HEREDITE, INTELLIGENCE, DELINQUANCE

 

Par M. E.M. Fontaine, Juge d’Instruction

 

  Page suivante

                Nous venons d’acquérir pour la bibliothèque de S.C.M. «L’inégalité de l’homme», dernier ouvrage traduit en français du Professeur Hans J. Eysenk. Nous le connaissions pourtant déjà, à travers les articles qui lui avaient été consacrés par «La Recherche» et «Le Figaro». Nous savions que c’est à la fois un authentique savant et un homme physiquement courageux. Nous savions aussi que la «nouvelle censure» l’a porté à son index et qu’il fut roué de coups au cours d’une conférence pourtant purement scientifique pour avoir osé dire que si tous les hommes sont également estimables et respectables, que s’ils sont égaux devant la Loi comme devant Dieu, ils sont d’une intelligence inégale, que cette différence est d’origine génétique ; que si les autorités voulaient en tenir compte –qu’elles soient politiques ou syndicales, chargées de la Justice, ou de l’Enseignement ou de la Santé – notre Société serait meilleure et qu’il faudra bien un jour ouvrir les yeux à l’Expérience !

  Page suivante

Page précédente

                Car les conséquences des travaux de Professeur Eysenk sont nombreuses, dans tous les domaines. Par exemple, et cela ne lui vaudra certes pas les sympathies ni la compréhension du Syndicat National des Instituteurs, il établit que les classes qui donnent les meilleurs résultats – pour les élèves – sont celles de 25 à 35 enfants.

 

                Nous ne déflorerons pas davantage cet étonnant ouvrage car il mérite que vous le lisiez et nous en venons aux thèses du Professeur Eysenk. Il affirme et dans une certaine mesure démontre :

 

1)       que les tests utilisés maintenant sont valables et définissent bien le quotient intellectuel «QI» des sujets examinés ;

2)       qu’il ressort de l’analyse des tests de QI que l’intelligence est due pour 80 % à l’hérédité et pour 20 % l’environnement.

 

Pour ces démonstrations, le Professeur Eysenk se sert beaucoup d’études sur les jumeaux (vrais ou faux).

 

                Est-il trop ambitieux de tenter d’ajouter à la méthode et aux conclusions du Professeur Eysenk ?

 

                Nous allons essayer de la faire après avoir constaté que le Professeur est un véritable homme de science et qu’il souhaite la discussion pourvu qu’elle soit constructive.

  Page suivante

Page précédentel

 

SEULE L’HEREDITE EST RESPONSABLE DE L’INTELLIGENCE, A 100 %

                Le Professeur Eysenk ne retient pas de définition de l’intelligence. Il pose lui même le problème de cette définition mais avec un pragmatisme tout anglo-saxon il pense qu’il peut s’en passer et que l’intelligence est suffisamment analysée et précisée par les modalités d’établissement des tests de QI qui répondent aux lois de Spearman : «Un acte est qualifié d’intelligent s’il met en jeu – et très exactement dans le mesure où il met en    jeu – la faculté d’appréhension, l’établissement de rapports et de corrélations».

 

                Il nous paraît que cette définition sous entend deux termes qui mériteraient d’être exprimés à la suite des premiers : «pour un résultat nouveau et exact dans les limites de la science contemporaine». Il ne s’agit pas seulement d’éliminer tout ce qui est brillant, paradoxal, vide de sens et irresponsable mais tout aussi bien ce qui est grand et généreux mais faux, tout ce qui (voir plus haut) n’est pas vérifié par l’expérience ; autrement dit, nous pensons qu’un acte intelligent ne peut avoir un résultat absurde. Il n’est pas question ici, évidemment, du raisonnement de l’absurde.

   

Page suivante 

Page précédentel     

               Si nous retenons le critère de Spearman ainsi complété par celui de nouveauté, nous avons un concept parfaitement pur de l’intelligence et par hypothèse, nous savons que cette dernière – ainsi définie – est propre au sujet car elle ne doit rien à personne ni à aucun enseignement.

 

A/ Etudions l’intelligence, autrement qu’avec les tests de QI

 

                Au lieu d’étudier l’intelligence sur le tout venant à l’aide d’un outil, le test, nous allons nous efforcer de la faire sur des individus dont il n’est pas discuté ni même discutable qu’ils sont très intelligents, car ils ont résolu des problèmes que personne n’avait résolu avant eux ou encore ont trouvé des solutions ou démonstrations nouvelles à des problèmes anciens.

               

                Quelle est la part de l’hérédité dans cette intelligence ?

                Il nous faut d’abord réunir un échantillon d’individus répondant à ce critère de haute intelligence –nous pourrions réunir tous les prix Nobel de sciences, les grands champions au jeu d’échecs etc., mais il est inutile que ces individus soient nos contemporains. Il est même préférable qu’ils ne le soient pas. Tous ce qui pourrait être dû à l’intrigue, à la mode etc. ne résiste pas au temps. Prenons une collection de grands esprits indiscutables, choisis par d’autres que nous et pour d’autres raisons. Nous avons par exemple la série Mathématiciens et Mathématiques, Physiciens et Physique, Chimie et Chimistes, chez Magnard où sont énumérés 400 personnes authentiquement et indiscutablement intelligentes. Cette qualité ne leur est pas reconnue sur la foi de test ou de méthodes encore discutés ou discutables. Assurément il a existé et il existe encore d’autres personnes intelligentes mais qu’importe ? Pourvu que notre échantillon de gens intelligents ait été constitué aléatoirement, que nul n’y ait été ajouté arbitrairement pour quelque raison, nous avons un échantillon d’intelligence comme Monsieur et Madame Curie avaient un échantillon de quelques milligrammes de radium.

  Page suivante

Page précédentel

               Quelle a donc été la part de l’hérédité dans la genèse de ces intelligences ?

                Elle est bien facile à calculer : sur 400 noms cités dans ces trois ouvrages de Magnard, trois seulement ont été répétés. Nous y trouvons 2 dynasties, les Bernouilli et les Carnot, et une fratrie de 2 frères de Broglie. Et il faut constater combien non seulement des familles intelligentes sont rares mais encore combien elles sont limitées. La part de l’hérédité est donc totale. En effet, si l’environnement engendrait l’intelligence, même pour une part, il le ferait d’une manière générale et constante… constante  comme la gravité qui fait tomber tous les corps, tout le temps, partout ! Chaque fois qu’une fratrie bénéficiait d’un milieu favorable, tous les frères devaient en tirer le même profit et être aussi intelligents les uns que les autres, à peu de choses près.

 

                Notre échantillon montre qu’il n’en a rien été. Très nombreux parmi nos «super intelligents» sont ceux qui avaient de nombreux frères et sœurs qui n’ont rien laissé à la postérité. Très nombreux aussi sont ceux qui ont grandi dans l’environnement le plus désastreux à tous points de vue – au risque d’être un peu long donnons deux exemples :

Tartaglia dit «le Bègue»  (1500-1557) était le fils d’un coursier accablé de famille. Le père était si pauvre que les études du fils n’allèrent pas plus loin que la lettre K de l’alphabet, le maître d’école ayant exigé d’être payé d’avance – Ah, Madame Saunier-Seité, il n’avait pas été materné le petit Tartaglia !

 

Page suivante

Page précédente

                Là dessus, les soldats français font le siège de Brescia et massacrent les habitants réfugiés dans l’église. Tartaglia qui avait onze ans eut la figure fendue d’un coup de sabre qui le laissa bègue pour longtemps. Faute de Sécurité Sociale, sa mère se borna à le laver à l’eau d’une claire fontaine. Il se remit pourtant et étudia seul. Bientôt il découvrit une méthode de résolution des équations cubiques et bicarrées et bien d’autres choses par la suite.

 

                Combien de lycéens passés et présents, portés à bout de bras jusqu’aux équations du second degré seraient capables d’arriver seuls jusqu’aux bicarrées ?

Deuxième exemple : Cavendish «le plus savant des riches, le plus riche des savants» il naquit à Nice en 1730 et y étudia seul. Quels furent ses maîtres, quel environnement trouva-t-il ? Il était si timide qu’il se cachait pour ne pas croiser ses femmes de chambre et pourtant, parce qu’il y trouvait du plaisir et jouissait de grands moyens, il analysa l’air atmosphérique, détermina la densité moyenne de la Terre, étudia l’hydrogène. Mais il est surtout célèbre pour avoir construit un appareil qui lui permit de calculer la première estimation expérimentale de la constante de gravitation universelle. Pour comprendre la virtuosité de Cavendish, il faut retenir que dans son appareil la force d'attraction mise en jeu entre les composants était cinq cent millions de fois plus petite que leurs poids !!!

 

                Des cas semblables à ces deux là pourraient être multipliés à l’envi, ce qui nous permet d’écrire que l’intelligence est indépendante du milieu et ne doit rien qu’à l’hérédité. En corollaire, nous dirons que les tests de QI prennent pour de l’intelligence, à environ 20 % ce qui n’est que comportement acquis.

 

                B/ Est-il arrivé que des jumeaux soient très intelligents ?

 

                Nous n’avons constaté qu’un seul cas de deux frères très intelligents. Encore Maurice de Broglie était-il de 17 ans l’aîné de son frère Louis et lui servit de père.

                Or, nous savons qu’en Occident les grossesses de jumeaux vrais sont en proportion constante des autres dont elles représentent 0,40 % qu’il y a une grossesse multiple (jumeaux vrais ou faux) sur 90 en sorte que la population occidentale compte 22 jumeaux sur mille naissances dont 7 vrais et 15 faux (1). Sur quatre individus, nous devrions rencontrer o 8 ou 9 «super intelligents» dotés d’un frère ou d’une sœur jumelle.

 

Ce n’était pas le cas apparemment et aucune biographie de Magnard ne mentionne ces jumeaux. Or, la probabilité qu’une telle absence est due au hasard est nulle.

 

                Nous pouvons faire deux hypothèses : 

Page suivante

Page précédente

a) les jumeaux ne sont jamais très intelligents 

A l’appui de cette hypothèse, nous savons que les grossesses multiples sont plus difficiles que les autres, que les jumeaux naissent avant terme et sont plus délicats, etc.

b) les jumeaux sont différents d’intelligence

Nous pouvons supposer qu’il y avait bien 8 ou 9 jumeaux (dont 2 ou 3vrais) parmi les «super intelligents» de notre échantillon mais qu’ils étaient beaucoup plus brillants que leurs frère ou sœur dont personne n’a jamais entendu parler et qui sont ainsi passés inaperçus. Ce serait évidemment la preuve que l’environnement n’est pour rien dans l’intelligence, mais aussi que cette dernière n’est pas héréditaire – ou que les jumeaux vrais n’ont pas le même stock génétique. Tout ceci est contraire à l’expérience. Il faut donc retenir que les jumeaux ne sont jamais très intelligents. Peut-être trouvent-ils dans leur situation un équilibre, une affection qui les stabilise, les rend heureux au point de négliger ce qui leur est étranger, de ne pas chercher à se distinguer l’un de l’autre. Peut-être ne sont(ils jamais non plus d’intelligence médiocre ?Le moins qu'on puisse dire est que les gens très intelligents sont rarement aussi de bons maris, de bons pères de famille, de bons citoyens. Notre société n'est peut-être pas faite pour eux. Je ne vous citerai pas d'exemple de ce que j'affirme, contrairement à mon habitude, mais vous les trouverez très facilement.

                Il nous faut cependant souligner que l’étude des cas de jumeaux repose sur la croyance tout à fait ferme qu’ils ont reçu un stock génétique absolument semblable. Nous croyons devoir souligner qu’il s’agit là d’une hypothèse.

                Chez les monozygotes, il y a bien à l’origine une seule cellule qui va se dédoubler et donner deux individus très semblables mais cet événement ne se produit pas sans quelques défaillances. Même les jumeaux vrais peuvent être différenciés à quelques légers détails. Par exemple, le laboratoire de dactyloscopie de l’Identité Judiciaire nous a assuré que les jumeaux vrais avaient des empreintes digitales ressemblantes mais non identiques et qu’on trouve des personnes étrangères les unes aux autres ayant des empreintes plus proches que celles de deux jumeaux vrais. Il semble que de nombreux facteurs héréditaires interviennent dans la genèse de l’intelligence. Il ne s’agit en tout cas assurément pas d’un «caractère intelligence"   comme il y a le caractère "pois lisse" ou "pois ridé", "yeux bleus" ou "yeux noirs".

Page suivante

 

Page précédente

(1)     tout notre raisonnement est fondé sur la constance de la proportion des jumeaux dans la population. Cette constance est affirmée par tous les auteurs. Aussi, notre surprise a-t-elle été grande de trouver dans le Larousse en 10 volumes : il y a une naissance gémellaire sur mille…

Un médecin nous a indiqué une grossesse gémellaire sur 90 (soit 2,2 personnes ayant un jumeau sur 100). Un professeur d’obstétrique nous a indiqué comme statistique la plus récente 1 à 1,5 % de grossesses multiples. Nous avons donc été très prudent en nous arrêtant à 2,2 % de personnes ayant un jumeau sur cent.

 

 

 

                Si une telle combinaison de facteurs est nécessaire pour créer l’intelligence, est-on assuré que le même patrimoine génétique est suffisant pour donner la même intelligence et que des combinaisons diverses du même patrimoine ne sont pas possibles, qui aboutissent à des intelligences au moins légèrement différentes ?

                Avant de continuer à travailler sur l’observation de cas de jumeaux, il faudrait s’assurer que :

1)       la distribution des jumeaux en fonction de l’intelligence est la même que celle de la population des individus nés de grossesses simples.

2)       Que les jumeaux ont réellement la même intelligence héréditaire.

 

La difficulté ne sera pas mince car lorsqu’ils vivent ensemble, l’effet de l’environnement est maximum et lorsqu’ils sont séparés, ils subissent un véritable traumatisme qu’on ne peut négliger.

                Nous trouvons la confirmation que de nombreux facteurs héréditaires interviennent dans la genèse de l’intelligence d’une part dans l’expérience biologique quotidienne et d’autre part, dans la loi de régression génétique à la moyenne longuement citée par le professeur Eysenk.

Page suivante

 

Page précédente

a)       L’expérience :

L’activité intelligente ne peut résulter que de l’exercice de très nombreuses autres fonctions mettant en œuvre chacune de multiples organes ou parties d’organes. Par exemple, on sait qu’il existe plusieurs sortes de mémoires, que la parole dépend de plusieurs zones du cerveau qui peuvent d’ailleurs se suppléer ou se compléter. De même l’activité sensorielle, la construction dans l’espace et dans le temps, l’abstraction. Chacune de ces activités repose donc sur des constructions d’organes programmées à l’origine par des dizaines et plus probablement des centaines de gènes héréditaires dont chacun est la combinaison de plusieurs centaines de nucléotides. Il en résulte à l’évidence que des milliards de milliards de combinaisons sont possibles, qu’une carence, un défaut peut être compensé, qu’un supplément restera superfétatoire jusqu’au jour où il servira à compenser une mutilation ou une perte et QUE TOUS LES INDIVIDUS TENDENT AINSI VERS UN NIVEAU D’HONNETE MOYENNE INTELLIGENTE.

   

Page suivante  

Page précédente     

       S’il y avait un gène de l’intelligence, dominant ou récessif, on s’en serait aperçu depuis longtemps car il y aurait des gens intelligents, des imbéciles et des hybrides. Au contraire, que constatons-nous en regardant autour de nous ?

 

1 – Il n’y a que très peu de personnes très intelligentes ou franchement imbéciles.

2 – La majeure partie des gens est en mesure de faire face aux problèmes quotidiens pourvu qu’on l’ait dressée. La création, l’innovation, l’originalité sont quasi exclues de l’activité même intellectuelle. D’ailleurs, il semble qu’un monde où chaque jour des nouveautés apparaîtraient dans tous les domaines serait proprement invivable.

 

                On peut assurément regretter que les psychologues paraissent s’enfermer dans leurs laboratoires créant des problèmes artificiels et des instruments de mesure des réactions des sujets observés alors que l’observation pourrait être dans la rue infiniment plus proche de la réalité.

 

                Par exemple, nous étions juge d’instance lorsque les autoroutes ont été ouvertes et leurs échangeurs mis en circulation : nous avons vu arriver de nombreuses procédures concernant les fautes de conduite et les accidents qui y avaient été provoqués. La population des personnes mises en cause était tout à fait différents de ce qu’elle était auparavant : non seulement il ne s’agissait pas de jeunes fous ou d’alcooliques au volant mais de vieux conducteurs jusque là sans reproche qui étaient désemparés par les nouveaux usages, ne savaient pas prendre à droite pour aller à gauche, prenaient les sens interdits et s’arrêtaient au milieu de cette «dentelle», comme pris dans un piège ?. Nous ne pouvons malheureusement publier cette étude pour ne l’avoir pas conservée. Aujourd’hui, il faut le constater tout le monde s’est adapté.

 

Page suivantel

Page précédente

                Il en fût de même quelques années plus tard lorsque les distributeurs automatiques de billets, de boissons furent mis en service. C’était pitié de voir par exemple à St Germain–en-Laye les usagers hésitant à programmer leurs désirs (tarif réduit, aller et retour, classe, destination, avec Métro ou non etc., avec ou sans sucre, chaud ou froid, avec ou sans lait) et si on les observait un instant, on voyait que certaines trouvaient plus vite que d’autres… aujourd’hui il n’y a plus de problème… Il est intéressant de mettre des singes ou des rats devant des labyrinthes, mais ensuite il faut passer à l’homme. Dans ces cas, c’était une expérience directe et facile qui était possible.

 

3 – L’écart entre les gens réputés intelligents et ceux qui le sont le moins est faible. D’après les tests des QI ce rapport serait - entre le génie et le demeuré- de l’ordre de 1 à 5, ce qui est vraiment très peu et ferait douter de la valeur des tests qu’il n’y avait d’autres raisons d’y croire.

 

4 _ Les gens intelligents ne le sont pas toujours, en toute activité mais peut-être seulement plus souvent que les autres. Ainsi, voit-on tel savant ou ingénieur qui a révolutionné sa profession répéter des calembours usés, se faire prendre à des escroqueries élémentaires. Il faut citer par exemple ce grand mathématicien qui se ruinait à acheter des lettres autographes de Cléopâtre (dont il était inconsciemment amoureux) à César à qui elle donnait des nouvelles de Césarion .

Ces lettres sur papyrus étaient rédigées en vieux français !

 

Page suivante

Page précédente

b) La Loi de Régression Génétique à la Moyenne

 

Le professeur Eysenk l’étudie longuement mais elle a été mise en évidence par d’autres psychologues. Cette loi exprime le fait que d’une manière quasi constante des parents très intelligents ne produisent que des enfants nettement moins intelligents qu’eux et cela d’autant plus qu’ils étaient eux mêmes plus intelligents. Inversement des parents débiles ont des enfants beaucoup plus intelligents. Ces degrés d’intelligence étant mesurés grâce aux tests de QI.

        Nous croyons pouvoir dire que cette loi n’est qu’une formulation particulière de la loi empirique du hasard aux termes de laquelle «dans une série nombreuse d’épreuves identiques la fréquence d’un événement est très voisine de sa probabilité ; elle en est d’autant plus voisine que le nombre des épreuves devient plus grand». Si plusieurs centaines de gènes sont nécessaires à la création intelligentes, lors de la conception de l’individu chaque gène est tiré au sort ; pour simplifier grossièrement disons que blanc il sera favorable à l’intelligence, et noir, il sera défavorable.

Plus ces gènes sont nombreux plus il y a de chances que à peu près la moitié soient favorables, la moitié défavorables et l’ensemble sera gris… Quelques rares individus seront un peu plus blancs ou un peu plus noirs.

        On pouvait donc prévoir cette loi de régression à la moyenne mais il est heureux que les tests de QI aient permis de le faire et cela prouve que les tests ont une signification et une valeur.

 

  Page suivante

Page précédente

II/ HEREDITE ET CRIMINALITE

 

                Dans la seconde partie de son ouvrage, le professeur Eysenk en vient à étudier les rapport d’hérédité et de personnalité. Il l’avait déjà fait dans ses ouvrages non traduits «The biological basis of personnality» et «Crime and personnality». Sa démarche est la suivante et nous faisons excuse de la déformer nécessairement en la résumant à quelques lignes. Les personnes intéressées ne manqueront pas de se reporter aux tests, comme il se doit.

 

                «Lorsque les jumeaux sont vrais (monozygotes), ils sont beaucoup plus souvent tous les deux criminels ou tous les deux non criminels que lorsqu’ils sont faux (hétérozygotes). Et cette corrélation subsiste même si les jumeaux vrais sont séparés, c’est-à-dire soumis à un environnement différent. Donc l’environnement n’est pour rien ou pour peu de chose dans le comportement et la criminalité est une disposition héréditaire.

   

Page suivante

Page précédente

                Le criminel est le plus souvent un extraverti c’est-à-dire un individu dont l’apprentissage (et notamment du comportement nécessaire en société) est plus difficile.

 

                Mais un traitement de conditionnement est possible, pour réaliser cet apprentissage, il a déjà réussi avec des psychopathes et de jeunes criminels américains, selon le système : travail, récompense, faute, punition.

 

                Nous avons écrit et soutenu que ce qui fait le délinquant c’est l’absence d’éducation et que la réinsertion d’un grand nombre de délinquants primaires était possible par la seule menace de la prison, prononcée avec sursis : les hommes craignent souvent davantage la représentation d’un événement que l’événement lui même. Ainsi un Français raisonnable - direz vous qu'ils le sont tous? - devrait beaucoup plus craindre de monter en auto ou en avion que de manger de la viande de boeuf (ex vache laitière) et devrait s'esclaffer de rire quand on lui parle de marée noire...

 

                La théorie du professeur Eysenk, comme la nôtre qui en était sans le savoir très voisine sont donc pleines d’espérance ;. Il serait toutefois très intéressant de savoir si, comme le dit Hans Eysenk la difficulté d’apprentissage est héréditaire et s’il faut donc une éducation spéciale aux délinquants ou si comme nous le disons, c’est parce que certains n’ont pas reçu l’éducation minimale nécessaire à tous qu’ils sont devenus délinquants.

                Nous allons donc, très modestement et comme une collaboration apportée au professeur Eysenk tester les deux hypothèses.

   

Page suivante

Page précédente    

une nouvelle recherche sur les jumeaux

 

                Le concept de criminalité chez le professeur Eysenk et les chercheurs dont il a utilisé les travaux avec une finesse d’analyse que bien des criminologues n’ont pas, Eysenk fait apparaître combien il est difficile de qualifier quelqu’un de criminel (évolution de la criminalité et de la loi dans le temps et l’espace, degré de criminalité entre un crime affreux et de nombreux crimes mineurs, etc.). Mais finalement il retient la méthode du tout ou rien : est criminel celui qui est allé une fois en prison.

 

                Nous avons là un avantage sur le professeur dans la mesure où nous avons démontré qu’il existe une délinquance d’occasion et une délinquance d’habitude. Sans y revenir autrement nous nous proposons donc d’utiliser cette distinction chaque fois que cela sera utile.

 

                La méthode employée par le professeur pour évaluer l’importance de l’hérédité dans la détermination du comportement criminel repose sur la dichotomie fondamentale entre vrais et faux jumeaux, comme il l’a fait pour l’intelligence. Mais pour mesurer cette dernière l avait les tests de QI, pour la criminalité il n’a que l’emprisonnement et va donc rechercher des concordances d’incarcération entre jumeaux. Pour qu’il n’y ait pas de malentendu nous citerons ici le professeur :

«Celui qui effectue les recherches se rend dans une prison donnée et sélectionne (en consultant les individus en personne ou à l’aide des registres) tous les prisonniers ayant des frères jumeaux : ce sont les sujets de l’enquête… Il distingue ensuite les vrais des faux jumeaux et vérifie si le second est concordant. Si la thèse de l’importance de l’hérédité dans la détermination de la délinquance se vérifier, les cas de concordance doivent logiquement être plus fréquents chez les vrais que chez les faux jumeaux».

   

Page suivante

Page précédente

                Cette méthode comporte certaines difficultés :

a)       la détermination des vrais et des faux jumeaux.

Elle n’est pas grave car s’il est vrai qu’il demeure beaucoup d’incertitudes dans cette dichotomie, comme le professeur le démontre, chaque erreur tend à réduire la marge différentielle entre vrais et faux jumeaux et jamais le contraire. Donc la concordance sera toujours plus forte qu’il n’y paraîtra et on pourra tenir le résultat pour un minimum.

b)       l’extension des résultats obtenus sur les jumeaux aux autres délinquants.

C’est à propos de l’intelligence que nous avons déjà soulevé le problème : il faut démontrer que les jumeaux qui constituent un cas si particulier de la nature sont comme les autres hommes et non différents comme il nous a d’ailleurs paru. IL FAUT D’ABORD VERIFIER QUELA PROPORTION DES JUMEAUX CRIMINELS EST LA MEME QUE CELLE DES INDIVIDUS NES DE GROSSESSES SIMPLES ET COMPARER LEUR CRIMINALITE. On pourrait craindre en effet que les jumeaux soient moins généralement délinquants par exemple à cause de la stabilité affective qui les protège aussi longtemps qu’ils ne sont pas séparés et qu’on ne trouve donc en prison qu’une délinquance psychopathique dont l’origine héréditaire ne pourrait faire aucun doute chez les jumeaux vrais. Mais alors, serait seulement établie ‘origine héréditaire de CETTE DELINQUANCE.

 

Page précédentel

                Nous nous proposons donc de procéder à la recherche suivante pensant que les résultats – si nous parvenons à nos fins – seront indiscutables.

 

1 – Etablir la proportion des naissances de jumeaux viables au sein de la population et observer si elle a varié.

2 – Etablir si les jumeaux vivent aussi longtemps que les autres.

3 – Rechercher la proportion des jumeaux (vrais ou faux) au sein de la population délinquante.

4 – Après avoir ainsi constaté que les jumeaux se comportent comme les autres individus ou non, et peuvent donc servir à l’étude des autres, ou non,

a)       étudier au sein de chaque couple de délinquant leur criminalité d’occasion ou d’habitude ;

b)       étudier la délinquance globale des jumeaux et voir si  elle est composée comme la délinquance générale.

 C’est ce que nous espérons pouvoir faire dans un des prochains numéros.

Page précédente

Vers le haut de la page

Accueil ] Remonter ]