tous les véhicules se déplaçant sur la voie prioritaire dépassent la vitesse limite c’est précisément parce qu’ils sont prioritaires. Ils entendent bien user de ce droit envers et contre tous. C’est presque leur héritage!

 Le raisonnement est stupide car lorsque l’accident surviendra, ils en seront les premières victimes.   

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Ce n’est pas sur les autoroutes seulement qu’il faut surveiller les excès de vitesse, mais aussi et surtout aux abords des passages protégés par un stop...Et la sanction devrait être la même que pour le non-respect de ce dernier.

Le ministre compétent a promis l’arrivée de milliers de radars à remettre aux brigades chargées de surveiller la circulation. C’est excellent car les sanctions: suspension du permis, immobilisation de la voiture, amende forfaitaire sont redoutées dans la mesure où elles sont immédiates (quand un départ en vacances avec famille et bagages est interrompu et qu’il faut continuer en train...!)

 Toutefois ces mesures  coûtent cher si les radars doivent être servis par deux voitures et au moins deux ou trois membres des forces de surveillance, avec chaque fois établissement d’une procédure, explications etc.

En attendant que les brigades ainsi équipées soient en nombre suffisant, on pourrait installer des radars à déclenchement automatique qui se mettraient en marche à tout dépassement de vitesse et filmeraient un instant le véhicule en infraction, enregistrerait assez d’images pour que la plaque d’immatriculation soit bien visible et les transmettraient au siège de la brigade ( par un téléphone style portable facile à déplacer avec le radar) qui pourrait aisément  surveiller une centaine d’installations par jour. Il n’y aurait plus, si l’on peut dire, qu’à mettre la procédure en route. Il faut bien se rendre compte que, si un jour ces dispositions étaient mises en place, l’effet serait beaucoup plus rapide et important qu’il ne parait: de nombreux buveurs excessifs ou en voie de le devenir se feraient soigner avec résolution, la crainte d’être filmé et signalé modérerait la vitesse, la présence d’un conducteur qui respecte la limitation de vitesse ralentit ceux qui le suivent ( c’est peut-être un véhicule policier banalisé ?) Etc. etc.

Je n’aurais certainement même pas envisagé de parler de supprimer le stop et rétablir  la priorité de droite si l’expérience n’en avait déjà été faite, dans des conditions -il est vrai- légèrement différentes. Je veux  parler du boulevard périphérique qui ceinture Paris. 

A sa création il a fallu décider quel genre de voie il serait: autoroute, voie rapide urbaine, y aurait-il des feux , un respect de la priorité de droite ou au contraire des stops? Il apparut bien vite que la seule solution acceptable, était le respect de la priorité de droite en faveur de ceux qui entraient sur le boulevard, même surchargé (la possibilité de retarder le flot des entrants par des feux existant) même au risque de ralentir encore la circulation. Il semble bien, en outre, que lorsque la décision d’entrer sur le périphérique est individuelle et se fait sans arrêt, le débit en véhicule est plus élevé que lorsque les conducteurs sont arrêtés au nfeu rouge ou au stop. Ce point serait à vérifier chrono en main.  

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Par précaution on limita la vitesse à 80 Km/H ce que les usagers interprétèrent aussitôt comme la liberté de rouler à plus de cent, les motards préférant généralement 130...

Avez-vous, Cher Lecteur, connaissance d’études faites sur cette circulation bien particulière? Combien d’accidents corporels par an? Par million de voitures? Le débit diminue-t-il ou augmente-t-il quand la vitesse est réduite à 80 Km/H ? Quel bilan peut-on tirer de cette voie particulière? Quels enseignements pour les problème qui nous occupent?

 


Un autre problème, certes moins grave si on ne veut le voir qu’en statisticien, mais ce n’est pas notre genre, est celui des passages à niveaux, gardés ou non...Combien de morts chaque année? Certainement sans commune mesure avec les autres accidents de la circulation, mais toujours déplorables. Il est acquis que ces passages sont signalés et que la faute de l’accident incombe toujours aux automobilistes.

Jusqu’ici, lorsqu’un aménagement était décidé, la dépense en incombait à la SNCF, or les trains de celle ci étaient prioritaires par le voeu de la loi (pour réduire le coût d’installation des voies quand elles furent créées).

Pourquoi la SNCF aurait-elle fait, a posteriori, ces dépenses, très lourdes, il ne faut pas se le cacher, pour protéger des gens qui n’étaient même pas ses clients? Aujourd’hui, les voies (et leur entretien) incombent à une nouvelle société d’Etat qui les a rachetées à la SNCF...donc elles appartiennent aux contribuables. Cela facilitera-t-il la solution?

Les tunnels -tels qu’ils ont été conçus dans les années cinquante pour les derniers, ont montré, bien malheureusement, leurs limites et leurs dangers tant l’évolution du nombre et du volume des transports routiers a été rapide!

Là encore, les autorités ont été complètement dépassées. On ne peut s’empêcher de penser que ce retard avait l’avantage de reporter à plus tard les gros investissements nécessaires au transport ferroviaire. Alors que les camions étrangers contribuaient à rentabiliser les investissements déjà faits pour les autoroutes...

Qu’en sera-t-il du tunnel sous la Manche dans cinquante ans, alors qu’il ne sera pas encore amorti ?  

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III LES VéHICULES AUTOMOBILES    

On ne saurait soutenir que les véhicules n’ont pas subi de profonds changements. Et même des améliorations importantes: rendement des moteurs

puissance du freinage, de l’éclairage, renforcement des carrosserie, ignifugeage des garnitures, résistance des pneus etc, etc. Mais parallèlement leur  utilisation, plus vite, plus loin, plus souvent, s’est multipliée!

 

Etait-il raisonnable de mettre sur la route des engins de 40 tonnes à coté de petites voitures? Mais là, c’était bien un problème politique plus qu’industriel de soutenir la navigation ou le ferroutage plutôt que la route...

La circulation sur les autoroutes ne devrait-elle pas être homogénéisée quant à la vitesse des voitures?

 

 

IV L’ENSEIGNEMENT DE LA CONDUITE AUTOMOBILE


Bien sûr, une épreuve de conduite sur route sera toujours nécessaire, mais elle ne peut avoir lieu raisonnablement, en une épreuve, par temps de pluie, de neige, de verglas, de grande circulation, en plaine comme en montagne, dans les circonstances imprévues qui aboutissent à un carambolage, à une indispensable manoeuvre de sauvetage en présence d’un enfant qui s’élance sur la chaussée etc. C’est pourtant l’expérience qui attend tout nouveau conducteur dans un avenir proche ou lointain. Or il existe des logiciels qui enseignent comment piloter un avion, des jeux qui entraînent à la course de formule 1 ! Ne serait-il pas possible d’en faire de semblables où les apprentis conducteurs s’entraîneraient à la conduite automobile et qui constitueraient des épreuves de leur examen?

 

V LA SANTé ET LES CAPACITéS DE CONDUIRE

Tout candidat devrait subir un examen de santé très complet, concernant notamment la vue, l’imprégnation par l’alcool ( gamma GT et macro-cytose) et par les drogues . Non seulement pour obtenir le permis mais pour le conserver. Qui douterait encore que la santé est un état précaire. Tout conducteur devrait repasser cet examen pendant cinq ans tous les ans, ensuite tous les deux ans, et notamment après tout accident corporel, qu’il ait été fautif ou non. Le nombre des tués, des blessés, des handicapés de la route justifie l’application stricte du principe de précaution en cette matière plus qu’en aucune autre.  

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VI LA LOI PéNALE ET SON APPLICATION PAR LA JUSTICE EN FRANCE

Les hommes politiques n’ont peut-être pas eu toujours tout le courage que la situation exigeait. C’est toujours avec beaucoup de retard et comme à contre coeur qu’ils ont légiféré et en tout cas dans le souci de ne pas trop  déplaire aux automobilistes qui sont aussi leurs électeurs. Imaginez un parti “Nature, chasse, pêche, tradition automobile, cigarette, whisky, petites Pépés”. Enfin une majorité stable! Qui disait que la démocratie n’est pas possible sans la vertu ? Peut-être Jeeves? Mais n’est-ce pas une fausse idée de la Démocratie? Les modifications législatives sur l’alcoolémie rendues enfin possibles par l’existence d’alcoolomètres précis: délit au dessus de 1,20 grammes, contravention au dessus de 0,80 g, etc. n’ont pas été mal accueillies par le Peuple! Et si on lui explique que ces modifications ne concerneront que deux pour cent de la population...

Quoi qu’il en soit, seules d’infimes retouches permettraient à la loi de devenir réellement efficace et cela ne coûterait rien, bien au contraire cela rapporterait au budget.

Au début du 20° siècle, quand l’automobile commença à parcourir les routes, on ignorait évidemment qu’il faudrait un jour payer ce confort de 10.000 morts et 200.000 blessés par an. Si le principe de précaution avait été connu, jamais l’automobile n’aurait roulé. Pourrait-on au moins comme on voudrait le faire pour les OGM, l’interdire pour dix ans en attendant que la circulation à risque presque zéro soit mise au point? Je n’en suis pas sûr et je ne le proposerai pas.

Dans les années 1900, le délit d’homicide involontaire existait déjà (Hammourabi et Moïse en parlent déjà): un chasseur trébuchait, le coup de fusil partait involontairement et tuait un compagnon de battue ou un garde chasse. Un taureau prenait peur et encornait un passant. Un propriétaire installait un chauffe-eau à gaz sans prévoir une sortie suffisante des gaz brûlés, le fils du locataire s’asphyxiait.


Il y avait toujours homicide involontaire, par maladresse, par négligence, par ignorance, inobservation des règlements...L’homicide involontaire avec automobile rentrait parfaitement dans ce cadre: un tournant mal négocié, des freins usés, l’ignorance des dispositions du code de la route, l’inobservation d’un stop ou d’une limitation de vitesse...Au début, il n’y eut que quelques accidents mortels par an puis ils se multiplièrent mais déjà l’opinion s’y habituait.

La peine prévue, deux ans de prison et une amende était-elle suffisante? Elle a été renforcée dans l’hypothèse d’un état alcoolique. La peine est beaucoup plus forte aux USA, mais pourquoi demander l’aggravation de peines qui ne sont déjà pas appliquées?  

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Il faut remarquer que la prise de conscience des Autorités est beaucoup plus lente que celle des particuliers. En outre le Parlement, quand il a légiféré, parait se désintéresser de son oeuvre: elle est considérée comme définitive et parfaite. L’Administration a-t-elle les moyens de l’appliquer, comment le fait-elle, la jurisprudence interprète-t-elle la volonté du Législateur conformément aux voeux de celui-ci ? Voilà des questions qui, apparemment ne sont pas posées. Les lois sont-elles efficaces, satisfont-elles la volonté du Souverain dans la mesure où celui-ci peut l’exprimer?

Je pense que c’est peu de dire qu’en la matière qui nous occupe la Société, telle qu’elle est organisée va d’échec en échec. Je suis obligé de faire ici une parenthèse pour montrer que je n’exagère pas.

Quand l’usage du chèque fut institué, le chèque impayé était rare, au début.

Une législation spéciale le punit comme une escroquerie, de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende. Pour bien le différencier d’un billet à ordre ou d’une traite, on exigea que la provision fût constituée avant l’émission du chèque. Ceci était propre à la législation française. En Grande Bretagne par exemple, il suffit que le chèque soit payé à la présentation, peu importe la date de constitution de la provision. Quelques décennies plus tard, en France, les chèques impayés se comptaient par millions, mettant en péril l’économie...

En 1950, les malfrats se rendant compte de la supériorité d’un gang équipé d’une bonne voiture comme la “11 chevaux” sur les moyens des forces de l’ordre, mirent au point la technique du “hold up” importée de Chicago. L’émotion fut si vive qu’en 1952, une loi modifiant le code pénal punit ce crime de la peine de mort, même s’il n’y avait pas eu homicide. Quelque décennies plus tard, il y avait dix “hold up” par jour ! La peine de mort n’est pas dissuasive, surtout lorsque -comme en l’espèce- elle ne fut jamais appliquée!

J’ai eu dans mon cabinet des hommes qui étaient déjà passés deux fois aux Assises et qui, libérés, avaient commis une troisième série de hold ups.

Mieux, les transports de fonds sont attaqués au bazooka et les morts se comptent à la douzaine dans l’année.

Dans les années 60 le Parquet poursuivait les pornographes. Mais il ne se contentait pas du producteur, du réalisateur et du metteur en scène. Il lui fallait tout le monde, les artistes, les photographes, les costumiers (?), les décorateurs, de sorte que lorsque le dossier enfin ficelé arrivait à l’audience, les avocats des inculpés se faisaient un plaisir de montrer que les faits poursuivis n’étaient que des bluettes pour catéchumènes devant ce qui se faisait au moment de l’audience...

Toute cette lutte se termina par le classement en XXX et une imposition fiscale nouvelle...  

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Longtemps l’usage des drogues dures fut le fait d’une élite d’esthètes, riches oisifs, intellectuels ou artistes, qui ne s’en cachaient nullement. Peu à peu cette habitude se démocratisa. Le chanvre ou sa résine fut “découvert” par les américains et mis au goût du jour avant de traverser l’Atlantique. Oubliant que le chanvre avait été en vente libre sans plus d’inconvénient que le tabac en Tunisie, précisément dans les mêmes boutiques et ceci jusqu’à la seconde guerre mondiale, oubliant que l’alcool avait été interdit aux USA avec si peu de succès qu’il avait fallu mettre fin à la prohibition, les autorités  françaises, comme d’autres dont, de nouveau celles des USA, choisirent l’interdiction, avec ce résultat extraordinaire que la drogue est au jour d’hui partout disponible, qu’elle  assure la fortune du milieu criminel, le malheur et la souffrance de ceux qui en ont besoin ou du moins le croient, qui sont obligés de se prostituer ou de commettre crimes sur délits pour s’en procurer, remplissent les hôpitaux et les prisons, surchargent les services de Police, grèvent lourdement la Sécurité Sociale, etc. etc. ! Les plus ardents défenseurs de la prohibition des drogues aux USA comme en EUROPE sont les représentants des cartels qui entraînent les gens qui croient de bonne foi défendre leurs enfants sans se rendre compte des souffrances qu’ils causent! . Alors que si les drogues étaient médicalisées (non point mises en vente libre, mais prescrites et administrées par le Corps Médical), leur prix deviendrait négligeable, leur trafic sans intérêt, leur usage sans goût etc.

Pourquoi ne pas essayer? Il semble que certains pays, moins dogmatiques tentent la chose: Pays Bas, Suisse...

On ne peut donc pas s’étonner que la législation pénale ait été incapable de maîtriser la croissance inouïe des accidents mortels ou handicapants sur la route. Ce n’est pas faute d’avoir mis en place quelques dispositions telles que les commissions administratives de suspension de permis de conduire, permis à point, déplacement massif des forces de l’ordre sur les routes les jours de grandes migrations. 

La faiblesse du système était ailleurs et nous y arrivons.  

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L’APPLICATION DE LA LOI PéNALE PAR LES TRIBUNAUX

La Révolution avait prévu une peine par délit.   Cela paraîtra bien raide et tous les lecteurs ne seront pas d’accord mais je ne pense que pour les contraventions au moins et certains délits ce ne serait pas une mauvaise chose. C’est une erreur de croire que les gens ignorent la loi. Prévenus, ils seront mieux disposés à ne pas fauter que s’ils savent que le juge comprenant tout pardonnera tout. J’ai souvent reproché, très amicalement, à mes collègues de ne pas tenir compte de la différence de revenus lorsqu’ils prononcent une amende: une famille au SMIC ne pourra payer une amende de 500 F sans de lourds sacrifices. Une amende de 10.000 F au PDG d’une marque d’apéritifs anisés qui lance chaque année une campagne de publicité au’il sait PARFAITEMENT ILLICITE est une plaisanterie alors que les textes permettent d’aller beaucoup plus loin...à une telle amende par affiche!

En sens inverse on dira que mourir écrasé par un R.M.I.ste  est aussi triste que l’être par un constructeur d’avions. C’est d’ailleurs beaucoup plus fréquent...

 La peine unique obligeait le juge à respecter la volonté de la loi. Rien n’empêchait le législateur de réviser la loi selon que le but recherché était atteint ou non...

Peu à peu on a voulu “personnaliser la peine”.


J’ai posé mille fois la question, personne n’a jamais été capable de me dire comment une peine pouvait être personnalisée, quelle bijection pouvait être établie entre un trait de caractère et la durée d’une peine.   

Il s’agit encore une fois d’un concept flou et mouvant qui ne signifie rien et dont on  se servira d’autant plus volontiers.

Si quelqu’un d’entre vous a des idées là dessus, je le remercie par avance de me les communiquer. En tout cas, je peux dire que cette personnalisation -jamais motivée dans les jugements- est la source de toutes les dérives, de toutes les injustices, de toutes les iniquités!

La loi pénale ouvre donc la voie à la personnalisation et prévoit une peine “jusqu’à...N mois ou années d’emprisonnement” en fixant donc seulement un maximum ou un minimum et un maximum, avec toujours la possibilité pour le juge de descendre au dessous s’il existe des “circonstances atténuantes”. Mais il n’est nullement exigé de dire lesquelles... par ailleurs il est laissé au bon sens des juges de moduler les peines entre le maximum et le minimum de la peine prévue selon les circonstances du délit, de l’accident donc, en ce qui nous concerne ici.

Combien de morts faut-il relever pour atteindre le maximum, prévu par la loi ?

Mais s’ajoutent aussi des faits tels que la situation en récidive, voire le “climat” général ...des moeurs.

Comme les professeurs qui ne notent jamais à 20/20, les juges ne condamnent que mal volontiers au maximum, d’ailleurs on chercherait en vain un guide de la manière de juger. On se souvient du juge Bridoison qui jouait ses condamnations aux dés et -affirme Rabelais- “n’avait pas plus de jugements réformés que ses collègues”. Un jour pourtant il se trompa grossièrement. Il put expliquer qu’il avait pris par erreur des petits dés, difficiles à lire !  

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Il n’en reste pas moins que les jugements d’un tribunal, sur une infraction donnée, devraient être distribués entre le maximum et le minimum, généralement autour de la moyenne, pour ne pas employer une formule statistique, avec exceptionnellement une peine proche du maximum ou du minimum.

Mais si la moyenne de la peine est facile à calculer, où est la moyenne du délit ou du crime ?

Dans ces conditions on pourrait considérer que le voeu du législateur est respecté, sinon celui du Peuple Souverain. Les sanctions prononcées, quelles que soient les causes, sont si souvent uniformes à l’intérieur d’une même formation de jugement qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’une peine forfaitaire décidée par les juges.

Le moins que l’on puisse souhaiter est d’abord une application de la loi . Si la fantaisie devait subsister, comme nous allons le voir, il serait plus équitable que la loi impose des sanctions forfaitaires, fixes sans possibilité de les moduler.

Ne pourrait-on envisager aussi, pour les amendes, des “jours ou mois de revenus”? Ce serait déjà plus équitable.

La loi du 12 juillet 87, devant l’impossibilité d’obtenir des tribunaux une décision rapide et ferme de suspension ou de retrait de permis de conduire, a décidé d’une disposition tout à fait exceptionnelle, celle de la sanction de plein droit, automatique:

“- lorsqu’il y a alcoolémie en récidive ou refus de se soumettre aux vérifications, 


- lorsqu’il y a alcoolémie et homicide ou blessures involontaires (avec ITT de plus de 3 mois): le permis de conduire est annulé de plein droit et ne pourra être sollicité à nouveau avant trois ans.” C’était assurément la sanction la plus efficace.

Il resterait à en étendre le champ d’application, comme on l’a fait en réduisant le taux limite d’alcoolémie.

Est-il ensuite excessif de préconiser que le juge ne puisse pas alléguer l’existence de “circonstances atténuantes” -sans préciser par un attendu spécial- lesquelles?

 

Je reste cependant persuadé qu’un jour viendra où une commission aussi large que possible, comprenant des juges, des avocats, des professeurs de droit, des informaticiens se verra confier la mission de mettre au point un logiciel aussi complet que possible, comprenant sans doute des dizaines, voire des centaines de questions auxquelles la mission du juge sera de répondre avec la plus grande précision, avec le concours des parties et de leurs représentants. Il ne sera plus  nécessaire de “motiver” le jugement et c’est l’ordinateur qui rendra la décision.  

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De cette manière

- on sera sûr que tout le dossier a bien été lu et sera pris en compte,

- qu’aucun facteur personnel au juge, même inconscient (il s’agit du facteur et non du juge) n’interviendra.

- que la jurisprudence sera la même, à l’échelle nationale.

- il devrait en résulter un gain de temps considérable au niveau de la première instance et surtout de la juridiction d’appel car celle ci n’aura plus qu’à vérifier la conformité du jugement avec le dossier. Et une grande équité.

Je ne pense pas qu’on puisse refuser cette solution en invoquant une complexité de la question! Il en existe d’infiniment plus difficiles qui fonctionnent sans problèmes!    

 Pour illustrer les dérives qui seraient évitées je ne signalerai que deux constatations:

- lors de la période d’observation dont les résultats furent publiés en 1974  j’avais relevé pendant une semaine les jugements du tribunal de grande instance de Paris en 1965 (qui juge environ de quart des jugements de la France):

HOMICIDES INVOLONTAIRES

Le code prévoyait une peine de 3 mois à deux ans d’emprisonnement et une amende de 1000 à 20.000 francs d’amende, le double en cas d’ivresse manifeste (l’alcootest n’était pas encore en usage). Les peines prononcées furent en moyenne de 4 mois avec sursis et 1000 f d’amende, pratiquement la peine minimum de prison et le minimum de l’amende...

Une condamnation à 4 mois d’emprisonnement ferme avait été prononcée. Elle fut réformée par la cour d’appel qui accorda le sursis.

Pour la semaine observée il n’y eut pas de conduite en état d’ivresse, les Parisiens seraient-ils sobres?

Dans les années 70 les peines prononcées avaient encore diminué et des peines de UN MOIS D’EMPRISONNEMENT AVEC SURSIS ET MILLE FRANCS D’AMENDE éTAIENT FRéQUEMMENT PRONONCéES.  

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Il arriva qu’une Mère qui avait perdu sa fille de 20 ans tuée par un chauffard ne put supporter de voir le coupable puni si légèrement ( peine amnistiable le 14 juillet suivant) et entreprit d’écrire partout, aux autorités, aux journaux, au tribunal. Cela n’eut pas l’heur de plaire au substitut auquel elle s’adressa. Il la renvoya proprement à ses tâches ménagères, lui expliquant rudement que la justice n’était pas son affaire. De quoi se plaignait-elle donc? Le coupable avait été jugé, et  par des “pros”!      

De quoi se mêlait-elle donc!

Comment a-t-il été possible qu’une telle fracture existât entre les citoyens et les magistrats auxquels la justice était déléguée? Le garde des sceaux, les députés, tous étaient au courant..Ils levèrent les bras au ciel....

Une dernière mesure, propre à dissuader les mauvais conducteurs, à soutenir l’industrie automobile et finalement à sauver des vies serait la confiscation de véhicule mis en cause ou du remboursement qu’en aurait fait l’assureur.

 

BLESSURES INVOLONTAIRES ayant entraîné une incapacité temporaire supérieure à trois mois

- le code pénal prévoyait une peine de quinze jours à un an s’emprisonnement ET

une amende de 500 à 15.000 francs d’amende, le double s’il y avait alcoolémie.

Trente six affaires furent évoquées pendant la semaine d’observation. Pour 21 affaires, la sanction fut une amende de 200 à 1.500 f d’amende seulement et pour les quinze autres la sanction fut en moyenne de sept semaines d’emprisonnement avec sursis et 750 d’amende. Il n’y eut pas d’emprisonnement ferme ni d’affaire avec alcoolémie. Toujours cette sobriété parisienne.

 

CONDUITE AVEC IVRESSE (sans accident corporel)

La conduite dans ces conditions était punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 500 à 5.000 francs OU de l’une de ces peines seulement.

Ces affaires furent relativement nombreuses devant le tribunal de PARIS pendant la semaine d’observation, au total 63 affaires, les Parisiens ne blesseraient-ils qu’à jeun?

Dix infractions furent punies d’une amende seule de 500 à 2.000 f.

Quarante quatre furent punies d’une peine comprise entre 8 jours et six mois d’emprisonnement avec sursis (moyenne 2 mois et 750 f d’amende).

Neuf enfin furent punies d’une peine d’emprisonnement ferme de 15 jours à 8 mois ( moyenne 3 mois fermes et 600 francs d’amende).

On ne peut manquer de s’étonner que ces conducteurs qui avaient bu mais n’avaient causé aucun accident ni mortel ni simplement corporel furent punis plus sévèrement et pour certains beaucoup plus durement que ceux qui avaient tué ou blessé !  

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LE REGLEMENT DES CONTRAVENTIONS


La démocratisation -fort heureuse au demeurant- de l’automobile, ne permet plus de régler le problème des contraventions comme le prévoyait le Code reprenant la grande Ordonnance! A quoi sert la comparution personnelle, avec citation par huissier, la condamnation publique, la signification du jugement etc. D’autant que  la population de plus en plus mobile, au domicile incertain (chez un copain qui habite chez une copine), la lenteur de la Justice  rend le résultat de tout ce “foin” plus incertain. Ce qui convenait à un grappillage de récolte, avec ou sans panier,

jugé par le juge de paix du canton devant toute la paroisse, devient tout à fait suranné pour juger des dizaines de millions de contraventions dont quarante pour cent ne seront jamais payées! Les contraventions coûtent à l’Etat au lieu de lui rapporter, immobilisent dans les commissariats du personnel qui serait mieux employé sur les routes, du personnel dans les greffes alors que les jugements ont du retard, etc.

Une bien modeste réforme a été mise en place avec le règlement volontaire dans un court délai d’une amende forfaitaire. C’est tout à fait insuffisant.

Tous les pays modernes, plus pragmatiques que la France, ont mis en place un règlement immédiat de l’amende, avec immobilisation du véhicule en cause sur place jusqu’au règlement et transport éventuel à la fourrière, aux frais du contrevenant en cas de défaut de règlement. Le seul fait d’avoir à se munir de 1.000 ou 3.000 francs (152,45 ou 457,35 EUROS) avant de prendre la route, d’avoir à craindre d’aller chercher cette somme à 300 ou 500Km en cas de déplacement lointain, rendrait la plupart des conducteurs attentifs aux obligations  du code.

L’économie, le gain de temps, de travail serait immense. La rapidité de la sanction la rendrait infiniment plus efficace et redoutée. Toutes les amendes seraient payées. Bien entendu, le contrevenant qui estimerait avoir des motifs sérieux de contester la contravention, conserverait le droit de faire juger son affaire en la portant lui même devant le tribunal...

Il s’agit vraiment de dé-scléroser la procédure, de rendre les policiers et les juges à leur travail ! J’avais écrit cela en 1965, il y a 35 ans...  

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LA REPARATION DES DOMMAGES CAUSES PAR LES ACCIDENTS DE LA ROUTE

Nous avons vu que dans les années 70-80 la sanction de l’homicide involontaire parfaitement constitué, était souvent symbolique: un mois d’emprisonnement avec sursis (rapidement amnistié) et 1000 francs d’amende.

Les sanctions qui viennent d’être annoncées pour des homicides involontaires tout aussi constitués qui ont récemment fait l’objet de l’actualité routière montrent qu’il n’y a guère eu de changement: quelques mois d’emprisonnement avec sursis, quelques milliers de francs d’amende...

Il est tout à fait possible que dans l’esprit de certains, ces peines soient suffisantes pour sanctionner la faute et qu’un mois de prison, voire deux ou trois, avec sursis bien sûr soit le prix à payer pour une vie perdue et une famille détruite. Est-ce l’opinion de la majorité? Cette majorité s’est-elle exprimée? En attendant, comment est faite l’adéquation de la peine légale à la peine prononcée? J’en ai parlé plus haut, je n’y reviens pas.

Mais la peine n’a-t-elle pas aussi un rôle dissuasif ?

Pouvons nous considérer qu’il est rempli?


Depuis la plus haute antiquité tous les législateurs ont prévu que le coupable devrait réparer les conséquences de sa faute: d’abord vie pour vie, puis oeil pour oeil et dent pour dent et c’étaient sans doute les sanctions les plus sévères mais aussi les plus efficaces. C’était déjà un adoucissement souvent mal supporté par les victimes, car avant la loi du talion, c’était toute la famille, voire la tribu du coupable qui était mise à mal ! Toujours lorsque le coupable était condamné à mort il avait la possibilité de payer le prix du sang et échappait ainsi au châtiment. Mais il arrivait souvent que les victimes refusaient de recevoir ce prix montrant ainsi que leur douleur n’avait pas de prix et qu’elles étaient désintéressées.

Le système de réparation mis en place repose sur deux idées directrices:

- tous les dommages touchant la personne doivent être réparés,

- tous les conducteurs sont sensiblement équivalents en risques potentiels.

La couverture de la responsabilité civile de tous les conducteurs doit donc être assurée par une assurance obligatoire dont le coût varie peu ( rarement plus que du simple au double). Un fond spécial couvrira les conducteurs qui pour raison ou une autre ne seraient pas assurés. Il ne devrait donc pas y avoir de victimes non dédommagées et c’est une bonne chose.

- Il existe entre tous les conducteurs une solidarité qui résulte de leur équivalence en matière de conduite: deux exceptions

a- les jeunes provoquent plus d’accidents pendant les premières années de conduite,

b- ceux des conducteurs qui ont passé le cap de la conduite jeune et n’ont pas d’accident bénéficient d’un bonus alors que ceux qui en ont sont frappés d’un malus.  

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Ces deux “exceptions” sont des erreurs  

- La distribution de l’effectif des conducteurs déclarés fautifs ne permet pas de mettre en évidence une dangerosité particulière des jeunes. La surprime qui leur est imposée est injuste. Ce n’est en réalité, qu’une augmentation de tarif qui cherche à se justifier.

- Tout ce qui précède montre qu’il existe des conducteurs dangereux, en minorité, et des conducteurs qui ne le sont pas.  

Le système actuel a pour but de faire payer les bons conducteurs pour les mauvais.  Ceci est d’autant plus paradoxal que souvent les bons conducteurs seront les victimes des mauvais!

Le cercle est ainsi bouclé: le mauvais conducteurs n’est puni que symboliquement, il ne répare pas les dommages qu’il a causés. Les autres meurent et paient!

Plus grave encore, il n’est privé de permis que trop rarement et trop brièvement.

Deux mesures paraissent urgentes:

- il faut étendre très largement les cas où la suspension, l’interdiction de conduire seront prononcées nécessairement;

- le coupable de blessures ou d’homicide involontaires devra rembourser les sommes versées pour lui, l’assurance n’ayant pas d’autre objet que de faire l’avance des réparations. Ce qui permettra peu à peu de diminuer les primes et de faire comprendre aux auteurs d’accidents qu’ils ont vraiment commis un fait grave.  

   

 

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