LE GACHIS !

 

 

 

E.M.FONTAINE  et V.HURAY

 

         Nous connaissons maintenant les résultats d’une politique totalement irresponsable en matière de circulation routière : la viticulture française est pratiquement ruinée et les Français culpabilisés n’osent plus porter un verre à leurs lèvres !

         « Oui, » me dira-t-on, « mais les accidents de la route ont diminué de 30% : c’était le prix à payer ! »

         Je réponds seulement : « Zéro ! Tout est faux dans vos affirmations. »

         Je vais vous montrer, je peux même dire démontrer que

1-     les campagnes de prévention contre l’alcoolisme au volant ont été coûteuses mais parfaitement inutiles car mal ciblées.

2-     Si les accidents sur la route ont bien diminué, de 30%, ce n’est pas rien et c’est infiniment heureux,  ce n’est pas à la suite de ces campagnes mais parce que le Gouvernement a paru décidé à réprimer :

a) Aggravation des peines prévues par la loi.

b) Nombreux radars installés, prononçant des amendes qui seront toutes à payer et  immédiatement.

c) Tribunaux osant enfin prononcer des peines de plusieurs années

 d’emprisonnement  « ferme » au lieu de quelques mois avec sursis dans les cas d’homicide involontaire avec circonstances aggravantes….

 

 LES CAMPAGNES DE PREVENTION

 

Elles avaient un support scientifique et statistique : les personnes impliquées dans un accident étaient examinées, notamment leur alcoolémie était recherchée, et il apparut d’une manière indiscutable que ces personnes présentaient une alcoolémie positive et que la proportion des « positifs » parmi les personnes impliquées était beaucoup plus élevée que dans la population française. Il apparut ainsi évident que l’alcool avait un rôle dans la genèse de l’accident.

Cette analyse pouvait cependant être critiquée de plusieurs manières.

La réunion en un seul échantillon de toutes les personnes impliquées dans un accident était-elle logique ? Cela revenait à dire qu’elles avaient toutes eu le même rôle : ce qui les réunissait était le hasard comme celui des particules en solution dans un liquide ou un gaz et agitées du mouvement « brownien ». Mais si l’accident était un évènement aléatoire, comme son nom paraissait l’indiquer (de accidere en latin ce qui signifie « arriver par hasard »), les personnes impliquées devaient représenter la population française, compte tenu évidemment de la taille des échantillons ainsi prélevés. Or ce n’était absolument pas le cas et en tout cas n’était pas démontré. Il existe des analyses sérieuses et crédibles qui évaluent à DEUX POUR CENT le nombre des Français et Françaises (une femme et neuf hommes sur dix Français) en état d’alcoolémie au moins légère, de .l’ordre de 0,75 pour mille d’alcool dans le sang. Au début de la lutte contre l’alcoolémie, un Ministre de l’Intérieur eut la curiosité de faire procéder à des contrôles inopinés aléatoires. Je pris la liberté de lui écrire en lui signalant que si ces contrôles étaient vraiment aléatoires, ils révèleraient  2% d’alcoolémie, en moyenne, mais que à la sortie des restaurants, des boites de nuit la proportion augmenterait alors qu’à la sortie des églises et des temples, des mosquées et des synagogues par exemple, elle diminuerait d’une manière importante. Je n’eus pas de réponse, mais les résultats publiés furent ceux que j’avais annoncés.

1-     Au début de la campagne de promotion des radars, une chaîne de télévision nous a présenté un entretien avec un officier de gendarmerie qui déclarait notamment « nous avons eu la curiosité de contrôler systématiquement l’alcoolémie d’une centaine de conducteurs présents sur l’autoroute dont nous assurons la surveillance : nous avons trouvé deux conducteurs présentant une alcoolémie positive ».

 

         Si la population des personnes impliquées dans un accident ne représentait pas la population française, était-il possible de savoir ce qu’elle représentait ?

Il se trouve qu’à l’époque où je commençais à réfléchir sur les accidents de la circulation, en 1962 (!  Revenant de Tunisie j’avais été frappé du nombre de morts sur les routes alors que les Métropolitains  s’y étaient habitués), j’étais en poste dans un tribunal d’instance de la bordure de l’Ile de France, chargé du service pénal, c'est-à-dire à 99% des accidents de la circulation et que je pus réunir sans difficulté 400 dossiers terminés, éventuellement devant la Cour d’Appel, sur une période de deux ans. Je pus ensuite compléter ma « collection » avec des dossiers des tribunaux de Pontoise, Versailles et Paris en trouvant toujours les mêmes résultats !.  

La disposition de ces dossiers me permettait une recherche qui n’était pas disponible facilement ailleurs : après une longue procédure dans les mains de la Police puis de la Justice, après l’intervention de nombreuses personnes plus ou moins qualifiées et des débats contradictoires, une ou plusieurs personnes impliquées dans l’accident étaient désignées comme ayant provoqué l’accident. Il pouvait donc être intéressant de connaître les deux populations en cause, celle des « conducteurs fautifs » et celles des « victimes ».

Pour vous rassurer sur la valeur de ce travail, il se trouva par une coïncidence heureuse qu’à la même époque une enquête fut menée par toutes les forces de Police et de Gendarmerie sur l’ensemble du territoire métropolitain, dans un but très proche du mien et que nos résultats furent identiques avec un écart de l’ordre de 1% !!

Il apparut alors

-que la population des « victimes » était très proche de la population des conducteurs circulant sur les routes de France et faisait apparaître une population alcoolisée de l’ordre de 2% ! Ce résultat était logique puisque il apparaissait que les conducteurs fautifs tiraient au sort leurs victimes au sein de la population.

-Tandis que la population des conducteurs fautifs était totalement différente : l’âge de ces conducteurs, l’ancienneté de leurs permis, l’âge de leurs voitures, etc. Tous ces résultats furent publiés, d’abord dans l’Auto Journal, puis dans les Cahiers de la Société de Criminologie Moderne que je fondai par la suite et furent repris enfin sur le site où vous vous trouvez.

Au cours des années suivantes j’eus l’occasion de poursuivre cette recherche, notamment sur les récidivistes. J’obtins ainsi un résultat qui me parait capital et ne fut jamais démenti :

-         les récidivistes ne sont que 3% de la population française,

-         les récidivistes commettent plus de la moitié des crimes et délits en nombre mais tous les plus graves,

-         avant d’être récidivistes au sens de la loi, ce sont toujours des individus qui ont commis plusieurs délits ou crimes semblables. La justice est lente et le récidiviste en profite.

-         les récidivistes de droit commun sont aussi des récidivistes des accidents de la circulation et sans doute dans la même proportion. Cela n’était pas apparu facilement car pendant longtemps le législateur avait cru que les délits de   circulation n’étaient pas de même nature que les délits de droit commun.

-         A l’origine les personnes distinguées –en tout cas assez riches pour posséder une automobile, ne pouvaient être confondues avec des malfrats, même s’il leur arrivait d’enfreindre des règlements, voire de tuer involontairement. Il existait donc deux casiers judiciaires, l’un « de la circulation », l’autre « de droit commun ». Quand l’automobile se démocratisa et que même les plus pauvres possédèrent une « auto », il fallut se rendre à l’évidence, les délits de circulation étaient de même nature que les autres et il n’y eut plus qu’un seul casier judiciaire.

 

 

La conséquence de ces travaux fut que la prévention en matière d’accidents de la circulation doit d’abord viser les  conducteurs dangereux même s’ils ne sont qu’une infime minorité. Faut-il s’adresser à eux par des affiches, des messages radio télévisés ?

Il faut cependant être prudent sur le sens des mots : dire que 2% de la population française adulte est en permanence « imprégnée », ce qui parait très peu, représente quand même –très grossièrement-  800.000, huit cent mille personnes. Autre précaution à prendre : ces gens ne sont pas distribués en fonction de l’âge comme les autres Français ! Il suffit d’étudier la courbe représentative de leur population pour constater qu’elle s’arrête très tôt ! Ils meurent jeunes, très jeunes ! Dans les accidents du travail (mais oui !) et surtout de la route !

Le pire, si j’ose m’exprimer ainsi, c’est qu’ils échappent aux statistiques puisqu’ils ne sont jugés, ni au pénal, ni au civil ! Si nous pouvions les faire intervenir, il est certain que le sens des statistiques serait encore aggravé.

Pourtant ils sont connus, ces malheureux, car ce sont des malades ! Et il est possible de les identifier sans délai : l’analyse de leur sans fait apparaître un taux de gamma globulines de 25 à 50 fois plus élevé que la normale, parfois davantage encore !  A ce niveau le raisonnement est complètement obscurci. Le malade peut encore aller et venir d’une manière

plus ou moins assurée faire les geste de la vie quotidienne et « conduire » sa voiture .Malheureusement la traction motorisée est moins intelligente que la traction animale ! Je me souviens que lorsque j’étais enfant, un de nos voisins allait tous les Dimanches se saouler au bistrot du village. Quand enfin il était inconscient, deux ou trois de ses amis le « balançaient » sur sa charrette, donnaient une tape amicale sur la croupe de sa mule qui le ramenait chez lui  à travers des carrefours, en tenant bien sa droite et en s’arrêtant quand il le fallait.

Je n’exagère nullement. En vous donnant cet exemple, je veux montrer que vous pouvez toujours poser des affiches en ville, faire passer des spots à la radio ou à la télé, ils s’en moquent. Si par hasard ils les voient, ils ne les comprennent pas

 

 On est sûr que si cet homme ou cette femme prend un jour le volant ce sera sous l’empire d’une imprégnation alcoolique sévère. C’est lui qui ne doit pas être titulaire d’un permis de conduire. Il faut donc que toute personne joigne d’une manière indélébile à son permis une analyse de son sang. Si l’analyse est « anormale » le permis sera retiré jusqu’à guérison !

Enfin, il existe un article du Code pénal, le 131-6 qui permet au Tribunal statuant sur un délit puni d’une peine d’emprisonnement des mesures de suspension du permis, d’interdiction de conduire, d’annulation du permis de conduire. Cet article devrait être beaucoup plus souvent utilisé, surtout dans les cas de récidive.

         En ce qui concerne la lutte menée jusqu’ici contre l’alcoolisme au volant, il faut bien admettre qu’elle a dérapé en lutte contre l’alcool sous toutes ses formes et notamment contre le vin ! Etait-il judicieux d’espérer faire diminuer l’alcoolisme au volant en faisant diminuer la consommation d’alcool et sa production ? Il est bien évident que si on culpabilise toute personne buvant du vin, ce sont ceux qui boivent le moins qui s’en priveront les premiers tandis que ceux qui sont de gros buveurs ne consentiront à s’en passer que les derniers !

On aura donc brimé d’abord les plus nombreux qui n’étaient pas dangereux, pour un résultat nul ! Je crois que la logique, l’efficacité, le respect des Français buveurs modérés et producteurs commandaient de retirer d’abord de la circulation tous les gros buveurs. On a pris le problème à l’envers ! Pourquoi préfère-t-on culpabiliser sans garantie de résultat 98% de la population française plutôt que de retirer le permis de 2% de la même population ?

Le slogan « boire ou conduire, il faut choisir » est excellent. Il va dans la voie de l’éducation, de la modération, du bon goût. Ce qui serait heureux comme nouvelle habitude, c’est celle services de raccompagnement après un bon repas, une fête, un réveillon.

Il faut que ceux à qui sont confiées des campagnes se maîtrisent, qu’ils évitent le sadisme, l’horreur : par exemple, il ne faut pas espérer convertir un buveur ou un fumeur en lui disant 

« Ah, ah, j’attends que votre langue soit bouffée par un cancer et que vos poumons ressemblent à de vieilles éponges pourries par la fumée…On va rigoler !

Le vin et le tabac ne tuent pas plus que l’automobile ou le beurre. « L’auto rend tétraplégique », « oublie le beurre sinon adieu ton cœur » etc. que nous verrons peut-être bientôt s’il n’y est pas mis bon ordre seraient des slogans excessifs et insignifiants. Le ridicule aussi peut tuer. Pensez-y, vous les Savonarole du vin et du tabac : ce sont les Florentins qui rigolèrent bien quand il fut brûlé devant le palais de la Seigneurie, à Florence en 1498, à petit feu, ah, ah ah !

 

Le 2 août 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

LA DIMINUTION DU NOMBRE DES MORTS SUR LA ROUTE EN 2003

 

 

 

         Ce n’est pas moi qui lutte contre ce génocide depuis 1962 par des milliers de lettres, des cahiers de criminologie, par le Web,  sans aucune aide ni subvention, qui ne serai pas le premier à me réjouir !  Tant d’idées ont rejoint celles que j’avançais !

Que s’est-il donc passé pour qu’un tel résultat soit obtenu, d’un seul coup près de 30% de morts de moins que l’année précédente ! Personnellement je trouve que l’évènement n’a pas  été assez fêté !

Parmi les explications avancées, on a voulu mettre en avant l’installation des radars. C’est insuffisant. Les radars ont certainement rendu plus raisonnables beaucoup de conducteurs, mais ces infatigables contrôleurs de la vitesse étaient à l’origine tous sur des autoroutes et ce n’est pas là qu’il y a le plus de morts ni valeur absolue ni proportionnellement au nombre de voitures, aux distances parcourues etc. Maintenant que le plus urgent et le plus facile est fait, il faudra que ces appareils relèvent aussi les distances insuffisantes entre des véhicules qui se suivent, les manœuvres imprudentes etc. Outre la constatation de plusieurs centaines d’infractions, les radars ont le mérite de mettre en recouvrement les amendes sans délai ! TOUTES les amendes alors que jusque là on en payait une sur deux et quelques mois plus tard…Si vous voulez bien en prendre la peine, vous retrouverez sur le site mon intervention contre les procès verbaux de contravention qui se perdaient et les jugements qui n’étaient jamais exécutés alors qu’ils avaient coûté cent fois le montant de la peine prononcée !

Un deuxième changement, moins visible mais plus sensible est intervenu pour calmer les fous du volant : en 2000 les peines prévues pour l’homicide involontaire avec circonstances aggravantes ou alcoolémie étaient considérablement aggravées. Le hasard voulut que au moment même où la France ne parlait que des morts sur la route, quelques tribunaux prononcèrent des peines jamais vues de 3, 4 et même 5 ans, dont une large partie sans sursis !  Les médias en parlèrent aux  heures de grande écoute. Cela devenait sérieux et jeta un froid.

Comment avait on pu attendre si longtemps pour agir, alors que c’était si facile ! Que craignait on ? Des émeutes ? Les Français interrogés trouvèrent que c’était très bien, qu’il fallait continuer pour qu’on puisse rouler sans appréhension ! Le coût de l’opération ? Non seulement l’installation des radars devraient être rapidement amortie mais elle devrait rapporter beaucoup : la rentrée des amendes, même si on peut s’attendre à ce qu’elle baisse quand les français se seront assagis et que les conducteurs vraiment dangereux (alcooliques invétérés et récidivistes de droit commun) auront été retirés de la circulation ou auront guéri, ce que je leur souhaite vivement, mais l’économie de vies humaines, de blessés graves, de mutilés, de handicapés et enfin de soins qui pourront dorénavant être prodigués aux vieux,

 aux infirmes etc.

Bon courage, nous y arriverons !