Rêveries d'un chercheur
solitaire
L'EVOLUTION GÉNÉRALISÉE
SOMMAIRE DU DOCUMENT
PREMIERE PARTIE : LA PROPENSION A EVOLUER EST-ELLE UN ATTRIBUT DE TOUTE CREATION ?
Chapitre I / A: La continuité du minéral au vivant.
Chapitre I / B : la simple répétition crée du nouveau.
Chapitre I / C : Les conséquences de l'évolution généralisée
DEUXIEME PARTIE : L'EVOLUTION GENERALISEE EXPLIQUE MIEUX ET PLUS.
Chapitre II / A :le développement de la vie sur Terre.
Chapitre II / B : le processus d'évolution.
Chapitre II / C : l'explosion du Cambrien.
Chapitre II / D : les génomes des espèces contiennent des programmes homologues de comportement.
Chapitre II / E : le génome garde la mémoire de tout son passé.
Chapitre II / F : Origine exclusivement génétique de l'intelligence pure ou génie.
PREMIERE PARTIE : LA
PROPENSION A EVOLUER EST-ELLE UN ATTRIBUT DE TOUTE CRÉATION ?
LA CONTINUITE DU MINERAL AU VIVANT
Lorsque Charles Darwin eut compris que tout ce qui vivait sur Terre avait une origine unique, (qu'il attribuait à Dieu en deux lignes), il lui fut évident qu'il devrait encore expliquer comment, à partir de cette même origine, tant d'espèces différentes avaient pu se former d'où le titre de son grand oeuvre, "de l'origine des espèces ..." La difficulté était grande, car à l'époque si on admettait que Dieu avait créé les espèces, cette oeuvre ne pouvait être que parfaite et ne devait donc pas changer. Or Darwin constatait que les espèces l'avaient fait! Il en vint donc à admettre que des caractères nouveaux pouvaient être acquis et avec le temps se fixer définitivement. Le forgeron a de gros bras car son père et son grand père ont beaucoup forgé. Sous l'erreur, l'hérédité pointait. Restait à théoriser : l'explication de Darwin fut brillante et originale. Les espèces, à commencer par la première qui fut la mère de toutes les autres, sont, dit-il, dotées d'une "importante variabilité aléatoire".
Chez un autre que Darwin on aurait relevé une tautologie: si les espèces varient c'est qu'elles sont variables, C.Q.F.D.!
En fait, Darwin n'avait pas entièrement tort.Rien ne lui
permettait de soupçonner l'existence et le rôle du génome qui
détermine et construit les êtres vivants. Pourtant il
pressentit une variabilité spécifique de la
matière vivante. A défaut d'en connaître l'origine, et la
nature, il la qualifia d'aléatoire. L'objet et l'ambition de cet
opuscule est seulement de montrer qu'il convient d'aller plus
loin. Toute la création, minérale comme vivante est plus riche
que ne le pensait Darwin : elle est dotée non pas d'une
variabilité (passive et sans direction privilégiée) mais d'une
propension (active) à varier dans un sens bien privilégié,
autrement dit à évoluer.
Sensiblement à l'époque où Darwin travaillait à son grand oeuvre, de nombreux laboratoires poursuivaient des recherches sur la classification des éléments chimiques et s'interrogeaient sur l'origine des différences de leurs propriétés. Il appartint au chimiste russe Dimitri Mendeleiev, au coeur d'un foisonnement de découvertes convergentes, d'établir un "tableau périodique" faisant apparaître des ressemblances insoupçonnées et stupéfiantes dans le "comportement" chimique des éléments à intervalles réguliers ! Il composait ainsi des familles d'éléments, on aurait pu écrire des espèces!
Mendeleïev comprenant la portée de sa découverte en fit une loi de la nature.
Ce n'est que cinquante ans plus tard que Ernest Rutherford établit que le classement des éléments devait se faire d'après leur numéro atomique qui fut identifié, plus tard encore, comme étant le nombre des protons contenus dans le noyau de l'atome de l'élément considéré.
Est-il excessif de dire que la nature des éléments minéraux a évolué à mesure que le nombre de protons de leurs noyaux augmentait?
Certains sont d'ailleurs "instables" et changent soit spontanément soit sous l'effet de collisions.
Mais pourquoi les protons s'assemblent ils? Pourquoi ne le font- ils pas tous de la même manière? Pourquoi certains éléments sont-ils si répandus et d'autres sont-ils si rares? Quelle est la cause d'une telle diversité? A-t-elle une finalité?
Les chimistes et ensuite les physiciens ont eu plus de chance que Darwin car étudiant la matière inerte, formée -semble- t-il - plus tôt que la matière vivante et beaucoup plus simple que cette dernière, ils comprirent plus rapidement que la variabilité en cause était celle de la structure cachée, intime de la matière. Avec des particules ( neutrons, protons, électrons, etc) semblables, mais en proportions différentes, la nature construit des atomes différents qui, de la même manière se structureront en molécules d'éléments différents. Ces derniers se combineront à leur tour en une infinité de composés.
Chimistes et physiciens purent expliquer ainsi qu'il existe une structure sous-jacente de la matière inerte, invisible à l'oeil nu, qui détermine l'apparence et les propriétés de cette dernière.
Chimistes et physiciens comprirent ainsi comment mais non pourquoi la matière inerte se forme.
Dans un tout autre domaine, la réflexion languissait depuis
des siècles: les Arabes avaient bien dégagé un comportement
particulier aux éléments du jeu de dés "Az Zahar",
mais il fallut attendre les grands siècles français, avec
Fermat, Pascal. Laplace, Poisson et tant d'autres que je dois
renoncer à citer, pour mettre à jour le comportement curieux de
"tirages", qu'ils soient matériels ou non. Comment
expliquer que des essais nombreux de sorties d'objets,
d'évênements, voire de chiffres dans certains nombres se
distribuent selon des fonctions que l'on a pu mettre en évidence
et exprimer sous forme mathématique alors qu'ils sont
indépendants les uns des autres !!!
Quel lien peut il exister entre les verres déposés dans les
cafés, restaurants, discothèques etc de Paris ou de France? Et
pourtant il s'en casse presque exactement le même nombre chaque
jour.
Pourquoi les atomes des corps radio actifs se désintègrent-ils selon une période parfaitement et exactement connue?
Pourquoi, quand on classe les délinquants récivistes en fonction de leur âge au premier délit, constate-t-on que la moitié de la population étudiée est devenue délinquante entre 14 et 21 ans, le quart entre 21 et 28, le huitième entre entre 28 et 35 etc.? C'est à dire que les récidivistes constituent un ensemble qui obéit à la même loi naturelle que tous les éléments fissibles?
Et il apparut bien vite que la plupart des lois physiques sont des lois statistiques au point que l'Univers entier semble ordonné.
Pour en revenir à Darwin, à défaut de connaître la structure intime de la matière vivante, il imagina l'adaptation pour expliquer l'évolution de cette dernière.
Pour lui l'évolution ne concernait que le phénotype. C'était par réaction à l'environnement que le phénotype allait se modifier. Bien entendu la modification se fixait et donnait naissance à une nouvelle espèce.
Il fallut encore un siècle aux chercheurs pour comprendre que des molécules minérales pouvaient se rassembler pour former des gènes qui constitueraient à leur tour des chromosomes déterminant eux mêmes des êtres vivants aux caractéristiques bien établies.
L'adaptation, notion floue et mouvante s'il en fut, n'était pas une explication suffisante. Comment la quantifier et pouvoir dire que telle espéce est mieux adaptée que telle autre? La seule réponse à la question était que seules les mieux adaptées survivent...Très habilement le professeur Gould souligna que lors de catastrophes planétaires des espèces parfaitement adaptées pouvaient disparaître au profit d'autres qui l'étaient moins.Mais comment imaginer une adaptation à l'avance? Les vertébrés pouvaient-ils sortir de l'eau et puis se doter de poumons, de membres porteurs etc. Darwin imagina une adaptation graduelle: un poisson qui est surpris dans des marais asséchés par l'été va s'habituer peu à peu, d'année en année. De même des arbres surpis par une sécheresse exceptionnelle prolongeaient leurs racines. L'expérience montre plutôt qu'ils meurent. L'adaptation était donc difficile à admettre, mais il y avait des adaptations vraiment inimaginables: Darwin fut le premier à reconnaître explicitement qu'il était absurde de penser que l'apparition de l'oeil, par exemple, pouvait être le résultat d'une quelconque adaptation.
Il s'ingénia donc à compléter l'adaptation par la sélection. Ainsi, Darwin voulait expliquer la variation de la matière vivante en restant au niveau des êtres vivants et des espèces et non de leurs gènes dont il ignorait l'existence, une hypothèse s'ajoutait à l'autre et la théorie se compliquait.
La variabilité paraissait donc être une propriété de tout ce qui existe. ou du moins d'une partie des créatures vivantes car il était évident déjà pour Darwin, que toutes les espèces n'avaient pas varié, en tout cas pas à la même vitesse, que toutes ne s'étaient pas adaptées, que la sélection n'était pas aussi générale qu'il aurait convenu...Souvent on a écrit que les lionnes sélectionnent les gazelle en tuant les vieilles, les jeunes et les malades. Or les vieilles ne se reproduisent plus, on ignore si les jeunes qui sont tuées auraient été les plus rapides, quand aux malades, ils peuvent être aussi les mieux adaptés. Les successeurs de Darwin parvinrent à intégrer les données de la génétique: le néodarwinisme admet que c'est la mutation génétique qui est héréditaire et non l'adaptation au milieu. Il en revient donc à la première idée de Darwin, c'est la variabilité qui est le propre de la matière vivante et produit l'évolution dans la mesure où elle est corrigée par la sélection.
Les faits ne vinrent pas à l'appui de cette hypothèse aussi nettement qu'il était espéré: la sélection ne pouvait jouer instantanément, on aurait donc dû retrouver l'espèce qui allait muter et l'espèce celle qui l'avait fait parmi les fossiles...souvent le chaînon était manquant. Il y eut encore beaucoup plus grave et déterminant lorsqu'il apparut que des mutations convergentes s'étaient accumulées pendant des millions d'années pour préparer une espèce nouvelle : c'est ainsi que les poissons s'équipèrent tranquillement de membres porteurs, de poumons, d'une peau dont la perméabilité se renversait etc. etc. jusqu'au moment où, enfin, ils gagnèrent les plages sur lesquelles les végétaux les attendaient. Nous reviendrons longuement sur ce point.
Pour revenir à une explication simple de l'évolution, ne devrait on pas considérer qu'il n'y a pas de discontinuité entre le monde minéral et le vivant, que l'évolution est unique, qu'elle a commencé à la création de l'univers et ne finira qu'avec lui?
Cette évolution ne serait-elle pas tout simplement la propriété la plus ordinaire et la plus générale de l'univers, comme la masse par exemple. Mais une propriété peu ordinaire car elle n'aurait pas ce caractère passif de mutation aléatoire corrigée par la sélection, mais celui d'une propension à évoluer qui se manifeste depuis le Big Bang ...
Ne serait-il pas simplement dans la nature de la matière de se compliquer et de prendre ainsi des qualités ou des comportements nouveaux, comme l' avait mis en évidence Mendeleieff pour les éléments minéraux ? La Nature ne se borne-t-elle pas à compliquer ce qui existe pour faire du nouveau? D'ailleurs, comment pourrait-elle faire autrement? Pourrait-elle créer sans cesse des éléments ou des corps qui n'auraient rien de commun, pas même l'origine? Comment pourraient-ils réagir entre eux? D'où sortiraient-ils? En fait, la seule explication qui nous manque est celle du Big Bang d'où tout serait né -et c'est bien suffisant!
Quelle différence y a-t-il entre la présente hypothèse et celle qui donne à la matière vivante et seulement à elle une variabilité aléatoire corrigée par la sélection? Je dirai seulement que la première est plus simple, qu'elle est générale et surtout qu'elle est confirmée par les faits. C'est l'objet de ce petit travail d'essayer d'en apporter sinon la preuve, du moins suffisamment d'éléments de présomption.
Tout aurait donc commencé par l'explosion d'une quantité infinie d'énergie concentrée en un volume gros comme un ballon de football, voire, si on veut faire vraiment spectaculaire, comme une boule de billard! Cette origine si ponctuelle est discutable et même discutée. Elle procède du même état d'esprit qui situe l'origine de la vie dans une seule et unique cellule ainsi que nous le verrons plus loin. Cette explosion crée une "bulle" qui en se développant devient l'Univers. On ne sait si ce développement se poursuivra, se stabilisera ou se rétractera...
Disons seulement que cette énergie se trouve à un premier niveau d'évolution, faisant par là abstraction de ce qui pouvait exister avant.
Mais aussitôt, en se diluant et en se refroidissant, une partie au moins de l'énergie change de nature et se transforme en diverses forces, fortes ou faibles, nucléaire, électromagnétique, gravitationnelle, et c'est un nouveau, un second niveau d'évolution.
Pourquoi, comment? Voilà deux questions qui pourraient être posées maintenant à chaque ligne! Ce mystère est aussi grand que celui de la vie et pourtant il a fait couler moins d'encre...
Un troisième niveau apparaît: la matière, (mais est-ce vraiment déjà de la matière ou encore de l'énergie), formée des quarks et des particules de leur génération.
Puis l'Univers se refroidissant encore et selon un processus que nous retrouverons toujours, des combinaisons nouvelles de particules, des multiplications, des répétitions, des réitérations, des duplications, des redondances et des accrétions vont donner des atomes puis des molécules d'éléments nouveaux et souvent des isotopes qui pour une différence infime auront des propriétés fondamentalement différentes. Ce fut le quatrième niveau .
Les éléments de matière ne tarderont pas à s'unir en poussière puis en astres et en galaxies qui formeront des pouponnières d'étoiles, lesquelles vivront ( souvent en couples ou à plusieurs!). Parfois en se dévorant et en produisant de nouveaux atomes, de nouveaux éléments et mourront. Ce n'est pas moi qui ai inventé ce vocabulaire tout inspiré de la vie la plus humaine qui soit mais il convient parfaitement à la thèse que je soutiens! Ce fut le cinquième niveau.
Comme nous allons le voir, le sixième niveau sera celui de la matière vivante.
Pourquoi l'énergie originelle ne s'est-elle pas simplement diluée pour remplir l'Univers en demeurant homogène? Mais l'énergie elle même, d'où venait elle?
Quelle volonté ou quel plan préétabli, amène-t-il à
produire des éléments qui sont à la fois multiples, nouveaux ,
différents et dans des proportions si variables?
Rappelons-nous qu'après le Big Bang, ce sont des forces qui sont
apparues les premières. Etaient-elles destinées
à rapprocher et maintenir les grains de matière comme aussi
bien les galaxies qui allaient suivre mais n'étaient pas encore
apparues!. Ou bien ont-elles servi tout simplement parce
qu' elles existaient ?
.Ce qui parait certain c'est que les forces que nous connaissons (car on commence à en soupçonner d'autres) vont couvrir toute la création (en tout cas celle qu'on a su appréhender!). En effet, on commence à soupçonner une force antigravitationnelle qui agirait sur la "matière sombre" laquelle serait la principale composante de l'univers, mais là, il faut le reconnaître, nous sommes encore en pleine spéculation!
On ne s'est guère étonné de l'évolution de la matière
inanimée. Probablement par ce qu'on l'avait plus facilement
expliquée. Pourquoi s'étonnerait-on de l'évolution de la
matière vivante et lui chercherait-on d'autres raisons ?
Probablement parce qu'il y avait le livre de la Genèse,
révéré pendant plus de trois millénaires, encore que à la
lumière de nos connaissances actuelles, une nouvelle
interprétation puisse en être donnée. Elle sera bientôt
publiée sur ces mêmes pages web. Mais ceci est une autre
histoire.
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LA SIMPLE REPETITION CREE DU NOUVEAU
Je voudrais faire ici un rapprochement avec une expérience dont le résultat me parait tout à fait significatif pour le raisonnement que je soutiens.
Il s'agit de la "diagonale de la fourmi", découverte par un jeune mathématicien, Chris LANGTON, de l'Institut Santa Fé au Nouveau Mexique.
"Sur la grille d'un ordinateur vous placez une fourmi avec un programme extrêmement simple: se déplacer d'une case; si la case est blanche, la peindre en noir et sortir à 90° à droite. Si la case est noire, la peindre en blanc et sortir à 90 ° à gauche". On ne peut imaginer plus simple.
Ce qui est saisissant, c'est que pendant les 500 premiers pas, la fourmi retourne inlassablement vers la case d'où elle est sortie. Néanmoins les expérimentateurs ont continué...ce qui est un premier mystère.
Pendant dix mille coups la fourmi suit un trajet qui parait complètement chaotique où l'on distingue seulement des tentatives de sortie de l'ensemble dessiné. Or il apparaît bientôt que le parcours de la fourmi n'est ni chaotique ni aléatoire puisque soudain elle se met à suivre une diagonale dont elle ne sort plus et qui parait se poursuivre jusqu'à l'infini sans qu'on ait pu évidemment le démontrer...!
La fourmi exécute alors inlassablement une figure de danse de 104 pas qui la fait avancer en diagonale de deux cases.
Bien entendu, et Chris Langton affirme qu'il l'a fait, on peut modifier le programme. Tantôt on obtiendra un résultat remarquable, tantôt rien de significatif, mais est-on sûr d'avoir poursuivi assez longtemps?
Le travail de Chris Langton remonte à quelques années et je n'ai plus rien lu à son sujet. Etait-ce un canular qui aurait trompé les plus sérieuses revues scientifiques et des comités de lecture du meilleur niveau? On peut supposer qu'après l'accueil qui lui a été réservé, une supercherie aurait été sévèrement dénoncée.
Sous une telle réserve, ce travail parait pourtant extrêmement important et rien n'excuserait un désintérêt à son égard, dans la mesure où il semble que la simple réitération d'une opération fait apparaître un nouveau résultat, inattendu, sans que le programme soit changé!
Le programme de Chris Langton ne met pas en oeuvre de la matière mais seulement des positions réciproques dans un plan. Les images qui apparaissent sur l'écran ne sont pas des objets réels ayant une masse mais seulemnt la représentation visuelle d'un message. ..?
Il parait acquis, semble-t-il, que les qualités de la matière changent déjà quand son organisation dans un espace à trois dimensions est modifiée,- nous l'avons vu à propos des quarks ou des atomes. N'en sera-t-il pas de même lorsque les répétitions porteront sur les constituants du génome? On ne peut manquer, en outre, de faire observer que dix mille ou cent mille sont peut-être des grands nombres d'opérations à l'échelle d'une expérience de laboratoire mais non à celle de la nature. Combien y a-t-il de générations de bactéries en un milliard d'années?
Le mystère serait donc plutôt qu'une telle répétition n'amenât pas de changement! Imaginez, je vous prie, ce que pourrait être le résultat si au lieu d'offrir six possibilités à la fourmi pendant dix mille épreuves on offrait mille possibilités à dix mille particules ou gènes
pendant des temps géologiques...Cela pourrait-il expliquer la naissance de nouvelles espèces?
Il faut remarquer encore qu'une horloge s'est mystérieusement et spontanément associée à la mutation mise en évidence par Chris Langon. On devrait sans doute dire un compte-tours: c'est après un certain nombre de coups que la diagonale apparaît et non d'une manière aléatoire ou simplement désordonnée. Il y a un point de départ, un temps zéro à l'expérience de C.Langton, comme à la naissance d'un individu ou d'une espèce, ainsi que nous l'allons voir plus loin
Est-il possible d'espérer trouver un jour la clé de la création de la vie?
Une piste intéressante de recherche pourrait être la
suivante: si nous supposons que la vie s'est formée d'éléments
simples répétés comme un élément minéral lourd, sera-t-il
possible un jour de remonter dans l'histoire des premiers
éléments vivants, eux mêmes déjà très complexes, pour
retrouver la trace de leur composant originel? J'ignore si Chris
Langton a analysé la situation de sa fourmi dans les instants,
je veux dire dans les coups qui ont précédé la naissance de la
diagonale: quelle différence y avait-il avec la situation au
troisième ou au énième?
Un article récent de Martin Rees (Pour la Science de Janvier
2000) L'exploration de l'univers, me parait confirmer ce qui
précède. J'en extrais les lignes suivantes: "les
cosmologistes considèrent l'Univers comme une sorte de
tapisserie qui s'est modifiér à partir des conditions initiales
fixées une microseconde après le Big Bang. A partir de
lois physiques simples, des structures et des phénomènes
complexes sont apparus. Les lois simples n'ont pas
toujours des conséquences complexes. Examinons l'ensemble fratal
de Mandelbrot: c'est un motif avec une structure de complexité
infinie engendrée par un algorithme simple. En revanche,
d'autres algorithmes simples et d'apparence similaire donnent des
motifs ennuyeux...
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LES CONSÉQUENCEs DE L'EVOLUTION
GÉNÉRALISEE
L'EMERGENCE DE LA VIE EST POTENTIELLEMENT UNIVERSELLE
La première conséquence de la généralisation de l'évolution,
si nous la retenons dans les termes que nous avons vus, est que
en tous temps et partout où l'évolution produira de la matière
vivante et où l'environnement le permettra, la vie se
développera! Comme la conséquence naturelle d'une évolution
commencée dès la création et se poursuivant sans fin. Comme il
y a, semble-t-il, de l'hydrogène ou du fer, des diamants ou de
l'iridium, dans tout l'Univers, même si c'est en proportions
variables et parfois très faibles.
Est-il possible de préciser ce propos?
Ce que nous savons: il y a sur Terre, dans les conditions que nous connaissons, de la matière vivante active. Il y en a aussi au fond des océans, près de sources thermales plus que bouillantes, sous une pression énorme, sans lumière, environnement qui aurait été jugé exclusif de toute vie il y a quelques décennies.
Nous savons encore, depuis peu, qu'une (relativement) abondante matière, très proche de la matière vivante mais encore inactive se trouve tant sur les comètes que sur les météorites et qu'elle a été identifiée jusque dans la nébuleuse de l'Aigle, à quelques centaines d'années-lumière de la Terre.
De nombreux laboratoires de très haut niveau, ont entrepris récemment de créer dans les conditions originelles supposées de froid, de vide et de rayonnement intersidéraux les mêmes composés organiques et il y sont arrivés, sans pouvoir, jusqu'à maintenant, obtenir une matière vivante organisée et active, la vie tout court. Il faut remarquer qu'il y a soixante dix ans d'autres chercheurs imaginaient l'origine de la vie dans un environnement de chaleur, d'éclairs, etc. Le succès, même relatif de ces chercheurs, souffre peut-être une critique. Le "cocktail" soumis à l'expérience parait avoir été judicieusement choisi mais l'expérience n'a duré que quelques jours, parfois quelques semaines... Ne devrait-on pas déjà considérer que même une durée de quelques années, voire de quelques décennies serait encore bien courte pour retrouver les résultats d'un phénomène naturel qui a peut-être duré des millénaires! 0u quelques fractions de secondes comme certains le pensent aussi.
Une grande avancée parait acquise depuis qu'il apparaît que l'ARN aurait peut être précédé l'ADN.
Qu'aurait trouvé C.Langton après un million, dix millions de coups?
Est-il démontré qu'il n'existe qu'une façon de créer la vie? Et que pour naître la vie doit passer par une forme obligée?.
Cela parait évident mais peut-on oublier qu'il y a tant de
formes différentes de vie?
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L'EVOLUTION GÉNÉRALISEE REJOINT LA PANSPERMIE
A ce point, la situation se présente ainsi:
- dans les conditions du vide sidéral, quand le système solaire naissait, il y a 4,5 milliards d'années, et aujourd'hui encore, au moins dans la nébuleuse de l'Aigle, de la matière organique se forme, on ne sait dans quelles conditions, se fige à une température proche du zéro absolu et se conserve indéfiniment.
- des traces de matière vivante ont été identifiées au Groenland et datées de 3,9 milliards d'années, donc géologiquement parlant, très tôt après la naissance de la Terre.
- la vie la plus diverse: anaérobie (quand l'atmosphère terrestre ne comportait pas encore d'oxygène et jusqu'à ce jour dans certaines conditions d'enfermement), ou aérobie, puisant de l'énergie dans la lumière ou dans la chaleur, etc., existe encore maintenant sur Terre et se trouve même en plein développement sous de nombreuses formes qui paraissent s'être succédé depuis l'apparition de la vie;
- chaque jour les poussières spatiales qui tombent sur la Terre y déposent environ 30 tonnes de matières organiques (dont plus de 7/10° dans les océans et les glaciers polaires, les déserts brûlants et autres lieux apparemment peu propices au développement de la vie...)
-on a démontré expérimentalement que des éléments de vie primaire, notamment des bactéries et des levures pouvaient supporter un voyage intersidéral et un atterrissage sans ménagement;.
Tous ces éléments ( publiés en grande partie par Max Bernstein, Scott Sandford et Louis Allamandola dans "les briques de la vie", et C.-A. Roten, "Origine extra terrestre", )* ne confirment-ils pas, mieux qu'il était possible de l'espérer que l'évolution produit depuis des milliards d'années et jusqu'à maintenant, sur notre Terre, dans notre galaxie, dans la nébuleuse de l'Aigle, c'est à dire probablement dans tout l'Univers, des éléments de vie!!
La présente hypothèse de l'évolution généralisée (que je m'efforce de soutenir et de développer) n'est donc pas antinomique de celle de la "panspermie"! Au contraire, si on me permet de le dire en toute modestie, les deux se soutiennent et se complètent...
Si la vie peut naître partout et si, comme des expériences l'ont démontré, elle peut traverser le vide inter-sidéral et résister au choc de la réception sur une planète tellurique, il y a de bonnes raisons de supposer que des transports de matière vivante ont eu lieu et continueront de le faire. Cela expliquerait même qu'après chaque cataclysme total qui a pu écraser la Terre dans les premiers temps géologiques et tout détruire, la vie ait pu repartir et si rapidement.
L'existence de faunes aussi diverses que celles d'Ediacara, de Burgess, des sources du fond de la mer, voire des microbes anaérobies, des prions et des virus qui tous se rattachent difficilement les uns aux autres, pourraient trouver là une explication.
L'hypothèse que la vie continuerait de naître au long des siècles après une première réussite avait été soutenue un temps pour être aussitôt rejetée: la sélection ne manquerait pas, pensait-on, d'éliminer une vie à peine naissante donc tellement inférieure à toute espèce bien installée dans son milieu. Affirmation bien tranchante et définitive pour autant qu'elle n'était pas confirmée par l'expérience!
REMARQUONS que la matière organique qui tombait
sur la Terre alors que celle ci présentait un sol parfaitement
aride et aseptique ne pouvait que s'accumuler pour servir un jour
d'aliment à la première cellule vivante qui viendrait à sa
rencontre.
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L'EMERGENCE DE LA VIE EST PERMANENTE ET PLURIELLE
. On peut aussi imaginer, on doit même le faire si on admet provisoirement la présente hypothèse, que cette production de matière vivante est permanente. Pourquoi s'arrêterait-elle? Ne semble-t-il pas qu'en de nombreux lieux de l'Univers la production de matière organique inerte continue... Mais il faut rappeler ce que nous avons vu plus haut à savoir que l'environnement doit permettre le développement de la vie: le milieu a beaucoup changé depuis les origines de la Terre. Par exemple l'atmosphère n'a plus la même composition, les radiations du soleil ont été modifiées à leur tour par l'atmosphère, la température a baissé, etc.
Ce qui peut nous inciter à évoquer des origines diverses de la vie, dans l'espace comme dans le temps est la pluralité des faunes parfois éphémères dont au moins la trace est parvenue jusqu'à nous, de Burgess, d'Ediacara, de Tommot, du fond des abysses.
Si des molécules, (il faut prendre ce terme au sens propre) de matière vivante se produisaient aujourd'hui, quelque part dans l'océan indien ou dans les égouts de Paris, dans la forêt de Rambouillet ou dans le lac Ladoga, serait-il possible de les reconnaître? Qui va le faire? Qui va suivre leur évolution, sachant que dans quelques milliers ou millions d'années, peut être plus, elles donneront -si elles ont survécu- quelque archèe, peut-être un procaryote? Avec beaucoup de chance, et bien plus tard un eucaryote...
Et si nous identifions une nouvelle espèce de bactérie (qui soutiendra que nous les connaissons toutes) comment saurons-nous qu'elle est récente? De même, disposons-nous d'un seul élément qui permette d'affirmer que l'évolution de la matière inerte vers la matière vivante ne produira qu'une seule molécule vivante active, toujours la même qui évoluera à son tour et toujours de la même manière?
Déjà dans le monde inerte, l'évolution produit avec le même nombre de protons des éléments semblables et profondément différents. Nul doute que dans la matière vivante elle produise des espèces voisines.
Ce que Charles Darwin a découvert et ce que confirme l'état actuel des connaissances, c'est que chaque être vivant présent sur Terre aujourd'hui est le descendant d'une molécule de matière vivante qui a évolué et non d'un couple créé par Dieu puis sauvé du Déluge et destiné à se perpétuer sans changement selon l'interprétation classique de la Genèse, interprétation aujourd'hui profondément contestée. Et cela suffira à sa gloire!
. Mais ni lui, ni personne, ni rien, n'établit que tous les êtres vivants descendent de la même molécule! Qu'est-ce qui interdit de penser qu'il y a eu des dizaines voire des centaines de foyers de vie, au moins à l'origine, même si quelques uns seulement ont survécu?
Certes, cette matière vivante dans sa première évolution n'a jamais dû se trouver à foison sur la surface de la Terre. Néanmoins nous ne devons pas oublier qu'au rythme de quelques dizaines de tonnes par jour, la chute de matière organique sur la Terre, rassemblée par les vents ou les courants d'eau pendant des centaines de millions d'années, en quelques endroits privilégiés, cela fait beaucoup et a pu créer à la longue quelques oasis où le monde n'était plus aussi aride, minéral et aseptique qu'on pouvait l'imaginer.
Rappelons nous que trente tonnes par jour cela représente
plus de dix mille tonnes par an soit dix milliards de tonnes en
un million d'années. Aussi longtemps que la vie n'apparaîtra
pas, cette matière se conservera...Après quelques millions
d'années, cela formera de beaux gisements. Et plus d'une
molécule a peut-être réussi à s'assurer une postérité. Rien
n'interdit de penser que l'évolution de la matière inerte ayant
abouti à une matière transitoire qui n'était plus tout à fait
minérale et pas encore tout à fait vivante, (comme les quarks,
à cheval sur l'énergie et la matière), de la matière vivante
fut créée en différents lieux, en différentes époques, comme
le furent les éléments rares sur notre bonne petite planète
bleue et ailleurs.
L'unicité de l'origine de la vie, c'était le trait de génie de
Charles Darwin.
S'il s'avérait qu'elle ne s'est pas produite comme il le pensait, si cette unicité était relative, dira-t-on plurielle, son mérite ne serait pas moins grand.
D'ailleurs, pourquoi présumer qu'une seule molécule a été à l'origine de toute la vie ? Est-ce une hypothèse de travail ? Une idée fondée sur quelque réflexion ou observation?
Il faut bien le reconnaître, ce n'est qu' un a priori que rien de rationnel ne justifie! Car ce n'est pas tellement le genre de la Nature de "faire" à l'économie de moyens! Elle est plutôt généreuse , voire gaspilleuse. Pourquoi se serait-elle arrêtée après un premier essai...transformé?
Est-il plus judicieux de considérer que l'Evolution est une loi de la Nature ou un accident de la circulation?
Dans le brouillard où nageait ( avec quelques excuses, faut-il le dire) la pensée scientifique, on a supposé que "par hasard, les éléments nécessaires s'étaient rencontrés une fois dans des circonstances favorables à l'émergence de la vie". On a même soutenu (Pr S.J.Gould) que "l'apparition de la vie sur la Terre était quasi inévitable étant donné la composition de l'atmosphère et des océans primitifs, ainsi que les principes physiques des systèmes capables d'auto-organisation".
Il est bien regrettable que la composition de l'atmosphère et des océans et les principes physiques ne nous aient pas été communiqués car il semble qu'il y a encore quelques incertitudes là dessus. Et pourquoi cette pensée unique de faire dépendre la vie de facteurs climatologiques?
Ces deux propositions sont à l'évidence absolument contradictoires: la première évoque une probabilité infime, la seconde une "quasi certitude" . Considérerons-nous qu'elles s'annulent? Non, au contraire ! Sous leur désaccord formel, elles affirment que de la matière vivante pouvait ou devait se former partout !.
Pourquoi cette variante de la théorie de Darwin n'a-t-elle jamais été proposée?
Je suppose que l'unicité de la vie et l'évolution des espèces, avec comme conséquence la parenté étroite des hommes et des singes, étaient déjà des propositions si révolutionnaires et indécentes pour les contemporains de Darwin que rien ne pouvait y être ajouté.Ensuite les gens ont répété, génération après génération, une affirmation qui, semblait-il, n'avait plus à être démontrée. Comme ils répètent jusqu'à ce jour que si (selon Pascal), le nez de Cléopâtre avait été plus long, César et Marc Antoine seraient passés sans se retourner et sans siffler.
Pascal aurait dû écrire: "si Cléopâtre n'avait pas été reine d'Egypte..." mais cela, chacun en est bien conscient, ne présentait aucun intérêt car ce n'était pas un "scoop". En réalité, une reine d'Egypte ( l'Egypte était le grenier de Rome) était toujours désirable pour un dirigeant romain qui devait fournir du "panem" à sa plèbe! Et si c'était une jolie jeune femme grecque, plutôt libre, tant mieux, tant mieux, ça n'empêchait pas les sentiments! Le nez n'est pas tout dans une femme.
Je fais cette parenthèse car le mot bien imprudent de Pascal et sans doute lancé en manière de plaisanterie, sur les causes infimes de l'Histoire sert aussi à "démontrer" (par analogie!) que l'apparition de la vie ou celle de l'homme, n'a tenu qu'à un fil et aurait pu -tout aussi bien- ne pas se produire...Si Pikaia, cher au professeur Gould, ne s'était pas accroché au fond de son marais, nous ne serions pas ici, moi pour vous écrire et vous pour me lire!
C'est tout le problème de la contingence, fort à la mode dans les années nonante. Que signifie exactement ce concept ?
Le mot vient du latin "contingere" qui signifie selon les divers dictionnaires "arriver par hasard".Les Romains évidemment ne connaissaient pas le mot "hasard" dérivé du mot arabe qui signifie "jeu de dés" ni même le concept de probabilité. Pour les Romains est donc contingent ce qui peut se produire ou non sans qu'on le sache à l'avance Ce qui traduit seulement une ignorance et non pas une probabilité comme l'allusion au hasard pourrait le laisser supposer. L'arrivée, toujours brutale, d'une grosse météorite sur la Terre était pour les Romains un événement contingent car ils pouvaient toujours le craindre, comme les Gaulois la chute du ciel . Aujourd'hui, nos astronomes qui veillent toutes les nuits sur le ciel étoilé peuvent nous assurer que dans les semaines qui viennent nous n'avons rien à craindre, donc pas de contingence à ce sujet.
Si le hasard présidait à la survenance d'un événement, c'est à dire s'il y avait une probabilité même infime qu'un tel événement se produisît, compte tenu des temps géologiques sur lesquels nous raisonnons, donc du nombre quasi infini de tirages, nous arrivons à des certitudes: certitude de l'apparition de la vie, certitude de la chute catastrophique d'une météorite etc. Notre connaissance du passé de la Terre nous donne l'assurance de ce qui -à terme- nous attend et supprime toute contingence.
Souvent on entend citer cette pensée que l'Homme seul dans l'Univers, y est arrivé par hasard. Je reconnais volontiers que c'est beau, grand, pathétique et me donne toujours froid dans le dos. J'ai alors le vertige d'être un Homme.
Pourtant, en y réfléchissant, nous ignorons si nous sommes seuls dans l'Univers et pour combien de temps. Et nous dépensons beaucoup d'argent pour en savoir plus. Sommes-nous arrivés sans cause et sans probabilité alors que depuis des centaines de millions d'années des évênements, toujours réputés sans cause, se produisaient, toujours dans le même sens, comme si un plan préparait la venue un jour d'un singe nu...
Pour en revenir à notre sujet, la pluralité des sources de
la vie (bien qu'ayant la même origine, les quarks ont aussi
donné naissance à des éléments différents) est plus
vraisemblable et plus riche de développement : on pourrait mieux
expliquer la dispersion de la vie vers des êtres aussi
différents que les végétaux et les animaux, les insectes et
les mollusques, les vertébrés, etc.Car à l'origine, une infime
variation du programme suffisait à produire des espèces
largement différentes
alors que aujourd'hui elle n'aboutirait qu'à une différence de
détail.
Si toutes les possibilités ont été épuisées sur la Terre, ce
qui n'est pas démontré ( tous les éléments inertes possibles
ne sont pas présents à l'état naturel, il est possible qu'il
en soit de même des éléments vivants), on peut imaginer des
mondes où, provisoirement, la vie se limiterait aux végétaux
par exemple! Ou, au contraire, serait peuplé, pourquoi pas,
d'anges éternels et hélas pour eux sans sexe!
Enfin, abandonnons cette idée que nous sommes au terme de l'évolution, que l'homme est le dernier mot de la Nature...si ce n'est provisoirement.
HYPOTHÈSE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA VIE SUR TERRE
Admettons un instant, je vous prie, que la matière organique se
soit formée sur Terre ou qu'elle y ait été apportée par des
météorites. Il faut bien voir que dans les deux cas cette
matière s'est présentée sous forme de "grains" dont
le poids s'exprimera plus facilement en micro grammes qu'en
centigrammes! C'est dire combien il sera difficile pour elle de
trouver une niche dans laquelle elle pourra survivre, puis
s'organiser et se développer en attendant d'évoluer! C'est dire
encore combien elle sera fragile, combien de fois la vie ténue
qu'elle mettait en place sera brisée plus ou moins précocement!
Du moins au début car après quelques millions d'années il en
existera de véritables gisements comme nous l'avons vu plus
haut.
Ce qui confirme que la probabilité que la vie apparût était très grande! Sinon cette dernière n'aurait pu s'imposer.
La principale difficulté rencontrée par les
chercheurs de l'origine de la vie n'est-elle pas justement
d'avoir conduit leurs expériences sur quelques grammes de
matières, dans une éprouvette, par ce que Darwin avait parlé
d'une flaque d'eau ou d'une petite mare alors qu'ils auraient pu
envisager la naissance de la vie dans des gisements de milliers
de tonnes brassées au fond des mers par les courants et les
marées.
Les essais étaient si nombreux, sur des périodes si longues,
sur la surface de toute la Terre, que jusqu'à maintenant des
lignées anciennes, du premier jour, ou récentes se côtoient,
se développent et évoluent. Il n'est pas impertinent de penser
que si on savait comment les éléments minéraux se sont
discriminés on saurait plus facilement comment la vie est
apparue: la difficulté vient sans doute de ce que -tout
naturellement- on cherche en partant de la matière organique et
non en partant de la matière minérale.
Les cellules les plus récentes sont encore au stade des bactéries, d'autres plus anciennes ont pris de l'avance et sont devenues des primates ou des plantes à fleurs.
Nous sommes évidemment incapables, pour le moment, de reconnaître si telle espèce que nous venons de distinguer est nouvelle ou si elle était seulement inconnue il y a encore quelques milliers d'années.
Les cataclysmes mondiaux ont tout brouillé autour de nous, sinon nous pourrions suivre les lignées et la différence est si grande entre le temps géologique et le temps humain que l'univers nous parait immobile. Pourtant la vie évolue autour de nous. Quelle surprise ce serait de voir apparaîtra une nouvelle espèce de dinosaures à partir de poissons, soixante cinq millions d'années après leur disparition! Il existe encore des poissons à quatre pattes, s'agit-il d'espèces qui ont cessé d'évoluer ou d'espèces qui sortiront de l'eau dans quelques milliers ou millions d'années?
Et pourquoi pas, plutôt, une nouvelle espèce d'homo sapiens ?
Tout ceci ressemble à de la science-fiction. J'en suis bien conscient, mais qui peut affirmer et surtout démontrer que depuis que la vie est née sur Terre, un seul grain de vie s'est développé, a résisté à l'environnement si hostile des premiers âges, puis a suivi le cursus de la bactérie au ver, au poisson, à l'amphibien, au mammifère etc. l'évolution ne concernant chaque fois que quelques espèces...les autres restant figées en formant des "buissons"?
Ne peut-on penser plutôt que nous sommes entourés d'espèces qui sont à des stades différents d'évolution? Où mieux encore, d'espèces voisines qui proviennent de lignées différentes depuis l'origine et non pas d'espèces ayant évolué l'une de l'autre ou à partir d'un auteur commun? Mais elles avaient le même programme !
Pour prendre un exemple entre cent: ne peut-on soutenir que les grands singes et l'homme sont des espèces nées de lignées formées à des dates différentes espacées de quelques millions d'années ( je donnerai plus loin deux exemples troublants, celui du coelacanthe et celui des mammifères placentaires). Leur stade d'évolution étant voisin, leurs génomes seraient très proches ce qui n'est pas illogique.
Ces espèces pourraient vivre dans les mêmes lieux ou sur des territoires très éloignés.
Ces dernières lignes traduisent seulement la conséquence ultime de la constatation qu'aujourd'hui encore, et pour longtemps, il pleut sur la Terre chaque jour trente tonnes de matière organique. Le fait qu'elle se présente en grains de quelques micro gammes doit lui assurer une bonne dispersion. Dire qu'elle évoluera n'a rien d'incongru. Il sera difficile de démontrer qu'une matière organique arrivant sur Terre aujourd'hui ne pourra jamais évoluer.
Au contraire, si une cellule de matière organique tombe sur la Terre aujourd'hui, n'a-t-elle pas plus de chances de trouver des matières assimilables dans le sol ou dans l'océan que la cellule tombée sur la Terre aride il y a quatre milliards d'années. Ne va-t-elle pas évoluer plus vite?
Sa descendance sera-t-elle différente de celle de la
molécule tombée aux aurores de la Terre?
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DEUXIEME PARTIE : L'EVOLUTION GÉNÉRALISÉE EXPLIQUE
MIEUX ET PLUS.
LE DÉVELOPPEMENT DE LA VIE SUR TERRE.
La "théorie synthétique" de l'évolution décrit parfaitement comment "une micro mutation fortuite a donné en se répétant sous le crible de la sélection un caractère héréditaire qui a conduit à une spéciation" (par exemple une bactérie subit une mutation fortuite qui la rend résistante à un virus) mais elle n'explique pas pourquoi tant de bactéries et des espèces nées ultérieurement n'ont pas évolué. Ont-elles perdu leur variabilité ou n'en avaient-elles jamais disposé?
Pour prendre deux exemples, on admet que les amibes et les poissons agnathes qu'on rencontre aujourd'hui dans la nature sont les descendants directs et sans changement d'espèces primitives qui ont perduré. Une telle pérennité est surprenante, en tout cas, elle n'est pas démontrée.
Au contraire, si l'évolution darwinienne était une loi de la nature, elle serait générale et toutes les espèces y seraient assujetties. C'est à dire que toutes les espèces de poissons (mais il faudrait savoir pourquoi il y en aurait plusieurs) seraient devenues des espèces d'amphibiens qui eux mêmes..etc.
Rien n'explique en tout cas la pérennité de certaines espèces des bactéries, des amibes, des vers plats ou ronds, des poissons etc. Au contraire, le renouvellement constant de la matière vivante formée ou tombée sur la Terre en donne une explication qui est vraisemblable.
Les espèces qui paraissent n'avoir pas évolué, seraient seulement celles qui actuellement sont trop "jeunes" pour le faire c'est à dire mutatis mutandis, comme nous allons le voir, celles qui n'ont pas vécu les dix mille coups du programme de Chris Langton?
On est en droit d'affirmer (je me répète, je persiste et je signe) que puisque chaque jour des tonnes de matière organique tombent sur la Terre, chaque jour encore des éléments ont la possibilité de se développer et d'évoluer. Avec quelle proportion de succès? Bien faible, assurément, mais cela suffira pour renouveler les espèces vivantes, à l'identique ou à peu près. Pourquoi donneraient-elles de nouvelles espèces ? Ou, pourquoi pas? Est-ce exclu?
Ainsi, pour être plus explicite encore, la matière organique qui est tombée aujourd'hui sur Terre, deviendra, si elle survit, une colonie de bactéries pour ensuite évoluer vers quelque structure plus élaborée. Et l'amibe que nous trouvons aujourd'hui dans notre jardin n'est pas la descendante directe d'une lignée qui a cessé d'évoluer depuis un milliard d'années. Elle est au contraire la représentante d'une lignée en pleine évolution -sous réserve (ce qui n'est pas démontré et sur quoi nous reviendrons) que la vie doive nécessairement repasser par toutes les étapes de l'évolution, fût-ce rapidement.
Peut-on repousser a priori l'hypothèse que la vie s'y est reprise à plusieurs fois pour couvrir la Terre? D'abord nous relèverons que si faible que soit une probabilité, quand le tirage se fait à chaque instant et dure des milliards d'années, les chances de sortie augmentent et la Terre est assez grande pour donner à chaque sortie un peu d'avenir.
D'autre part, l'histoire de la Terre dans ses débuts a été suffisamment mouvementée pour qu'on ne puisse écarter l'hypothèse de cataclysmes après lesquels tout était à recommencer!
Le véritable miracle ce serait au contraire qu'une
cellule née par hasard il y a quatre milliards d'années ait
réussi à prospérer jusque aujourd'hui, contre vents et
marées, à travers les cataclysmes, sous les météorites, les
éruptions de volcans, les changements d'axe de rotation de la
Terre, les changements de climat etc. etc. Comment pouvons-nous
aller jusqu'à l'affirmer alors que cette première cellule n'est
encore que le fruit de notre imagination.
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LE PROCESSUS D'EVOLUTION
Le plus difficile est de voir ce qui est évident.
On commence seulement à mieux connaître le mécanisme de la reproduction et du développement des organismes vivants. On sait maintenant que la mutation qui va créer une nouvelle espèce apparaît au cours du développement de l'embryon et non au cours de la vie de l'individu. C'est donc qu'elle était déjà inscrite dans le génome qui a déterminé celui ci.
Cela n'est pas nouveau et a été amplement démontré.
La question est donc, d'où vient le génome nouveau, comment s'est-il formé?
Ce qui est sûr c'est que l'évolution "minérale", a conduit spontanément à l'apparition de composés organiques, de méthane, d'ammoniac, de cétones et d'acides aminés etc. puisqu'on en trouve jusque dans les comètes et les météorites où ils se sont sans doute formés et doivent logiquement continuer à le faire! Or ce sont des molécules qui précèdent ou accompagnent la vie.
Jusqu'où est-allée l'évolution de la matière inerte? Pourquoi se serait-elle arrêtée en si bon chemin? Peut-on tenir pour la preuve d'un arrêt le fait qu'on n'ait pas trouvé de matière vivante plus élaborée? Encore une fois y aurait-il un "chaînon manquant"?
Un premier point à relever est que n'avoir pas trouvé d'A.R.N. ou d'A.D.N. tout à fait primaires (et non tels que nous les voyons aujourd'hui dans les êtres vivants, élaborés par des centaines de millions, voire des milliards d'années d'évolution), à l'état libre dans la nature ne prouve pas qu'ils n'ont pas existé -ni le contraire d'ailleurs...
Il est bien possible que ces acides vitaux rudimentaires -supposés- aient été moins fragiles que ceux que nous connaissons aujourd'hui et aient pu exister en dehors des cellules. Mais il faut bien reconnaître que s'ils ont existé, leur fossilisation a certainement été difficile! Et que la surface de la Terre a beaucoup changé depuis quelques trois ou quatre milliards d'années.
Peut-on seulement dire qu'on les a cherchés? Si chaque grain de terre avait vainement été examiné avec autant de soin que les météorites venues du ciel, ou le spectre des comètes on en aurait peut être trouvé.
Depuis qu'on est allé voir de plus près les sources chaudes du fond des océans, on a eu bien des surprises: peut être des êtres vivants ayant une autre origine...que celle connue jusque là!!!
On a encore bien des incertitudes sur l'origine des virus et des prions et de toute façon, il faut être ferme sur les principes: il n'y a pas de preuve négative; on démontrera un jour, par des expériences ou des indices nombreux, précis, graves et concordants comment la vie est née ou en la créant, ou bien on continuera à échafauder des hypothèses cumulatives sans pouvoir privilégier l'une ou l'autre en se prononçant ..ex cathedra.
Les premiers chercheurs qui ont essayé d'expliquer la naissance de la vie (Oparine et combien d'autres), étaient partis de l'hypothèse que la vie était née sur Terre il y a trois ou quatre milliards d'années dans l'environnement tel qu'ils le supposaient alors: chaleur, atmosphère sans oxygène, mais en présence de beaucoup d'azote, éclairs foudroyant le sol, etc.
Que trouvons nous aujourd'hui?
D'une part, de la vie autour de sources thermales à 350°, au fond de l'océan, en l'absence de lumière, de radiations, d'éclairs et d'autre part des éléments souvent organiques (à base de carbone), comprenant aussi de l'oxygène, de l'hydrogène, du phosphore, de l'azote et des acides aminés, tous composés qui préfigurent la vie, sur des comètes ou des météorites qui traversent le vide sidéral!
Les uns comme les autres sont-ils des résidus, survivant à force d'évolution au fond des mers ou figés dans le grand froid et incapables de prospérer jusqu'à ce qu'une collision les dépose sur une planète accueillante?
Il faut remarquer que si la vie vient d'ailleurs, elle a, aujourd'hui, de grandes chances de tomber dans un océan , pratiquement sept sur dix. Quelle était la surface des océans il y a trois ou quatre milliards d'années? En outre, une chute dans l'eau serait sans doute moins violente qu'une chute sur des rochers et le dégagement de chaleur moins grand... le refroidissement plus rapide. Mais il s'en suivrait une dilution, avant un regroupement au creux de quelque vallée sous marine.
Pour avancer dans cette recherche, les meilleurs laboratoires traquent l'élément nouveau dans l'hypothèse d'une formation des constituants de la vie dans le grand froid; c'est très neuf par rapport à la recherche des années 20 ... Alors que spontanément la nature a transformé de l'énergie en forces et celles ci en matière minérale ou organique, peut-on accepter que la vie si diverse, si variée, soit le résultat de l'évolution d'une cellule? Si un chercheur trouvait enfin la manière de faire de la vie, qui pourrait empêcher tous les laboratoires d'en faire autant?
Essayons maintenant de voir de plus près les conditions que la vie devait remplir pour naître:
- la présence de tous les éléments nécessaires (matière organique, eau, chaleur, lumière etc) comme pouvaient le penser Oparine et ses successeurs, était-elle suffisante? La réponse parait évidemment négative! Un tas de sable, de briques, de sacs de ciment et d'eau n'est pas une cathédrale, ni même une chapelle: il faut un plan préalable, des moyens et une volonté de le réaliser.
Mais, faut-il le préciser, le plan sans les matériaux est tout aussi inutile.
- d'où viendrait ce plan, s'il existe? Je conviens volontiers que la seule présomption qu'il existe est qu'il est nécessaire et tout aussi vraisemblable que celui qui a conduit de l'énergie originelle aux éléments du tableau périodique de Mendeleieff...Mais, curieusement, personne ne l'a recherché !
- à cet instant on peut d'un geste large admettre que ce plan d'évolution de la matière s'étende jusqu'à la matière vivante, mais ensuite?
- Ensuite? Il y a deux possibilités. Soit ce plan contient en lui même tous les processus qui conduiront au développement de la vie que nous connaissons (qu'il soit complet dès l'origine ou qu'il se construise par lui même au fil des opportunités qui se présenteront); soit on admet que des mutations accidentelles, aléatoires se produisent et sont fixées lorsqu'elles sont neutres ou avantageuses aux yeux de la sélection.
Si nous étions sûrs qu'il n'y a qu'une alternative, il suffirait de démontrer que l'une des deux hypothèses est fausse pour que l'autre soit vraie. Je vais m'efforcer de montrer que la seconde hypothèse, celle des mutations aléatoires qui conduisent l'évolution, est difficile à soutenir:
L'unicité du plan: aussi loin que nous puissions remonter, ce que j'appelle le plan par référence aux gènes-architectes n'a pas changé de mode d'expression; des mutations vont survenir dans l'ordre des lettres, dans leur répétition, dans leur disposition, une hiérarchie s'établira parmi les gènes, mais jamais le "langage"ou mieux le "code" employé ni le mode d'action ne varieront. Cette constance sur des milliards d'années, qu'il s'agisse de construire des êtres unicellulaires, des végétaux, des insectes ou les plus gros mammifères marins est impressionnante et permet de penser que ce code est originel et éternel. Peut-il avoir été conçu à des fins aléatoires? A-t-on invoqué le hasard dans la genèse des forces et des éléments naturels?
Les directives du plan: rapidement, ne chipotons pas sur les centaines de millions d'années, la vie va prendre deux directions, l'animale et la végétale, qui se sépareront sans jamais plus se confondre. Les animaux sont doués de mobilité, les végétaux ne peuvent se déplacer que passivement, au gré de leur environnement.
Pourtant, les deux "règnes" conservent des traits communs, ils sortiront un jour de l'eau pour affronter un milieu totalement différent. A des époques très éloignées qui ne permettent pas de penser à une même cause extérieure à eux, mais qui s'expliquent très bien par le fait qu'une préparation préalable beaucoup plus longue était nécessaire pour les animaux. L'ordre de sortir de l'eau ayant été donné aux deux règnes en même temps, la préparation du second a été beaucoup plus longue.
De même, dans les deux règnes était apparue une mutation (est-elle encore plus fondamentale?), celle de la reproduction sexuée; la mutation dans ce cas produit non pas UN organisme nouveau mais alternativement Deux qui sont complémentaires, c'est à dire construits différemment, le mâle et la femelle, avec toutes les modifications que cela comporte pour chacun d'eux.
- La préparation de la mutation: ce sont des millions d'années à l'avance que les gènes architectes ont doté certains poissons de membres qui allaient leur servir pour sortir de l'eau, non pas des bourgeons ou des moignons, des béquilles ou des rudiments, mais des membres articulés qui leur permettraient d'avancer et n'auraient besoin que de faibles modifications pour leur permettre d'avancer rapidement. Ces membres sont bien visibles sur les fossiles, mais les autres modifications pour permettre la vie hors de l'eau sont aussi importantes et n'apparaissent guère sur les fossiles: modification du système respiratoire, de la circulation sanguine, de la perméabilité de la peau qui se trouve renversée, avec apparition de nouvelles glandes etc.
- La direction imposée aux mutations : on est rapidement conduit à penser que le plan des gènes architectes n'était pas établi dès l'origine "ne varietur" car souvent il y a eu tâtonnements, hésitations, retours en arrière. Si la direction vitale, générale, était bien tracée, l'exécution partielle, elle, va être empirique. Comme si un étage était dessiné après l'autre.
Par exemple des modifications apparaissent sur des espèces qui ne sont pas sorties de l'eau; en tout cas pas encore, telles le tympan ou l'articulation sur l'omoplate ou ce qui en tient lieu.
D'après les fossiles (nous ne connaissons évidemment que ce qui a été fossilisé et retrouvé) l'apparition des membres est fréquemment la première de ces mutations mais il arrive que celle des poumons la précède: le protoptère, est un poisson contemporain doté d'embryons de membres qui ne lui permettent apparemment pas de se déplacer, ou difficilement (-est ce un raté que la sélection néglige?), mais de poumons achevés grâce auxquels il passe la saison sèche enfermé dans un cocon dont il sait s'entourer (comme le feront encore bien d'autres animaux plus tard) et respirant grâce à ses poumons.
J'en arrive enfin à l'argument qui me paraît le plus fort, le plus déterminant en faveur de l'existence d'un plan, d'une volonté de le réaliser et des moyens de le faire : des chercheurs ont eu l'idée vraiment géniale
1- de s'assurer que telle construction est déterminée par un gène parfaitement identifié,
2- ils ont détruit ce gène et observé le résultat de leur intervention... rien ne s'est apparemment passé, le génome a assuré la construction prévue avant la destruction du gène.
Autrement dit: ce gène détermine la construction d'un organe; à défaut la construction sera assurée quand même. On a appelé cela un "bricolage".
Cette réparation n'est-elle pas la preuve
1) positive
a) qu'il existe un plan et la volonté de le réaliser,
b) que le génome a la capacité de détecter l'erreur avant qu'elle se produise,
c ) qu'il a les moyens de la corriger,
2) et a contrario,
a) que lorsqu'une modification se produit, elle ne le fait pas au hasard
b) mais qu'elle est voulue,
Sinon, il faut admettre que le système de réparation a été neutralisé, dans ce cas il y a eu changement de plan sur décision.
Cette découverte et les déductions que j'en tire, ne réduisent-elles pas à néant -sauf nouvelle explication- la théorie synthétique des micro-mutations aléatoires? Ne confirme-t-elle pas, au delà de ce qui pouvait être espéré, notre thèse de l'évolution généralisée ?
Est-ce une rêverie de faire la remarque suivante:
le premier élan vers une espèce profondément perfectionnée, dominatrice, telle qu'on n'a rien connu de mieux depuis, conduit aux termites, fourmis etc. Une même direction est imposée à l'évolution des comportements: soins aux oeufs, puis aux "petits"; très tôt certaines espèces d'insectes acquièrent une organisation sociale très poussée; division du travail par une modification morphologique des individus, modification réversible en cas de nécessité, guerre, esclavage, constitution de réserves alimentaires, agriculture, élevage.
Mais l'évolution des insectes se heurte sur notre planète à une difficulté majeure: leur taille. Ils ne pourront faire du feu ni travailler les matériaux durs comme la pierre ou les métaux car ils n'ont pour ouvrer que leurs mandibules et leur évolution n'ira pas plus loin.
C'est comme si le plan avait oublié une dimension, la gravitation ! L'ouvrage est repris, les espèces privilégiées deviennent énormes, monstrueuses, il n'en sort rien. Exeunt les dinosaures.
Cette fois c'est une pauvre espèce, bien peu douée, bien modeste qui a vécu jusque là dans l'ombre des premières, qui est élue; elle va se développer et présentera bientôt l'avantage d'une taille à la mesure de la gravité et des dimensions de la Terre. Après bien des hésitations, des modifications, de quadrupède elle deviendra quadrumane, puis bipède et bimane et retrouvera toutes les capacités des fourmis et des termites trois cent millions d'années plus tôt et en ajoutera encore quelques unes : conscience, usage du feu, fabrication des outils, écriture etc.Cette fois l'opération a duré moins de dix millions d'années!
Peut-on penser qu'il n'y avait pas un dessein dans cette recherche de formes et de comportements ? Que seuls des accidents du génome se sont produits qui auraient pu tout aussi bien ne pas le faire ou le faire incomplètement ? Pourquoi chez certaines espèces seulement et si rares ?
Il faut ici s'arrêter pour revenir un moment sur un fait capital déjà mentionné, par ce que le plus significatif pour ce qui concerne notre objet d'étude: l'apparition des quadrupèdes dont les circonstances sont bien connues aujourd'hui par l'étude des fossiles.
En 1929, un tout jeune paléontologue danois âgé de 19 ans, Gunnar Säve-Söderbergh, découvre le tétrapode fossile le plus ancien de ceux connus à l'époque. Ni le jeune chercheur lui même, ni personne ne doute que ce tétrapode soit terrestre. Je passe sur les détails, d'autres tétrapodes fossiles sont découverts et bientôt il apparaît -sans discussion possible- qu'ils remontent à 360, voire 380 millions d'années et qu'ils sont marins et le demeureront encore des millions d'années!
La surprise est énorme car si ces données sont exactes et on ne peut plus en douteren l'état des connaissances actuelles, les quadrupèdes sont apparus dans l'eau des millions d'années avant de s'élancer à la conquête des terres !
Pourquoi cette surprise et ce désarroi ? Simplement par ce qu'on ne peut plus imaginer qu'il s'agisse là d'une "adaptation" au déplacement terrestre, thèse abandonnée depuis quelques décennies, ni d'une "préadaptation" imaginée par L. Cuénot (décédé en 1951).
La production de membres qui supportent le corps seraient donc indépendante de la sortie de l'eau ? Cette disposition à se déplacer sur les membres alors que les poissons dans l'eau n'ont pas de poids, n'a pas reçu d'explication convaincante.
A peine étaient-ils sur le sol ferme que de nombreuses espèces se dressaient sur les membres postérieurs. La bipédie n'est pas apparue une fois pour toutes ou définitivement dans un ordre donné: les reptiles mammaliens, nos ancêtres vénérés (qui d'ailleurs n'avaient ni mamelles ni poils susceptibles de secréter du lait mais seulement des formes osseuses qui annonçaient les mammifères) n'en étaient pas dotés. Les oiseaux l'étaient tous. Chez les mammifères, on voit sa lente installation : quadrupèdes à l'origine, ils évoluent vers des démarches différentes : monotrèmes, marsupiaux, lémuriens très gracieux, kangourous, dont la partie arrière du corps est surdéveloppée et comporte une poche sur le bas ventre, etc. Les primates les plus anciens sont nettement quadrupèdes, ils deviennent quadrumanes malhabiles à se déplacer comme à se servir de mains encore mal proportionnées, tandis que de véritables quadrupèdes comme les rongeurs ont des mains bien formées. Enfin apparaissent des primates aux mains de mieux en mieux conformées pour appréhender et des pieds faits pour marcher comme chez l'homme.
Avec toute son autorité qui est légitime et immense, le professeur S. Gould prit position:
"L'apparition des membres n'est pas une adaptation comme on pourrait le croire naïvement ou intuitivement.
C'est une création qui n'a aucun but mais dont les porteurs se serviront le moment venu."
Et pour prouver que cette évolution existe, différente de l'adaptation, il crée un néologisme et la baptise "exaptation". Le professeur Gould, qui n'a jamais manqué d'humour, (je crois avoir lu avec agrément et profit, tous ses livres traduits en français), n'avait-il pas, ce faisant, une lueur malicieuse au fond des yeux?
( (Je ne résiste pas au plaisir de faire une courte parenthèse -que vous pouvez facilement sauter-pour vous conter l'aventure presque véritable survenue à l'un de mes amis. Invité sur la proposition d'un membre de la Royal Society qui apprécie vivement ses travaux de criminologie expérimentale, il se rendit au bal de la Reine, à Buckingham. Là il rencontra avec surprise un couple de ses amis, professeurs...
- "Figurez-vous, lui dirent-ils, que nous sommes venus à Londres pour faire un peu de shopping. Le shuttle, you know..Nous nous sommes retrouvés dans un grand hôtel de Picadilly, mais vous nous connaissez, dans une chambre sur l'arrière et que voyons nous, de l'autre côté de la petite rue, le grand établissement de location de vêtements, à l'enseigne de Cohen Bros, déjà célébré par Wodhouse! Par curiosité nous y sommes allés et les vendeurs ont cru comprendre que nous voulions essayer des vêtements de grande soirée! Impossible de les leur rendre ! Les vendeurs ne nous comprenaient plus, ils nous ont même mis dans les mains un éventail et un monocle...Nous avons décidé de tout garder pour la soirée. A peine-étions nous sur le trottoir qu'un taxi s'arrêtait. Je n'avais pas fini de lui expliquer en anglais que nous voulions seulement faire un petit tour, que le chauffeur s'écrie "je vous ai compris!". C'était un Français qui avait fui le Fisc et bientôt, il s'arrêtait devant Buckingham. Déjà un valet poudré nous ouvrait la porte. Que faire sinon descendre? Par chance, fouillant machinalement ma poche intérieure, je découvris une invitation oubliée sans doute par le précédent locataire des vêtements que je portais... et nous voilà! Qu'en dites vous?
- Mon Dieu, s'écria mon ami, c'est une exaptation, cela
existe donc ! )
Quand on ne peut connaître la réalité d'un fait, il est
toujours possible d'essayer d'en avoir une représentation
statistique. Quelle est la probabilité pour qu'une espèce issue
par hasard d'une archée, s'étant formée de nombreuses cellules
en trois feuillets, ayant acquis une bilatéralité autour d'un
squelette et tous les organes nécessaires à une vie aquatique,
se trouve subitement pourvue de deux paires différentes de
membres, bien fixés sur le tronc, puis de tous les organes qui
lui permettront de vivre hors de l'eau et de se rendre sur la
terre ferme voisine, juste pour voir ?
Et que des légions d'autres espèces les suivent bientôt ? Cette probabilité est bien faible. Au contraire, on peut affirmer que de nombreux indices, précis, graves et concordants montrent que seule une décision du génome a pu mettre en route une évolution dont nous connaissons les étapes, pour sortir du monde aquatique.
- les mutations: modification préparant la naissance d'un tympan nécessaire à l'audition hors de l'eau, d'un appareil respiratoire, d'une peau fort élaborée, d'un appareil circulatoire, de 2 paires de membres différents notamment, ont commencé longtemps avant la sortie de l'eau et n'ont pu, en aucune manière ressentir les effets d'un changement de milieu et s'adapter..
- ces mutations ont été mises en mouvement chez de nombreuses espèces indépendamment,
- la sortie de l'eau s'est produite indépendamment chez les végétaux et les animaux,
- chacune de ces mutations s'est produite sans transition, d'un seul trait et non par petites étapes. Aussi longtemps que nécessaire, l'ancien organe (aquatique) et le nouveau (aérien) ont coexisté, jusqu'à la sortie comme ils le font encore chez les tétards ou les amphibiens qui abandonnent la vie aquatique: il existe encore des poissons doté de branchies et de poumons, sans doute leur évolution s'achèvera-t-elle dans un futur plus ou moins proche -géologiquement parlant ! Certains disciples de Darwin avaient imaginé avec lui le gradualisme comme solution à la mutation, aucun n'avait pensé que l'organisme objet de la mutation pourrait subsister à coté de l'organisme muté pendant un certain temps pour ménager la transition: la Nature avait été plus imaginative qu'eux. Il aurait pu en être ainsi de la mutation vers la reproduction sexuée.
On ne peut ignorer que cette sortie de l'eau s'est étalée sur des millions d'années. Celle des animaux a commencé beaucoup plus tard que celle des végétaux. Ces derniers avaient-ils besoin d'une préparation moins longue ou sont-ils partis les premiers ?
On ne peut non plus, écarter d'un simple revers de main l'hypothèse que les animaux s'étaient formés plus tard que les végétaux. Ces derniers pouvaient vivre en assimilant des matières minérales, alors que les animaux avaient besoin de matières organiques pour lse nourrir.
Ceci nous ramène à l'hypothèse avancée plus haut que la
formation ou la chute sur Terre de matière vivante a pu donner
des "vagues" successives de vie, dotées de la même
possibilité d'évolution. On peut supposer aussi qu'étant
sortis en même temps que les végétaux, les animaux pendant
longtemps n'ont pu survivre faute de nourriture végétale.
Si, comme on le pense très généralement, la collection des
fossiles est maintenant assez complète, de nombreux faits au
moins viennent confirmer l'hypothèse d'une naissance renouvelée
au gré de la chute ou de la formation de vie sur la Terre; j'en
citerai trois par ce qu'ils paraissent très forts:
- Avant même la fin des dinosaures, les coelacanthes disparaissent et cessent de laisser derrière eux des fossiles pendant 80 millions d'années pour reparaître, légèrement différents, tout récemment.
- des espèces disparues au cours d'extinctions plus ou moins générales et réapparues soudainement sont assez nombreuses pour qu'on en ait fait des "taxons" (D. Jablonski). Deux éminents chercheurs, Claude Babin et Mireille Gayet (Pour la Science, dossier spécial de Juillet 2000) ont donné une explication : " cet effet implique l'existence durant la crise, de milieux refuges non repérés dans le registre géologique; on suppose que des milieux de transition écologiques (bordures continentales, marécages,, eaux saumâtres... ont pu jouer le rôle de recolonisation après les crises." Hypothèse tout à fait respectable et qu'il faut citer, mais qui n'exclut pas la nôtre, d'une nouvelle lignée.
- un jour, les mammifères, petits fils des reptiles mammaliens apparaissent simultanément sous les traits des monotrèmes et des marsupiaux. S'agit-il d'une modification du génome des premiers vers celui des seconds ? C'était une évolution bien rapide.
Mais il y a plus significatif: trente millions
d'années plus tard, les placentaires
apparaissent à leur tour. Cette fois, c'était bien lent !
Peut-on affirmer que les derniers ont procédé des premiers...ou
plutôt qu'une nouvelle lignée est née?
Une nouvelle fois, si nous admettons ces faits en faveur de notre
hypothèse de l'évolution généralisée, nous pouvons en tirer
des conséquences importantes:
1- toute l'évolution qui avait conduit des premières formes de vie aux poissons avait été menée de la même manière: rien ne permet d'imaginer un autre processus.
Ce qui n'interdit absolument pas d'admettre qu'une évolution soit possible encore par le jeu la sélection. Mais il s'agira de modifications de détails ( le bec des pinsons, la carapace des tortues des Galapagos, l'acquisition d'une résistance à un produit, etc.) pouvant aboutir avec le temps ou l'isolement géographique à une spéciation. Toute l'évolution darwinienne se réduirait à cette spéciation, non négligeable et surtout qui était la plus visible.
L'admettre n'est nullement péjoratif ou désobligeant à l'égard de Darwin et de ses premiers disciples; il ne viendrait à l'esprit de personne de critiquer Galilée ou Newton de n'avoir pas imaginé le monde quantique ( toutes proportions gardées...)
Ce qui a donné à cette découverte de l'apparition précoce des membres en milieu marin, toute son importance, c'est la révélation récente d'un fonctionnement du génome indépendant de toute influence extérieure, de toute nécessité d'adaptation fût-elle "micro".
Il est admis (je résume au risque de caricaturer), que, au moins dans les espèces construites sur trois feuillets, il existe des gènes régulateurs hiérarchisés dans leurs interventions qui donnent les directives de construction aux gènes de structure qui les réalisent.
Pour employer une image forcément grossière et inexacte, on peut dire qu'il existe un plan d'ensemble de la machine ou du bâtiment à construire, puis une série de "bleus" qui décrivent les parties ou organes à des niveaux différents qui sont envoyés à différents ateliers ou chantiers. Ainsi est décrit le vertébré aquatique avec des branchies, une peau qui empêche l'eau d'entrer dans le corps, des nageoires etc.
Puis une mutation - un ordre nouveau- survient. Elle va faire apparaître deux paires (en respectant la symétrie bilatérale) de membres. Ceux ci sont articulés, au sommet et au milieu, à la base, la partie inférieure comprenant deux os qui permettront une rotation. Cette construction va se retrouver dans des classes entières d'animaux.
La partie inférieure, articulée elle aussi, est dessinée sur un dernier bleu avec mille possibilités nouvelles: selon les dessins cette partie qui représente l'extrémité du membre sera composée d'une paume et de doigts, en nombre variable, permettant la marche sur la pointe des doigts, sur la paume, sur un ou plusieurs sabots, ou encore avec un pouce opposable, etc. C'est un véritable Mécano qui permet toutes les possibilités. Certaines boites de ce jeu (quand j'étais gosse j'en recevais une nouvelle à chaque Noël) seront peu utilisées mais ne disparaîtront pas : ainsi on retrouve encore -chez les humains- des familles dotées de six doigts, comme certains quadrupèdes ancestraux et d'autres qui sont recouvertes d'une "peau de chien".
Le panda lui même dispose d'un pouce superfétatoire et jusqu'aux dernières décennies on a soutenu ( "on" désigne ici des naïfs qui étaient profresseurs à Harvard ) que c'était une marque spéciale de bienveillance de la Nature et de l'Adaptation pour lui permettre d'effeuiller le bambou dont il est si friand. On peut penser plus simplement que c'est un opportuniste: ce pouce est bien placé, il s'en sert...comme on se sert de l'auriculaire pour se nettoyer l'oreille ou des oreilles pour retenir ses lunettes. Il n'y a pas plus opportuniste que le genre humain et le panda, mais le sixième doigt date du premier plan des poissons quadrupèdes qui en comptaient jusqu'à huit et le dessein était de donner une patte pour marcher. Il faut relever que le pouce superfétatoire est placé sur le coté de la main et non au milieu de la paume comme il aurait pu arriver par hasard. Si cela peut servir à effeuiller le bambou, pourquoi pas?
Nous nous trouvons donc en possession de deux éléments absolument déterminants:
- la mutation qui détermine l'évolution est le fait propre du génome qui décide -au moment qu'il choisit- la construction d'un membre ou d'un organe.
- cette mutation, la quadripèdie, a été mise en route chez les poissons plusieurs millions d'années avant leur sortie de l'eau.
Est-ce la ruine de la théorie synthétique?
Pas du tout! La rigidité des comportements et surtout des pensées est telle que de nombreux chercheurs, par ailleurs tout à fait respectables et qui avaient eux mêmes fait avancer la connaissance, s'écrient "cela ne met rien en cause, cela aurait pu ne pas être, il n'y avait pas de finalité mais seulement, par la suite, l'utilisation d'une opportunité..."
C'est donc le moment de collationner ce que j'ai appelé, au début de cet essai, des indices nombreux, graves et concordants que l'évolution est bien une disposition générale de la Nature et qu'elle obéit à un plan:
- tout ce qui vit, végétal, animal, éponge, arthropode, mammifère est construit selon des directives exprimées dans le même langage, de l'éphémère à la baleine.
- après une séparation qui date de centaines de millions d'années, certains gènes régulateurs et non des moindres, peuvent encore être échangés entre la drosophile et la souris, comme des éléments indépendants de la nature des éléments vivants: de même un coupe-circuit, un thermostat peuvent servir indifféremment sur une chaudière ou un satellite et mieux encore, un dessin sur l'écran d'un ordinateur n'est que la conséquence de l'ouverture ou de la fermeture de certains circuits électriques: dans une certaine disposition ils dessineront une patte de biche et dans une autre celle d'un éléphant. A un niveau supérieur, le ou les gènes qui déterminaient la peau des reptiles couvertes d'écailles (encore présentes chez le pangolin seul mammifère à porter des écailles) mettent en place la peau des mammifères avec une fourrure de poils mais sans glandes sudoripares (comme chez le chien) pour enfin adopter la transpiration du corps, etc:
Au même moment, géologiquement parlant,
-différentes espèces de poissons sont dotées de membres;
- toutes ces espèces vont subir toutes les mutations qui leur permettront de survivre dans un monde totalement différent du monde marin;
- elles vont rejoindre des espèces radicalement différentes,
les végétales, qui ont déjà subi des modifications qui n'ont
rien de commun avec les animales et ont précédé ces dernières
: l'ordre inverse eut été fatal aux espèces animales;
Pour en revenir au génome, comment pourra-t-il se modifier au
point de produire une mutation?
On connaît des "variations" provoquées par des facteurs extérieurs, par exemple lorsqu'une irradiation fait pousser chez la drosophile une patte à la place d'une antenne, ou encore une hormone qui, ayant été utilisée contre la fausse couche spontanée dote l'embryon féminin, ainsi sauvé, d'un sexe masculin superfétatoire -incomplet- etc.
Ces exemples souvent cités ne sont pas des exemples de
mutation mais seulement de dérèglement du développement de
l'embryon comme si on avait tenu la main du dessinateur. On ne
devrait, me semble-t-il, parler de mutation que lorsque une
espèce nouvelle est obtenue, c'est à dire lorsque un
nouveau programme cohérent est inscrit dans le génome et va
passer dans la descendance, l'ancienne et la nouvelle
espèce n'étant plus inter-fécondables.
Peut-on imaginer comment va se dérouler le processus de
mutation? on peut répondre au moins : "tout se passe comme
si..."
Prenons un individu vivant, se reproduisant normalement. Il est évident que son génome est semblable à celui de tous les membres de son espèce (attention, j'ai dit semblable et non identique car il y a de nombreuses -mais légères- différences d'un individu à l'autre d'une même espèce).
Il est semblable à ceux de son espèce car ils sont porteurs de la même virtualité (celle du plan ou de la fourmi de Langton) au début du processus.
Un jour, le temps de muter étant venu à l'horloge de l'espèce, (après l'équivalent des dix mille coups de la fourmi de Chris Langton), le processus se met en marche: le génome fait l'objet de dédoublements, de réitérations, de fractionnements en sorte que l'embryon se forme selon un nouveau plan. Ce génome qui va s'intégrer dans chaque cellule du nouvel individu assurera, qu'à chaque nouvelle génération, c'est bien le nouveau modèle qui se développera.
Il est clair que si le développement doit comprendre une ou plusieurs métamorphoses, le programme du génome le mentionnera. Ainsi un génotype peut programmer plusieurs phénotypes successifs!
Ce qui est capital à retenir, c'est que chez tous les individus appartenant à l'espèce, l'horloge marquera la même heure et donnera le signal en même temps! N'oublions pas que lorsque la matière inerte a évolué, le même nombre de protons a donné des isotopes bien différents entre eux. De même, souvent ce n'est pas une seule espèce vivante qui succédera à une autre mais plusieurs, augmentant la diversité de la matière vivante.
Il parait difficile d'imaginer des reproducteurs humains mettant au monde des enfants fondamentalement différents d'eux mêmes. Pourtant j'ai pu constater plusieurs fois que parmi ses enfants une mère préfère celui qui n'est pas tout à fait "normal". Est-ce la force de l'amour maternel ou un moyen de la Nature de prévenir les difficultés? Gardons-nous de prêter des sentiments à la Nature qui est parfaitement indifférente et c'est sans doute mieux ainsi.
Lorsqu'il s'agit non plus de la Nature mais d'individus dotés de conscience et de sentiments, l'événement se présente différemment.
Nous l'avons bien vu lors de l'affreux accident de la Thalidomide. Des milliers de femmes enceintes avaient continué à prendre un sédatif qui leur avait parfaitement réussi avant leur grossesse et dont on ignorait qu'il provoquait des infirmités graves aux enfants en les privant de leurs membres: dans la plupart des cas, les mains ou les pieds étaient directement rattachés au tronc ou à des membres très réduits. Cette forme d'anomalie fut appelée la phocomélie par rapprochement avec la conformation des phoques. Heureusement, on dit que la déformation des enfants n'était pas acquise et que la génération suivante ne devait pas être atteinte. D'une manière bien compréhensible les malheureuses victimes furent réunies et élevées dans des centres où elles pouvaient recevoir toute l'aide souhaitable. Si quelque chose a été publié sur ce cas extraordinaire, ce fut dans la plus grande discrétion.
Que se serait-il passé si la thalidomide avait provoqué des dommages héréditaires?
Nous serions dans le cas que nous avons envisagé d'une
nouvelle espèce "homo". Serait-elle inter fécondable
avec la nôtre? Oserait-on s'en assurer, fût-ce in vitro? Il
faut sans doute y réfléchir..Remarquons cependant que dans le
cas que nous venons d'envisager l'effet de la thalidomide venait
d'un élément extérieur et non du plan propre à l'espèce ce
qui expliquerait que la mutation ne s'est pas installée.
Faut-il s'étonner qu'une redistribution des composants du
génome construise avec les mêmes cellules, des poumons au lieu
de branchies, des pattes au lieu d'ailes? Non, puisque c'est ce
que nous voyons tous les jours, soit normalement, soit
accidentellement.
Un élément qui confirme l'existence de cette horloge-compte
tours, c'est que les espèces dont les individus ont une durée
de vie très courte, ont évolué beaucoup plus vite que les
autres: les termites sont parvenus à l'organisation sociale, la
guerre, l'esclavage, l'agriculture, plusieurs centaines de
millions d'années avant l'espèce humaine.
Dans la théorie de Darwin il serait difficile d'expliquer
comment, depuis que la reproduction sexuée existe, lorsqu'un
individu subit une mutation "aléatoire" et
qu'il appartient ainsi à une nouvelle espèce, il
parvient à se reproduire. Car cela lui est impossible, a
priori, puisqu'il devrait rencontrer un individu de sexe
opposé, ayant subi la même mutation, au même moment, sur le
même lieu, toutes conditions réalisées par hasard, avec une
probabilité quasi nulle. Il ne semble pas que ce point ait été
abordé par Darwin. Au contraire, si toute l'espèce mute dans le
même temps, ces difficultés disparaissent.. Devons-nous
chercher un plan surnaturel à ce processus de mutation?
Pourrait-on imaginer que les deux systèmes reproductifs
subsistent ensemble, permettant la reproduction de l'ancienne et
de la nouvelle espèce? Il est probable que le produit serait
l'ancienne espèce. En fait, il semble bien que les gènes soient
hierarchiés alors qu'on les a crus alignés et tous de même
valeur. Ceci explique qu'il y ait deux sortes de mutations: au
niveau le plus haut la mutation entraîne la création d'une
nouvelle espèce, au niveau de base, la mutation est partielle,
modifie un détail, la forme du bec ou la couleur de la carapace
de la tortue. La perte de l'interfécondité proviendrait alors
aussi bien de l'éloignement que de la mutation de détail.
Pour en revenir au plan d'ensemble, je dirai seulement que s'il est nécessaire au raisonnement, voire s'il existe, c'est le même que celui qui a produit dans l'Univers, à partir de l'énergie mise en oeuvre dans le Big Bang, les forces et les différents éléments inertes et leur faculté à se combiner entre eux! Si un plan n'avait pas présidé à cette évolution, comment imaginer que les mêmes éléments minéraux aient pu se former à des milliers d'années lumière, indépendamment, simultanément et aléatoirement?
Ce plan existe, c'est tout ce que nous pouvons dire, le nier
serait parfaitement irrationnel. Qui en est l'auteur? Je pense
que chacun peut apporter sa réponse et s'en satisfaire. Je ne
fais cette réponse ni par crainte d'un parti ni par prudence
mais seulement par ce que je suis pour la liberté, notamment de
pensée, la mienne et même celle des autres.
Bien mieux, pour en revenir à elle, l'hypothèse avancée ici
explique pourquoi l'espèce qui a muté disparaît devant la
nouvelle, pourquoi on ne trouve pas de fossiles contemporains des
deux espèces et pourquoi les paléo-biologistes cherchent
toujours le chaînon intermédiaire qui est "manquant";
C'est tout simple, il n'y en a pas!
Il faut rappeler, par exemple, que pendant longtemps on a illustré la théorie de l'évolution en montrant des fossiles d'espèces de chevaux faisant apparaître la filiation d'une espèce à l'autre. c'était vraiment un modèle d'évolution. Une étude plus approfondie fit apparaître que la présentation pourtant si éloquente était complètement erronée car construite (de bonne foi) pour les besoins de la cause!
De même, on possède cent ou mille fois plus de fossiles de l'espèce "homo" ou pithécanthrope que d'aucune autre espèce animale. En outre l'espèce homo est une des plus récentes qui sont étudiées, à peine quelques millions d'années! Pourtant on ignore encore quel était son ancêtre commun avec les singes. Et pour longtemps car il n'y en a pas.
Si Wallace n'avait pas envoyé son essai à la Royal Society, il est probable que Darwin aurait encore retardé la publication de son travail, car il n'en était pas totalement satisfait: il était le premier à reconnaître que sa théorie n'expliquait pas tout. Or il savait bien qu'il n'y a de science que du général !
Par exemple, si l'évolution aléatoire des espèces et la sélection étaient des lois générales, toutes les espèces devraient évoluer dans le sens d'une meilleure adaptation, ce qui n'est manifestement pas le cas: souvent la mutation n'apporte aucun avantage, au mieux elle est neutre.( je rappelle que l'adaptation comme cause de l'évolution a été abandonnée).
Dans l'hypothèse de l'évolution généralisée, cette dernière s'accomplit sans aucune finalité.
La matière organique est produite aussi naturellement que le gaz carbonique quand on verse de l'acide sur de la craie.
Le moteur de l'évolution n'est ni l'adaptation, ni le hasard mais simplement la tendance naturelle à devenir complexe, à se "complexifier", comme à subir la gravité...quand on a de la masse.
Si l'adaptation et la sélection avaient été les moteurs de l'évolution, le nombre des espèces aurait dû diminuer au lieu d'augmenter: une seule espèce d'herbivore par savane, mais la mieux adaptée et un seul prédateur carnivore, le plus doué, une seule espèce de poisson par bassin maritime ou fluvial etc. Toutes ces hypothèses sont controuvées par l'expérience.
Si, au contraire, la propension à évoluer est une composante de la matière, assortie d'une horloge qui la temporise, les espèces ne muteront que lorsque leur temps viendra..car cette propension est une donnée interne et non un facteur externe tel que l'adaptation ou la sélection. La diversité des espèces s'explique alors du fait qu'à chaque mutation l'espèce se trouve engagée sur un nouveau circuit qui lui est propre, qui est différent des autres, sans possibilité de les rejoindre.
Ce que je veux dire par là c'est que la mutation, dès qu'elle atteint des organismes déjà un peu évolués, devient une opération si compliquée qu'il est difficile de se la représenter: la mise ne place de la reproduction sexuée, de la thermorégulation doit modifier des dizaines voire des centaines de systèmes et d'organes vitaux. Prenons un exemple sur lequel j'aurai l'occasion de revenir: la conception et la gestation des mammifères.
Il parut évident au début que le sous-groupe des monotrèmes avec leurs oeufs et la sécrétion de lait sous les poils de leur giron, assuraient parfaitement la transition vers les marsupiaux et les placentaires.
Je passe les détails, on n'en est plus du tout certain. Tant s'en faut. On ignore encore si la mutation s'est faite de quelque ancêtre commun inconnu aux trois sous- groupes ou si elle est passée de l'un à l'autre...
L'adaptation n'est plus en cause et je ne m'étendrai pas sur les avantages adaptatifs supposés pour la mère, pour le petit ou pour l'espèce qu'il pourrait y avoir à porter le foetus dans une poche sur le ventre ou dans le ventre plutôt que de pondre un oeuf.
On en est réduit à chercher pourquoi le génome des monotrèmes aurait muté vers celui de l'un des deux autres sous-groupe, puis vers le troisième? Si on pense encore que la mutation est aléatoire, trois processus aussi compliqués pour obtenir le même résultat, cela parait peu probable, surtout si l'on retient que trente millions d'années séparent l'apparition des monotrèmes de celle des placentaires.
Il faut d'abord remarquer que cette triple mutation n'est qu'une supposition que rien ne vient conforter. Les fossiles n'ont rien établi de décisif dans ce sens.
Alors, pourquoi ne pas former une hypothèse plus simple donc plus vraisemblable et confortée au moins par des données positivement acquises au débat? Je reprends du début.
Nous savons que depuis longtemps de la matière organique se forme ou tombe chaque jour sur Terre. Personne ne dénie qu'elle se soit au moins une fois transformée en matière vivante.
Formons l'hypothèse qui n'est pas choquante ni ridicule en soi, que chaque fois que les conditions du milieu le permettront, la matière vivante formée tentera de se développer et d'évoluer.
Qui soutiendra que cette évolution doit se faire toujours et dans les moindres détails à l'identique ?
Au contraire, tout ce que nous savons des "gènes architectes", de leurs prodigieux "bricolages", de leur faculté à déplacer dans les chromosomes , de donner de nouvelles fonctions à des remplaçants, de réparer des accidents etc. nous conduit à admettre qu'ils réaliseront le plan qui leur a été donné avec les moyens qui sont à leur disposition.
Dans la réalisation du plan "construire un mammifère", une lignée conduira aux monotrèmes, une autre aux marsupiaux, la troisième aux placentaires, trois résultats homologues. Mais il est bien évident (j'exagère peut-être car je n'ai pas vu la chose tout de suite) que jusqu'à l'espèce de séparation, le parcours sera le même: les trois sous groupes paraissent donc avoir le même grand-père. Le doute serait permis si les trois groupes étaient nés au même endroit et en même temps, en tout cas d'une manière contemporaire au dit grand père. Ce n'est pas le cas pour les placentaires dont rien ne permet de dire (au moment où j'écris) qu'ils sont issus des monotèmes ou des marsupiaux.
Cette hypothèse est-elle folle comme l'imagination au logis? Non, puisque l'expérience montre que le résultat a pu être obtenu, la théorie en cours avançant simplement une autre voie, que nous venons de voir, mutation qui n'est ni plus vraisemblable ni plus simple...
Dès lors la programmation dans le génome d'une modification
aboutira, dans des espèces différentes, à des effets
semblables mais non identiques, peut-on dire homologues? Par
exemple les soins à apporter aux descendants se traduiront par
des comportements différents chez les oiseaux, les primates ou
les fourmis. Mais le résultat sera le même. Les tenants de
l'adaptation parlaient de convergence: était-ce suffisant pour
expliquer que des caractères ou des comportements semblables
aient pu apparaître aux quatre coins de la Terre, à des
époques éloignées de dizaines de millions d'années, sur des
espèces qui n'avaient plus rien de commun, qui s'étaient
séparées, si l'on en croit la théorie darwinienne depuis des
périodes géologiques, dans des environnements totalement
différents, par exemple la reproduction sexuée chez les animaux
et les végétaux. Il aurait fallu préciser que la
convergence supposée était celle des caractères propres des
espèces (parce que inscrites dans leur génome) et non la
convergence d'adaptations à des milieux semblables.
Le moment me paraît venu de faire une remarque importante: ayant
été hospitalisé, j'ai appris à retardement par un article
passionnant de M. Jean Luc Vonnez ( Le Temps du 9 Janvier 2001)
la présentation d'une conférence de M. Richard Iggo, chercheur
à l'Institut Suisse de recherche expérimentale sur le cancer.
Je ne peux faire mieux que citer les paasages qui nous
intéressent directement: " pour un organisme
multicellulaire comme le corps humain, le problème fondamental
n'est pas tant de maintenir les cellules en vie, mais de réguler
leur reproduction pour assurer l'harmonie de l'organisme".
C'est à dire d'éviter les mutations et a contrario de ne
conserver que les mutations qui seront souhaitées. "La
nature a mis au point une mécanique subtile pour contrôler la
division des cellules". Ces moyens sont la possibilité pour
la cellule d'arrêter sa division ou si elle n'y parvient pas de
se suicider. Lorsqu'un cancer se déclare, des mutations vont
empêcher ces sauvegardes de se produire, la cellule n'arrêtera
pas sa division, ne se suicidera pas, bien mieux (dans la logique
de ce comportement), la cellule produira une enzyme télomérase
qui l'empêche de vieillir au fil des divisions !!! Plus terrible
encore (pour l'hôte volontaire ou non - comment le savoir?), de
ces cellules, celles-ci stimulent la croissance des vaisseaux
sanguins qui leur apportent la nourriture et sont dotées d'une
faculté de migrer à travers l'organisme !!! Ces constatations
vont définir la stratégie de la lutte contre le cancer. Pour ce
qui concerne notre objet, le caractère le plus remarquabble des
cellules cancéreuses est leur diversité génétique: "une
tumeur à peine détectable -de l'ordre d'un demi centimètre de
diamètre- contient déjà un milliard de cellules porteuses de
trés nombreuses variantes du génome".
Nous savons que des cultures de cellules cancéreuses ont été pratiquées pour des durées qui paraissaient longues. Mais souvenons-nous des dix mille coups de Chris Langton avant d'arriver à "l'autoroute de la fourmi". Combien faudra-t-il de générations de cellules cancéreuses pour voir se dessiner une espèce? Une première remarque vient tout de suite à l'esprit: pourquoi la nature fabrique-t elle ces cellules si elles doivent mourir avec celui qu'elles tuent? Mais ce n'est le cas que si l'hôte est incinéré ou enseveli dans un cercueil étanche; s'il était abandonné à terre, les cellules auraient une chance -même infime- de se trouver dans un milieu favorable et de poursuivre leur développement. Qui tentera cette recherche au long, très long cours sur l'avenir des cellules cancéreuses ?
Enfin, dernière observation, peut-être la plus importante: en préparant l'espèce humaine, avec tous les comportements qui lui permettront d'aller plus loin que les fourmis, les abeilles ou les termites trois cent millions d'années plus tôt, en lui donnant en outre la conscience ( mais comment pouvons nous affirmer que nos trois modéles en sont dépourvus?) la Nature abordait un domaine nouveau qui lui était jusque là -apparemment - étranger. De l'énergie à la matière elle passait à l'intelligence et au jugement de valeur ?!, par des modiofications physiologiques? Nous retombons dans la plus cruelle alternative: était-ce par hasard ou existait-il un plan?
Est-il permis maintenant d'essayer une contre épreuve de ce qui vient d'être dit et pour être concret, utiliser l'exemple de l'apparition de la reproduction sexuée? Voici donc une population d'amybes qui se reproduit paisiblement chaque fois qu'elle s'est suffisamment développée ayant trouvé dans son environnement toute la nourriture qui lui convenait. Elle réorganise son génome, le partage en deux, réunit autour de chacune des deux parties la moitié de tous les éléments qui la composent et se coupe littéralement en deux parties qui constituent alors deux amybes "filles", identiques -sauf erreur- d'opération à la cellule "mère". Il semble en effet que lorsqu'il n'y avait pas de sexe, la vie était féminine par définition puisqu'elle se perpétuait et se développait.C'est alors que -par hypothèse- survient une "micromutation". Contrairement à ce que nous croyons savoir, elle n'est pas corrigée par le génome lui même et subsiste, sans apporter d'avantage ni de désavantage sélectif. Elle est neutre et va subsister. A chaque génération elle sera présente une fois sur deux. Puis de nouvelles micromutations vont apparaître, toujours de la même manière aléatoire, jamais corrigées, toujours fixées. Combien de micromutations, combien de générations, combien de temps faudra-t-il pour qu'un jour, enfin, un dispositif sexué complet, opérationnel soit mis en place et passe toujours une fois sur deux à la génération suivante ? Dès lors le sexe masculin est en place, il apparaîtra (le plus souvent) une fois sur deux à chaque génération. Les amybes que nous appellerons plutôt "enfants" que "filles" pourront changer de mode de reproduction. La cellule qui entreprend de se reproduire ne se divise pas mais sélectionne la moitié de son génome et ce qui serait passé dans la fille et une autre cellule apporte soit les mêmes constituants soit l'élément mâle dont elle dispose : c'est une fécondation sexuée...On aurait pu craindre qu'une ultime micromutation dote certaines cellules de deux éléments masculins : on aurait alors trouvé dans la Nature les produits suivants: (XX x XX = XX), (YY x YY= YY), (XX x YY=XY).
Il est possible que YY n'était pas viable ou que la sélection l'a éliminé.
Il n'est pas impossible que la reproduction XX x XX soit possible dans certains cas. Ainsi s'expliquerait la parthénogénèse et la réussite de certaines méthodes de clonage. Ce qui est certain c'est qu'il n'y a pas d'individu purement mâle, tout individu sexué porte au moins un chromosome X, beaucoup plus important, riche et développé que le chromosome Y.
Bien que très rudimentairement exprimé, tout ceci paraît cohérent et les résultats ne sont pas contradictoires avec ce que nous connaissons, mais le hasard dans tout ça ? Peut-on admettre que de petites micromutations se produisent sans raison, s'accumulent sans que jamais une micromutation inverse vienne tout mettre à néant, qu'après des centaines de milliers ou de millions de générations un système sexuel apparaisse et se se mette à fonctionner, seulement par ce qu'il existe et se révèle plus riche, plus fort que la génération asexuée prédente?
La mise en place de la reproduction sexuée a exigé tant de modifications des différents organes, parallèlement et complémentairement sur les deux sexes, modification du cerveau, des systèmes nerveux sympatique et para sympathique, du système sanguin, de la production des neurotransmetteurs, de la production des cellules vitales, sperme et ovules, du nid dans lequel sera nourri le foetus, de l'horloge qui déclenchera la mise bas, enfin de la propension d'un ou des parents à nourrir les descendants, parfois de leur propre substance etc... Peut-on affirmer que ces milliers de mutations se sont produites aléatoirement, mais toujours dans le même sens, alors que si l'une d'elles seulement avait manqué, c'est tout l'édifice qui devenait inopèrant ? Et que le hasard faisant bien les choses, se répétait à des époques différentes, sur des espèces indépendantes, par exemple l'organisation des appareils génitaux sur les végétaux et les animaux.
Enfin une dernière observation que je n'ai pas faite plus tôt pour ne pas alourdire le raisonnement.
J'ai parlé du plan nécessaire selon moi à la construction de l'individu. Mais comment omettre celui nécessaire à sa destruction partielle lorsqu'elle doit intervenir: qu'il y ait eu une erreur dans l'édification ou l'entretien de l'organisme, un choc extérieur ou un élément étranger jugé dangereux, la décision de détruire les protéines indésirables est prise. Pas à la légère, sans aucun gaspillage ! La protéine condamnée va être marquée, le système qui la protégeait est inhibé, elle est dirigé vers un organisme "ad hoc" baptisé (A.Goldberg, S.Elledge, W.Harper) protéasome où des enzymes vont la mettre en pièces: rien ne sera perdu, le résultat sera composé d'acides aminés qui seront aussitôt utilisés à d'autres usages .Il en est sans doute de même à l'intérieur d'une chrysalide lorsque la chenille se dissout pour devenir papillon, lorsque le tétard devient grenouille...
Je maintiens que celà me parait fort ordonné, bien planifié, bien exécuté...
L'EXPLOSION DU CAMBRIEN
L'hypothèse de l'évolution généralisée permet encore d'expliquer un fait qui -me semble-t-il- ne l'est pas jusqu'ici: d'une maniére complètement satisfaisante: "l'explosion du Cambrien".
Quand la matière vivante était proche de sa création, quand elle était encore simple, l'heure de muter était voisine pour toutes les formes existantes, pour toutes les espèces si l'on peut déjà parler de celles ci. Le foisonnement même des créatures si différentes présentes au Cambrien ne doit-elle pas, logiquement faire penser à de nombreuses sources de vie? Si l'origine avait été unique, comment les espèces auraient-elles pu évoluer si vite et se différencier à ce point?
Mais l'heure de muter était voisine pour toutes les formes existantes, d'où, avec notre recul, une "explosion"
Peu à peu, les espèces se différenciant et prenant leur "tempo" propre, la distance génétique des espèces mutées augmentait.
De même l'hydrogène a été créé le premier, en énorme
quantité, tandis que les autres éléments suivaient,
indépendamment et de plus en plus rares.
Une seconde remarque doit être faite: "l'explosion du
Cambrien" donne cette impression d'instantanéité parce
qu'elle vient après une longue période géologique où
l'évolution paraissait se traîner et languir. En fait, comme
nous l'avons vu plus haut, la vie, pour s'imposer, a dû
surmonter bien des difficultés: un sol brûlant, un soleil
implacable, la sécheresse, les radiations... Ne soyons pas
étonnés que le départ ait été si lent. Nous sommes même
fondés à soutenir que les faux départs ont été nombreux.
Cela ne les empêchait pas de laisser des traces de vie qui ont
ensuite été retrouvés.
Cependant rien n'établit qu'il y a eu continuité entre la trace de vie notée en - 3,8 milliards d'années et une autre datée de - 3 milliards d'années.
Là encore, le théoricien a ajouté aux faits. Et voilà 800 millions d'années gagnées sur la durée présumée de l'évolution.
Quand enfin la Terre fut devenue bienveillante à la vie, au Crétacé, ce fut un emballement, une explosion! Un feu d'artifice! Troisième remarque: si l'espèce humaine avait vécu au cours de cette "explosion" cambrienne, l'aurait-elle perçue? Certainement pas! Non par ignorance ou désintérêt mais l'environnement changeait si lentement à l'échelle humaine, qu'il était impossible à des individus à la vie si courte d'en prendre conscience! Si l'érosion enlève un millimètre par an aux montagnes, elle rasera un massif de mille mètres de haut en un million d'années. Quel homme remarquerait qu'au cours de sa vie d'adulte, une montagne a diminué de 40 ou 50 millimètres? Je parle en moyenne car évidemment l'érosion n'est pas uniforme. L'évolution est si lente au regard de l'espèce humaine que nous devons faire un effort pour prendre conscience qu'elle se poursuit sous nos yeux ou plus exactement recommence indéfiniment. A chaque instant la matière vivante formée ou tombée sur Terre se lance dans la grande aventure de l'évolution et de la vie. Un milliard d'années plus tard (selon les données actuellement admises, mais probablement le dixième ou le centième, voire beaucoup moins) elle sera devenue un pluricellulaire ou un plathelminthe et cinq cent millions d'années plus tard (id.) encore, un vertébré etc.
A condition encore que quelque catastrophe ne vienne pas tout bouleverser en détruisant jusqu'à quatre vingt dix pour cent des espèces vivantes et rendant illisible ce qui se passe sur terre...
Il faut comprendre ici que pour chaque espèce, plus l'évolution va avancer plus elle le fera dans un champ étroit...et non réversible.
Je dois revenir à un thème évoqué plus haut: on connaît les difficultés rencontrées pour établir les relations phylogénétiques de groupes aussi récents et importants que les mammifères par exemple; on a longtemps supposé que les modes de reproduction monotrèmes, marsupiaux et placentaires avaient été successivement acquis, chacun portant avec lui la marque d'un progrès.
En fait la nécessité de trouver le plus ancien pour en arriver aux deux autres, résulte seulement de la croyance dans l'origine unique de la vie assortie de mutations.
Si nous admettons que des sources diverses de vie ont évolué
parallèlement, dans le même sens, mais avec une certaine
liberté de moyens, nous pouvons admettre que les trois
sous-classes actuellement identifiées de mammifères sont
voisines mais indépendantes, pour arriver au même résultat par
des voies légèrement différentes...
LES GÉNOMES DES ESPÈCES CONTIENNENT
DES PROGRAMMES HOMOLOGUES DE COMPORTEMENT
Par contre des tendances profondes vont subsister: par exemple
- les soins apportés à la progéniture qui apparaissent très tôt, chez certains poissons, chez les reptiles, les oiseaux et bien sûr, les mammifères. Mais aussi, et cela est significatif, chez les insectes.
- l'organisation sociale, la spécialisation des individus au service de tous: n'est-il pas frappant de constater que certains insectes, aussi bien que l'homme, ont inventé la vie en collectivité, l'esclavage, la guerre, l'agriculture, l'élevage. Mais certaines espèces seulement. Et très rares..
- la bipèdie, chez certaines espèces seulement de reptiles, chez tous les oiseaux, chez quelques mammifères dont les primates et ...in fine, l'Homme..
- la construction de nids, de refuges, d'habitations, de villes: chez quelques rares espèces de poissons et mammifères, beaucoup d'oiseaux, et d'insectes on trouve l'habitude de construire. Cela va d'un nid rudimentaire à une véritable ville climatisée abritant des millions d'individus!
- l'art: une seule espèce animale, l'oiseau-jardinier, est capable de réalisations qui n'ont d'autre but qu'esthétique, pour plaire à la femelle et l'homme bien sûr...
- la parole: tout ce qui est vivant communique, par des gestes, des attitudes, des phéromones, seul l'homme parle. Car tous les hommes le font, pratiquement dès la naissance, sans difficulté. Et malgré tant d'efforts (au moins de la part des hommes et femmes qui s'occupaient des singes), ceux ci n'y sont pas parvenus.
- le feu, l'écriture, la faculté d'apprendre, celle d'enseigner: seule l'espèce humaine a maîtrisé le feu, seule encore elle a conçu l'écriture. Encore faut-il faire des réserves, certaines peuplades, bien isolées, n'avaient découvert ni le feu ni l'écriture lorsqu'elles ont été approchées, et au sein des sociétés développées, il existe une part de la population non négligeable qui ne peut apprendre à lire et à écrire qu'avec le plus grand mal. Il semble maintenant acquis que cette incapacité a pour origine un déficit génétique. Il faut encore remarquer que faculté d'apprendre et faculté d'enseigner sont deux dispositions différentes.
Manifestement c'est l'homme qui est le mieux doué pour apprendre à connaître et apprendre à enseigner. D'une manière très inégale d'un individu à l'autre. Cette faculté d'apprendre porte sur tous les domaines, toutes les activités.
Chez les animaux les deux domaines sont très différemment exploités.Tous les jeunes animaux paraissent capables d'apprendre ce qui est bon et ce qui est mauvais pour eux à l'exemple de leurs géniteurs, notamment la nourriture ou le comportement. Les géniteurs sont parfaitement capables d'enseigner ces mêmes domaines.
D'autres comportements (sucer en tétant, procréer etc.) sont innés même chez l'homme.
Par contre, on connaît les efforts accomplis pour dresser des animaux. Seuls ceux qu'on appelle communément supérieurs réussissent: dauphins, otaries, chiens, éléphants, chimpanzés, chèvres, chevaux, sont les plus doués. Suivent les lions, les tigres etc.
Tous ont un domaine bien réservé; il est curieux de constater que les mieux disposés ne sont pas ceux qui réussissent le mieux à l'état sauvage: aucun de ceux que je viens d'énumérer n'est capable de construire quelqu'abri, de constituer des réserves, etc.
Une seule espèce est vraiment capable d'enseigner ce que l'homme lui a appris, c'est l'éléphant qui aide ses maîtres à capturer des éléphants sauvages et leur apprend à travailler. Chez les chimpanzés il n'y a pas d'enseignants ni de répétiteurs ou de privat docents.
Il y a donc, semble-t-il, une indépendance de la disposition à trouver des solutions, de la disposition à apprendre et de la disposition à enseigner.
Comment expliquer de telles ressemblances à travers le temps et l'espace, par exemple les termites en Afrique, il y a 300 millions d'années et les hommes aujourd'hui dans le monde entier.
Comment expliquer de telles différences en un même lieu et à la même époque, par exemple le grand nombre d'espèces d'oiseaux qui nichent et couvent et les différentes espèces de coucous qui ne font ni l'un ni l'autre?
Dans le premier cas doit-on supposer que dès l'origine de la vie un programme génétique s'est inscrit dans le génome et subsiste silencieusement dans certaines lignées jusqu'au jour où il va s'exprimer, ou au contraire que ce programme se configure au dernier moment pour se manifester?
Dans le second cas, faut-il penser que le programme génétique "construire un nid, y déposer les oeufs et les couver, nourrir les petits" a disparu chez les nombreuses espèces de coucous et a été aussitôt remplacé par "trouver un nid dont l'occupante pond des oeufs qui ressemblent aux miens et dès que possible faire tomber par dessus bord les oeufs ou les oisillons qui s'y trouvent"?
Il est peu vraisemblable que de la matière vivante
s'organisant pour passer au stade de la vie se dote, dès
l'origine, de tous les programmes possibles et de leurs
variantes. Il semble donc qu'il faille admettre le processus
suivant: le génome se "complexifie", la mutation se
produit dans le génome et l'espèce se modifie, s'ajoutant un
caractère ou un comportement.
On ne manquera pas de remarquer le parallélisme étroit qui
existe entre évolution minérale et animale. Dans les deux cas
elle elle est multi-directionnelle, elle n'est pas instantanée
et se trouve dégressive en volume.
Les éléments inertes les plus lourds, les plus compliqués sont les plus rares, quant à la matière vivante elle est si peu de chose, que si on l'évaluait en quantité, elle serait négligeable.
La présente hypothèse a encore d'autres mérites. Elle explique notamment:
- la soudaineté de l'apparition de certaines espèces, les mammifères en général ou l'homme par exemple. A l'espèce mutée, une nouvelle espèce succède, il n'y a pas d'intermédiaire, pas de chaînon de transition, en une génération, semble-t-il, la mutation est complète.
Darwin pensait que les mamelles étaient apparues chez les femelles qui serraient leurs petits sur la poitrine pour les protéger. Les glandes sudoripares qu'elles portaient là se seraient mises à sécréter du lait que les petits auraient tout naturellement sucé. La référence aux primates était évidente, mais quand on a fait remonter l'acquisition de l'allaitement aux reptiles mammaliens, le processus était plus difficile à croire: des reptiles qui transpiraient et tenaient leurs petits dans leurs bras: presque une "maternité", mais pas tout à fait !
Bien sûr c'est une plaisanterie :jamais les reptiles mammaliens n'ont allaité!
Il n'en reste pas moins que l'évolution vers les mammifères allaitant avait commencé il y a bien longtemps les reptiles mammaliens ont reçu les premières mutations préparatoire, des dizaines de millions d'années avant de devenir mammifères, en l'occurrence des cavités dessinées sur le crâne. Encore une fois, exaptation ou planification à long terme?
Comme les poissons qui avaient reçu des membres des millions d'années avant de sortir de l'eau, les reptiles mammaliens étaient préparés des millions d'années à l'avance à devenir porteurs de mammelles.
Pourtant, de nouveau, Darwin n'avait apparemment pas totalement tort! Le gène qui code une des protéines du lait provient précisément de la duplication d'un gène qui se trouverait dans les glandes sudoripares de vertébrés pondeurs. Est-ce une preuve suffisante? Nenni!
Il faut bien comprendre que pour évoluer, la Nature se sert au mieux de ce qui existe, elle ne crée rien "ab nihilo".. On imagine très bien la réflexion des gènes architectes: "voyons un peu, comment faire des mamelles? Ah, il y a là des glandes sudoripares? Très bien, on va les utiliser." C'est le mode d'action de l'évolution: rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, comme l'avait annoncé Lavoisier. Y avait-il des glandes sudoripares chez les reptiles mammaliens? Pas encore mais déjà ils se préparaient.
Pour que "ça marche", pour que les glandes sudoripares deviennent des glandes à lait, il fallait encore que les gènes qui codent les autre protéines du lait, ainsi que les matières grasses et tout ce qui compose le lait fussent présents. Simple bricolage génétique !
Il fallait encore que l'hormone qui déclenche la montée du
lait imprègne la femelle gravide pour déclencher au bon moment
la mise bas et mettre en oeuvre l'amour maternel. De même le
petit devait avoir le réflexe de téter et disposer des sucs
indispensables pour digérer le lait, ce lait là, propre à
l'espèce et non pas n'importe quel autre lait. Nous pouvons donc
dire que pour évoluer, la mutation s'est servie de ce qu'elle
avait sous la main, si on peut s'exprimer ainsi!
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LE GÉNOME GARDE LA MÉMOIRE DE TOUT SON PASSE
A voir ce que demande une mutation relativement mineure comme l'acquisition de l'allaitement ( devant la reproduction sexuée ou la sortie de l'eau des poissons) on comprend pourquoi le génome est si complexe et parait bourré de gènes qui ne servent ou paraissent ne plus servir à rien: chaque fois qu'une partie du génome est dupliquée, déplacée pour être ajoutée à une autre, recomposée," bricolée", l'ensemble subsiste et rien n'est éliminé. Il en est ainsi depuis l'origine de la vie car il n'y a pas eu d'interruption depuis l'origine.
Dans le grand inventaire des gènes qui a été entrepris, sera-t-il possible de retrouver ce qui fut à l'origine de la vie?
Rien ne ressemble plus à une méïose que la construction
"linéaire" d'une espèce à double feuillet. Mais là,
nous sommes déjà très loin de l'origine de la vie.
ORIGINE GÉNÉTIQUE DE L'INTELLIGENCE PURE OU GENIE.
.
Le point le plus important, peut-être, reste cependant à examiner: l'apparition de l'intelligence qui me parait mieux expliquée par l'évolution généralisée que par toute autre hypothèse.
Je ne crois pas devoir parler de dispositions ou de comportements souvent fort élaborés qui n'appartiennent qu'à quelques espèces favorisées.
Je citerai par exemple l'amour conjugal, paternel et ou maternel, la tendresse ou simplement le véritable amour (celui de "la vie en rose") que l'on retrouve curieusement chez des espèces aussi éloignées que la femelle du castor (qui refuse tout autre mâle lorsque celui qu'elle avait choisi disparaît), les perruches qui meurent si on les sépare, etc. etc.
Dans tous ces cas les générations successives sont en contact et il paraît difficile d'affirmer avec assurance que la culture, l'exemple, l'apprentissage n'y sont pas pour une part.
Au contraire, on peut affirmer de certains comportements qu'ils n'ont d'autre origine que génétique: lorsque le jeune coucou fait passer par dessus bord les oeufs ou les oisillons qu'il trouve dans le nid à sa naissance; lorsqu'à son tour la jeune femelle coucou va pondre dans un nid soigneusement choisi, personne ne le leur a appris car ils n'ont pas connu leurs géniteurs et que - au contraire de ceux ci - leurs parents nourriciers étaient des exemples de dévouement attentif.
Ceci donne une bonne idée de l'importance relative des facteurs environnementaux et génétiques...
Lorsque la guêpe choisit soigneusement une chenille, la paralyse avant d'y pondre un oeuf qui donnera naissance à une nouvelle guêpe six mois après que la mère sera morte, il est évident que la seule part du géniteur qui sera passée dans le descendant est son patrimoine génétique.
Et pourtant de génération en génération les guêpes continuent!
De la même manière, pour prendre un exemple dans l'espèce humaine, j'ai pu établir que la délinquance d'habitude est une propension innée. Elle est d'autant plus forte qu'elle est précoce ce qui écarte l'hypothèse d'une influence du milieu. Souvent, de même, un délinquant précoce se révèle, se confirme violemment alors que parents, frères et soeurs, milieu éducatif et social sont sans histoire!
Si, de la même manière nous choisissons une activité de recherche, de compréhension où rien de ce qui peut être acquis par l'expérience, l'apprentissage, l'enseignement, la culture n'est présent parce qu'il s'agit de quelque chose d'absolument nouveau. Si nous pouvons définir cette intelligence comme la recherche de la solution d'un problème nouveau, ou la solution d'un problème ancien par des voies nouvelles, alors nous sommes sûrs que cette intelligence là est d'origine purement génétique. Certains diront que je parle du génie plus que de l'intelligence. Peu importe pourvu que l'on sache de quoi il s'agit. C'est cela, intelligence pure ou génie, qui est le seul facteur de progrès et c'est le propre de l'homme.
Pour l'heure c'est le point culminant de l'évolution.
Au contraire, tout ce qui est acquis par l'enseignement, le dressage, la culture, risque de disparaître à chaque génération et doit être préservé par la suivante.
Rien dans les sens n'apprenait à Pythagore (ou le collectif qui se cachait sous ce nom) qu'il y avait une relation entre les côtés d'un triangle rectangle: il l'a découverte, il a vu ce que personne n'avait vu avant lui.
Et depuis, chaque génération d'écoliers peine pour le comprendre avant de l'apprendre.
Ne parlons pas de Johannès Képler décrivant en trois lois le mouvement des planètes ( calculs faits à la main sans même une règle à calcul ou une table de logarithmes). Ou de Newton, Einstein ou de tant d'autres...
Que dans le cours de l'Humanité une génération se trouve sans aucun lien avec la précédente, plus de parents, d'enseignants, de livres, de dictionnaires, etc. tout le savoir serait perdu et il faudrait compter sur l'intelligence pure pour tout retrouver ...Et l'homme retrouverait! J'ai souvent lu, comme vous sans doute, que les singes sont intelligents, qu'ils apprennent à casser les noix en moins de six ans et savent pécher les fourmis avec une brindille, "première ébauche d'un outil"..Depuis quelques millions d'années la seconde ébauche se fait attendre. J'ai une immense sympathie pour les singes, mais je crois que c'est une erreur de ceux qui s'occupent d'eux, de vouloir en faire plus qu'ils ne sont, à savoir une espèce particulièrement peu douée par la Nature quant à l'intelligence.
Les castors, pour rester chez les mammifères, montrent une intelligence, une faculté de création dont les singes sont bien incapables.
Et c'est précisément un singe -non identifié- que la Nature aurait choisi par hasard pour en faire l'espèce encore unique dotée de la conscience, de l'intelligence, de l'esthétisme etc.? Pourquoi l'intelligence aurait-elle été donnée au singe pour en faire un homme? Peut on encore affirmer, comme l'évêque Wilberforce, que l'homme descend du singe? Ou comme on le répète volontiers : "l'Homme ne descend pas du Singe, il est un Singe". Certes, mais avec un tout petit pourcentage de génes différents ou disposés autrement, ce qui suffit à expliquer l'astrophysique, les mathématiques, la biologie, la musique etc.
Et ce n'est pas fini!