Le caractère «délinquant d’habitude» est inné

 

E.M. FONTAINE

 

En manière de synthèse de divers articles fragmentaires publiés dans les Cahiers depuis près de cinq ans, nous reproduisons ci-dessous un exposé fait le 13 mars 1981, devant le Cercle de Normandie du GRECE et renouvelé partiellement devant les Etudiants de droits de l’Ecole des Sciences Politiques le 27 mars suivant. Le texte a été complété des réponses données aux questions des auditeurs.

 

                Il faut reconnaître à J.J. Rousseau le mérite de la première réflexion criminologique lorsqu’il énonça que l’homme naît bon et que c’est la société qui le rend mauvais.

 

                Rousseau était fou et l’idée était fausse mais le premier avait mis dans la seconde une force de simplicité et d’évidence si extraordinaire que deux cents ans plus tard, elle inspire encore de nombreux criminologues et surtout une méthode qui consiste à affirmer n’importe quoi sans jamais essayer d’en tenter la moindre vérification ou démonstration.

 

                Hier encore, 12 mars, vous avez pu suivre un débat télévisé entre des hommes qui ne sont pas sots et au cours duquel le chômage, le capitalisme, l’urbanisme ont été incriminés d’être cause de délinquance avec la tranquille assurance des vérités d’expérience ! Pourquoi pas les engrais chimiques ou le veau aux hormones ?

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                Mais en deux cents ans, voyez où en sont arrivées les sciences expérimentales ! L’homme explore la nature vivante ou inerte de l’infiniment petit à l’infiniment grand tandis que la solution de problèmes comme la criminalité, l’abus de l’alcool ou des drogues, la prostitution n’ont pas avancé d’un pas !

 

                Si nous avons quelque chose de nouveau à vous dire, c’est que tout simplement nous avons suivi la méthode que Descartes avait pris la peine d’énoncer et que chacun des résultats que nous avons obtenus a été soumis au feu de l’expérience. C’est que nous avons quitté le plan moral pour aborder sans à priori idéologique celui des faits, que nous avons abandonné les cas particuliers pour étudier les populations car il n’y a de science que du général et du mesurable…

 

                Je me propose donc de mettre en évidence devant vous les caractères permanents des délinquants et de vous démontrer que seule une explication génétique de la délinquance est admissible parce que conforme à l’expérience alors que tout autre explication conduirait à l’absurdité !

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D’abord préciser de quoi on parle

                Dans cet exposé, la «délinquance» sera l’ensemble des infractions à la loi pénale à l’exclusion des contraventions, ce sera donc un ensemble de faits et ne pourra en aucune manière être confondu avec le nombre des délinquants qui exercent leur coupable industrie au sein de la société. Certains délinquants ne commettront qu’un délit dans leur vie, d’autres en commettent plusieurs par jour : c’est par une absurdité contre laquelle nous nous élevons depuis dix ans qu’on a affirmé que le nombre des délinquants s’était accru puisque le nombre des délits avait augmenté ! Il n’y a pas de liens entre ces deux quantités ! C’est l’indice d’activité des délinquants qui peut changer comme nous le verrons plus loin. Le moins qu’on pouvait demander aux «experts», au Ministère de la Justice comme aux divers «instituts de criminologie», aux Centres de Recherche et autres organismes n’était-il pas de s’assurer que le nombre des délinquants avait augmenté, au lieu de se contenter de cette approche directe ?

                De même, le nombre des délinquants interpellés ou incarcérés n’est nullement une fonction directe du nombre des délinquants en activité.

                Dans le premier cas, la relation est l’indice d’activité et de succès de la Police, dans le second, l’indice de répressivité des tribunaux.

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L’inventaire des délinquants

                C’est évidemment par là que nous avons commencé notre recherche, à l’encontre de tous les criminologues.

                Le système français d’état civil rassemble au greffe du tribunal du chef-lieu d’arrondissement les actes de naissance et les fiches de condamnation. Il nous était donc facile de prélever des échantillons rigoureusement valables.

 

                Nous l’avons fait dès 1968 à Pontoise pour continuer à Paris. L’expérience a montré que 1 % environ des français de plus de 15 ans ont été condamnés à un emprisonnement (ferme ou avec sursis) pour délit ou pour crime.

                Mais il saute immédiatement aux yeux de l’observateur que 90 % des personnes condamnées ne l’ont été qu’une fois dans leur vie alors que les 10 autres % l’ont été de nombreuses fois.

 

La classification des délinquants

                 La classification des délinquants en deux ensembles selon qu’ils ont été condamnés une seule ou au moins deux fois permet un développement nouveau si on distribue les délinquants en fonction de leur âge à la première – ou unique – commission de faits délictueux.

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                Les délinquants d’occasion : ceux qui n’ont jamais récidivé sont distribués comme une fonction de Laplace dont la moyenne est égale à 30 ans, l’écart type à 14 ans enfin, fait très important, il n’y a pratiquement pas de ces délinquants mineurs de 18 ans ! (voir croquis n° 1).

                Les délinquants d’habitude : ceux qui ont récidivé sont au contraire distribués comme une fonction exponentielle décroissante dont la période de demis vie est égale à 7 ans : la moitié d’entre eux sont entrés dans la délinquance entre 14 et 21 ans, le quart entre 21 et 28 ans, le huitième entre 28 et 35 ans… et ainsi de suite.

                La statistique nous enseigne qu’il s’agit de deux populations radicalement différentes mais bien connues dans la nature.

                La première est celle qui subit d’une manière aléatoire l’effet de nombreux facteurs indépendants qui lui sont externes. La seconde obéit à une unique loi interne.

                Pour donner un exemple de ces deux populations : la première représente la distribution des erreurs de mesure tandis que la seconde représente la désintégration des atomes d’un élément radioactif.

                Et cette différence va se traduire, comme on pouvait le prévoir, au niveau des délits et des crimes commis.

                La première population commet les délits les plus variés, les moins graves, tous ceux d’omission, d’ignorance, d’étourderie, de maladresse…

                La seconde commet les délits et les crimes les plus graves, les plus odieux, les plus réfléchis et prémédités.

                C’est évidemment en fonction de ce qui précède que j’ai baptisé la première population «délinquants d’occasion» et la seconde «délinquants d’habitude».

                Nous n’allons plus, désormais, nous occuper que de ces derniers.

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Les délinquants d’habitude

 

Leur nombre

                Le calcul (pour lequel je vous renvoie au Cahier n° 1 de la SCM) montre qu’ils sont en France, actuellement, environ 30 000 en pleine activité, vieillissant à 50 ans, disparaissant totalement à 65 ans condamnés en moyenne une dizaine de fois à 10 ans d’emprisonnement au total. Le délinquants d’habitude commettent à eux seuls la moitié de tous les crimes et délits commis en France. La moitié la plus grave !

 

Les délinquants d’habitude sont de sexe masculin

                Alors que 10 % des délinquants d’occasion sont des femmes, ce qui traduit bien leur part plus faible dans l’activité générale (par exemple, elles conduisent moins, et surtout en ville) mais aussi une timidité, une retenue,  un caractère soigneux, dévoué, pour tout dire féminin et maternel !… au contraire les délinquants d’habitude sont à de très rares exceptions près masculins.

                Les délinquant d’habitude sont dispersés dans toutes les couches, dans toutes les classe de la société, dans tous les groupes professionnels. Il nous suffira de rassembler nos souvenirs et de regarder autour de nous pour trouver des exemples fameux de délinquants endurcis dans les familles les plus illustres, les plus favorisées, chez les princes de l’Eglise comme chez les autres, dans le monde de la politique, de la finance, de la presse, de la faculté, du show business, de la magistrature comme du barreau. Les délinquants d’habitude sont un phénomène universel qui a toujours existé. Il n’y a pas d’exemple qu’un jour un pays ou une époque ait été indemne de toute délinquance d’habitude.

Il n’y a pas de famille ou de dynastie de délinquance d’habitude.

                Ce caractère «délinquant d’habitude» se présente comme le caractère «intelligence exceptionnelle». Des parents qui n’avaient rien de remarquable donnent soudain le jour à un individu qui se fera remarquer… Au milieu d’une fratrie de commerçants ou de fonctionnaires on trouve soudain un gangster ou une prostituée ou un travesti… Et les fils et les filles de tel génie ont une intelligence tout à fait moyenne, ceux de tel ennemi public sont d’honnêtes citoyens… Dans notre cahier n° 6, nous avons montré que l’explication statistique de ce phénomène est toute simple.

Le pourcentage des délinquants d’habitude au sein de la population est constant.

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                Nous en venons là au point le plus important, le plus significatif, le plus lourd de conséquences.

 

I – Le nombre des délinquants n’a pas augmenté

 

                Partout vous avez entendu parler de  «l’explosion de la délinquance» : les médias, les criminologues, l’Exécutif de citer le nombre des délits et des crimes, celui des délinquants arrêtés. Il y a quelques jours encore, tous les journaux titraient «10 000 jeunes devant les tribunaux».

               

                Nous ne pensons pas qu’il ait jamais existé un autre domaine où le raisonnement ait été mis en défaut pareillement. Puisque nous sommes en Normandie, lorsque l’année est «une année de pommes» qui pensera que le nombre de pommiers a doublé ou triplé ? Personne ! C’est que chaque agriculteur voit ses pommiers chargés de fruits.

 

                Au contraire, voyant plus de délits, les «criminologues» - qui n’ont jamais vu un criminel de près – ont cru que le nombre de ceux-ci s’était multiplié ! Car les statistiques sont anonymes. La Police a arrêté 100 000 jeunes dans l’année, donc il y a 100 000 «délinquants juvéniles» ! Si les statistiques avaient été trimestrielles, il n’y en aurait eu que la moitié !…

               

                Depuis plus de dix ans, par des exposés, par des rapports, enfin depuis 1976 par des Cahiers trimestriels, nous essayons de faire comprendre que lorsque les emprisonnements diminuent, l’indice d’activité des délinquants augmente.

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                En 1980, les délinquants mineurs sont facilement arrêtés 10 fois par an m ! Avec nous, la Police se plaignait de vois les ressortissants des tribunaux pour enfants, de solides gaillards (aux joues souvent bleues de barbe !) relâchés trop souvent et trop vite.

 

                Qui croit les policiers ? L’idée que le nombre des délinquants avait augmenté en même temps que le nombre des délits était si simple, si évidente, elle était si fertile et heureuse pour tous ceux qui par idéologie voulaient que la société fut mauvaise, que le chômage, que l’urbanisme, etc. qu’elle fut acceptée sans hésitation, comme une bénédiction en refusant de voir tout ce qui pouvait mettre à néant cette hypothèse infantile.

 

                Il n’est pas possible que tant de gens se soient trompés tous ensemble, que pas un n’ait élevé un doute ou une objection ou posé une questions ‘ils ne voulaient par ardemment y croire.

 

                L’essentiel de nos travaux sur le petit nombre des délinquants d’habitude, sur la délinquance juvénile (qui n’existe pas) etc. fut communiqué à tous les services, à tous les comités, à tous les instituts ou société de criminologie. Sans réussir même à provoquer une discussion.

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                Admettre que les délinquants commettent plus de délits depuis que la justice est devenue «progressiste» ou «humaine» (pour eux et non pour les victimes), c’était reconnaître l’erreur d’une évolution sans contrôle et sans précaution… Ce qui confirme cette thèse du refus idéologique de la vérité, c’est que pendant longtemps l’augmentation même du nombre des délits fut niée. Et quand il fallut l’admettre on en rendit responsables les juges et les prisons !

 

                Dans le cahier n° 16 de la SCM, nous avons montré deux casiers judiciaires de jeunes gens tout à fait banals, arrêtés 25 fois chacun entre 14 et 18 ans. Les statistiques les concernant faisaient donc apparaître 50 jeunes délinquants interpellés là où il n’y en avait eu que deux.

 

                Dans un climat «répressif», qui aurait placé ces «enfant) en maison de correction, la délinquance aurait été réduite au 1/25ème soit 4 % de ce qu’elle a été !

 

                Voici donc, je pense, démontré qu’il n’y a pas eu l’augmentation de nombre des délinquants que l’on affirme.

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                II – Le pourcentage des délinquants par rapport à la population est constant !

 

                Est-il possible de démontrer que le pourcentage des délinquants par rapport à la population est constant ? Oui, et voici comment :

                Chaque fois qu’on prélève des échantillons de personnes condamnées même à des années d’intervalle, il suffit de distribuer les récidivistes qu’ils contiennent en fonction de leur âge à la commission des premiers faits pour constater que tous appartiennent à la même population (distribuée en fonction exponentielle décroissante de période de demis vie de 7 ans) indépendamment des dates des condamnations.

 

                Si on prend soin d’opérer avec recul, on constate que chaque fois, au sein de l’échantillon que l’on étudie, il y a le même nombre de délinquants primaires qui deviennent récidivistes et de récidivistes dont c’est la dernière condamnation. Ainsi, la population des délinquants d’habitude naît, prospère et meurt comme n’importe quelle autre.

 

                Enfin, si on distribue les délinquants d’habitude en fonction de leur millésime de naissance (à la vie et non à la carrière de délinquant), on trouve une corrélation étroite avec l’évolution démographique.

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                On voit combien il est compliqué de démontrer que ce pourcentage de délinquants est constat alors qu’il était si simple d’affirmer que le nombre des délinquants et non leur activité avait augmenté ! Question d’idéologie… mais aussi sans doute de génétique… Voilà donc la transition ménagée et nous pouvons passer à la deuxième partie de notre exposé.

 

 

La disposition à la délinquance d’habitude est innée

 

                Résumons les caractères que nous avons mis en évidence chez les délinquants d’habitude :

 

1)       ils sont très précoces (50 % commencent entre 14 et 21 ans) ;

2)       ils sont très rares : 0,02 % de la population ;

3)       ils se distribuent selon une loi interne ;

4)       ce sont exclusivement des hommes ;

5)       ils sont présents dans toutes les classes de la société ;

6)       ils naissent au hasard dans des familles non délinquantes et leur descendance n’est pas délinquante ;

7)       la proportion des délinquants d’habitude est constante par rapport à la population.

 

Nous allons d’abord observer que tous ces 7 caractères sont parfaitement compatibles avec une origine innée (génétique) comme l’hémophilie, par exemple.

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                Au contraire, une cause externe de la délinquance, par exemple le chômage, l’urbanisme, la prison, les familles désunies, etc. sont parfaitement incompatibles avec les caractères mis en évidence :

                En effet , comment des causes aussi répandues ne frapperaient-elles qu’un si peut nombre d’individus ; pourquoi les causes auraient-elles pour effet de créer une loi interne ?

 

                Pourquoi le chômage ou l’urbanisme atteindraient-ils des individus nantis, sans souci financier, demeurant dans les plus beaux quartiers ?

                Pourquoi un seul individu est-il atteint dans toute une famille ou une fratrie alors que manifestement le milieu, l’environnement a été le même pour tous ?

                Et inversement, si l’urbanisme est criminogène, pourquoi tous les habitants de la ville mal construite ne sont-ils pas délinquants et tous les enfants de famille désunies, etc. ?

                Et si de telles causes existaient, pourquoi les plus jeunes, c’est-à-dire ceux qui ont le moins subi cet environnement dangereux, en souffriraient-ils plus alors que les autres qui l’ont subi plus longtemps y résisteraient ?

                On voit que mettre l’environnement en jeu conduit à l’absurde.

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                Mais c’est le 7ème point qui suffirait à lui seul à asseoir notre démonstration.

                Nous allons demander le concours – oh combien volontaire – de Monsieur Stanislas TOMKIEWICZ, directeur de l’INSERM ! !

                Dans un «dossier» n° 74 du Monde d’octobre 1980, il écrit : «Les variations si importantes du taux de la délinquance juvénile en liaison avec les phénomènes politiques (guerre… libération nationale) devraient suffire pour rendre caducs tous les efforts tendant à prouver une causalité linéaire entre les traits biologiques et le comportement élaboré !»

                Laissons de côté le fait que Monsieur TOMKIEWICZ, comme toute le monde, admet sans le vérifier que s’il y a plus de délits, c’est qu’il y plus de délinquants !

                Ce qui nous importe c’est son raisonnement : si le nombre des délinquants augmente avec les phénomènes politiques, c’est que l’origine du caractère délinquant n’est pas biologique.

                Admettra-t-il que si le nombre des délinquants est stable malgré les circonstances politiques, c’est que l’origine du caractère est biologique ? En tout cas, il devrait reconnaître :

 

1)       que cette constance élimine définitivement toue cause conjoncturelle ;

2)       qu’il lui faudra trouver un autre argument… pour rejeter enfin définitivement vers les ténèbres extérieures les thèses biologisantes…

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Une tentative d’explication génétique

 

                Il nous faut ici revenir aux travaux de Monsieur Pinatel qui mit en évidence – sans contestation possible car la vérification de sa thèse est quotidienne – que tout délinquant affirmé présente quatre caractères permanents profondément marqués : l’agressivité, l’indifférence à la douleur d’autrui, l’égocentrisme, la labilité.

 

                Nous disons que ces caractères sont innés. L’expérience montre que lorsqu’ils sont présents, on les trouve déjà chez l’enfant et qu’ils perdurent jusqu’à la mort. Il y a des jeunes généreux qui donneront des quadragénaires et des vieillards généreux. Il y a des jeunes égoïstes qui vieilliront sans changer et mourront comme de sales égoïstes.

 

                Si vous voulez bien admettre que ces caractères sont innés (et nous pensons que vous auriez du mal à démontrer qu’ils ne le sont pas), ; qu’ils sont présents dans le génotype, il vous paraîtra que chaque individu va les porter en lui-même à un niveau variable. Pour simplifier, disons que le caractère peut être fort ou faible. En réalité, l’expérience – encore – montre que entre le minimum et le maximum toutes les valeurs sont possibles (probablement distribuées comme une fonction de Laplace), la mesure de ce caractère étant au demeurant fort difficile. Comme nous raisonnons sur un grand nombre d’individus, le calcul demeurera exact si nous nous bornons aux deux valeurs «Fort» et «faible».

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                Lorsque deux parents donnent la vie à un enfant, chacun lui apporte la moitié de son génotype. Sur une population importante, la probabilité de distribution du caractère sera :

                                                                 ff                             fF ou Ff                        FF                                   

                                                                ¼                                  ½                                   ¼           

                Et vous comprenez aussitôt combien seront rares les individus qui auront reçu pour chacun des quatre caractères la valeur FF ! Il seront ¼ soit 1/256 ou moins de 0,4 %.

 

                Mais nous vous avons fait remarquer que l’agressivité est liée au sexe masculin. La probabilité d’être doté à la fois des 4 caractères est encore réduite dans la mesure où la mère est moins fréquemment porteuse du caractère d’agressivité «F». Si notre calcul sur la fréquence des délinquants d’habitude qui serait de 0,1 % est exacte, on peut estimer que la femme présente 4 fois moins souvent que l’homme le caractère agressif «F».

 

                En définitive, il apparaît que l’enfant ne pourra devenir un délinquant d’habitude que si la mère est porteuse du caractère agressif, même sans être elle-même agressive ! On connaît de nombreuses maladies héréditaires : certaines ne sont transmises que lorsque les deux parents sont porteurs du caractère (souvent sans souffrir de la maladie eux-mêmes). D’autres passent de l’un des parents à l’enfant de l’autre sexe !

 

                Il est certain que des unions fréquentes de délinquants affirmés et – entre leurs descendances – de ceux qui se révéleraient les plus délinquants aboutiraient à une sélection et à l’obtention d’un génotype «Délinquant».

 

                A contrario, ce qui se passe actuellement, c’est-à-dire en général une horreur pour le délinquant en tout cas, pour fonder avec lui – ou elle – une famille : c’est le fait que le délinquant se soucie rarement d’avoir une descendant et que la Société s’emploie à l’en empêcher, tout cela fait que le caractère délinquant ne s’impose pas comme un caractère dominant et reste très rare.

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                Nous voulons souligner combien cette recherche sur le caractère inné de la disposition à la délinquance paraît probante !

               

                Par des voies tout à fait différentes :

-          analyse des casiers judiciaires de la population toute entière ;

-          analyse de la population des jeunes délinquants (1) ;

-          analyse de la population des récidivistes (2) ;

-          probabilité génétique sur la base des travaux de Monsieur Pinatel ;

 

Nous retrouvons toujours le même ordre de grandeur à savoir une fourchette entre 0,1 et 0,4 % de la population masculine en âge de commettre des délits.

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Et l’environnement ?

 

                Que de fois n’avons nous pas lu que hérédité et environnement se partagent l’individu. L’intelligence serait dur pour X % à l’hérédité et pour Y % à l’environnement…

 

                Nous sommes confus d’avoir encore une fois à exprimer ce que l’expérience la plus élémentaire montre en tous lieux à savoir que l’environnement agit toujours à l’encontre de l’hérédité.

 

                Qu’il s’agisse de végétaux ou d’animaux ou encore de l’homme, la génétique programme un certain développement. Le meilleur environnement possible permettra un développement total de l’individu sans lui permettre de le dépasser. Par contre, un environnement défavorable bloquera le développement physique de la plante ou de l’animal, même intellectuel de l’enfant élevé sans vitamines ou dans une cave, etc.

 

                Cette idée nous paraissait une telle vérité d’expérience que nous n’aurions pas pris la peine de l’écrire sans une «expérience» de l’INSERM publiée avec des cris de victoire l’an passé. Il s’agissait de trouver des couples de bébés jumeaux puis de déplacer l’un d’eux vers un milieu plus favorable et enfin de constater que l’enfant dans un milieu plus favorable était devenu plus intelligent ! (Et là contre-épreuve par l’examen de ceux qui ont été élevés dans des milieux identiques, l’Assistance Publique par exemple et connaissent des carrières si différentes ?) Donc l’intelligence était due à l’environnement !

 

                On a le droit d rester confondu devant de telles «démonstrations» et on comprend mieux la disette de prix Nobel  que connaissent les chercheurs français !

 

Les thèses biologisantes ne méritent pas d’être ignorées. Non seulement elles sont vraies mais elles portent l’espoir !

 

                Il est vain de cacher qu’une véritable censure s’oppose à l’étude des relations de la génétique et du comportement humain.

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Vers la page 19

 

 

 

                Darwin avait montré que les expressions du visage humain sont innées. Cela fut rejeté avec mépris et ironie jusqu’à ces derniers mois où il fallut bien finir par l’admettre après une expérience décisive en Nouvelle –Guinée. Fallait-il aller si loin pour reconnaître que l’expression est aussi proche que possible (en fonction des muscles présents) chez le singe, le chien et l’homme. Et qui ne reconnaît qu’une poule est en colère ou inquiète quand on lui enlève ses poussins…

 

                On ne peut donc refuser a priori l’hypothèse génétique de la délinquance.

 

                Quand on en voit toute la fécondité on doit redoubler d’efforts dans l’intérêt de la Science, le néant actuel de la criminologie nous montrant qu’en tout cas on ne fera pas plus mal.

 

                Quelles seraient les conséquences d’une démonstration définitive que le caractère délinquant est inné ?

 

                Tout d’abord, on quitterait le plan moral où se trouve traité le crime. Nous en avons déjà un exemple. Pendant longtemps, l’ivrognerie fut une faute morale puis pénale. La dyspepsie  puis l’alcoolisme sont devenues des maladies. Nous pensons faire reconnaître bientôt que comme la drogue et la prostitution, ce sont des dispositions génétiques.

 

                La conséquence d’une telle découverte serait immense :

                Pour les «malades»d’abord – Peut on reprocher à un diabétique ou un hémophile sa maladie ? Y aurait-il de meilleure excuse à l’acte du délinquant ?j

 

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                Pour les victimes ensuite. Dès que le délinquant serait reconnu, il serait mis hors d’état de recommencer, c’est-à-dire que la délinquance telle que nous l’avons définie plus haut – le nombre des délits et des crimes – tomberait à quelques pour cent de ce qu’elle est aujourd’hui.

 

                Pour les «malades-délinquants» encore, la prison n’aurait plus lieu d’être un établissement déshonorant, humiliant, dur à supporter, sont on sort flétri à jamais…

 

                On a banni avec horreur les notions de maison de correction, de redressement mais que leur a-t-on substitué sinon des établissements ou de solides gaillards passent leur temps, couchés, à écouter la radio, à préparer des tiercés ou à surveiller les gains des femmes qu’ils ont laissées sur le trottoir tandis que d’honnêtes gens s’échinent à travailler souvent au SMIC pour payer leur entretien. Nous sommes prisonniers des mots. Parce qu’il y a eu les camps de concentration et les goulags, on refuse d’admettre qu’il doit y avoir deux sortes de prison :

-          les prisons de sécurité où les incorrigibles sont enfermés pour les empêcher de nuire ;

-          des prisons ou écoles de formation où les délinquants travailleraient huit heures par jour, étudieraient encore deux ou trois heures et seraient libres ensuite. Quel danger, quel inconvénient y aurait-il à ce qu’ils s‘échappent ? Nous affirmons : aucun. Après 10 h de solide occupation, ils n’auraient qu’une envie, aller se coucher  Ils s’en vont ? Eh bien on les reprend comme on les reprendra à l’expiration de leur peines s’ils récidivent. Ils en auront assez avant leurs gardiens et la sévérité de leur détention s’accroîtra d’un cran à chaque incartade

 

 

Il n’est pas impossible non plus que la chimiothérapie fasse des progrès. Un tabou interdira-t-il une telle solution ? Ou du moins sa recherche ?

 

Ce qui compte, d’abord c’est  d’établir un diagnostic sérieux. Il fallait savoir combien il y a des délinquants qui ils sont.

 

Nous n’hésitons pas à dire qu’il fallait plus d’amour pour les délinquants, pour se livrer à cette recherche qu’il n’y en avait à se servir d’eux à des fins idéologiques. Et aussi de pitié pour les victimes.

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