VIRILITE ET RESPECT DE LA FEMME

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Par Ernest LEMACHAUD

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                Une profonde émotion a agité les ligues féministes suisses lorsqu’elles ont appris que des soldats et des officiers s’entraînaient au tir militaire en se servant pour cibles de posters représentant de jeunes beautés fort dévêtues. Bien sûr le nombre de points obtenus variait avec la partie anatomique atteinte par la balle… Je ne vous ferai pas un dessin pour vous dire ce qu’il fallait toucher pour faire mouche…

 

                Pour excuser nos amis d’Outre Sarine, on pourrait faire valoir que tous les moyens sont bons pour donner de l’attrait au service militaire et que, après tout, la Confédération Helvétique compte beaucoup moins d’objecteurs de conscience que ses grands voisins. Faisons ici une parenthèse pour montrer combien le système helvétique est plus juste que le système français : celui qui – pour une raison quelconque – fût ce pour une mauvaise santé ou les pieds plats – ne fait pas de service militaire, celui-là paiera pendant vingt cinq ans une taxe de quatre pour cent de ses revenus annuels. Ainsi il donnera bien, comme ceux qui ont servi sous les drapeaux, le fruit d’une année de travail…

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                Pour en revenir au respect de la femme, il me paraît qu’on n’a pas assez compris le sens profond du comportement des militaires incriminés : Freud avait mis en évidence le transfert qui se fait du phallus à l’arme, notamment chez le jeune homme, qu’il s’agisse du couteau à cran d’arrêt ou du fusil. N’oubliez pas que le soldat suisse emporte son fusil de guerre chez lui où il passe ses rares loisirs à l’entretenir, à le caresser, à le nettoyer. Privé de guerre, le soldat-citoyen se défoule symboliquement.

 

                Il faut aussi considérer que si ces exercices de tir ont eu lieu, c’est que les posters existaient. Si les femmes voulaient tellement être respectées, admettraient-elles que certaines posassent dans des tenues et des attitudes si peu respectables ? On n’entend guère parler des protestations des ligues à ce sujet…

 

                Mais il y a un autre aspect à cette question:

                Je pense qu’il existe une disposition génétique qui pousse les individus de sexe masculin à cette sorte d’agression envers la femme. Les premiers hommes qui ont dessiné sur les parois des cavernes, il y a maintenant trente mille années, ont dessiné des sexes féminins. Tantôt avec réalisme, tantôt en pétrissant l’abstrait, ce fut longtemps leur inspiration. Et cela n’a jamais cessé ! Voyez les graffiti du Métro : malgré un certain changement de l’environnement, les murs des cavernes portent les mêmes dessins ! Cela me rappelle une anecdote : psychologue faisait passer un test à un patient en lui montrant des tâches d’encre.

-          A quoi cela vous fait-il penser, lui demande-t-il ?

-          A l’amour, répond le malade.

-          Quelle jolie réponse, s’exclame le psychologue, pourquoi donc ?

-          Mais je ne pense qu’à ça !

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Récemment, une grande revue scientifique publiait des photos prises par la perspicace Jane Goodall, cette distinguée éthologue qui comprit il y a vingt ans que pour savoir comment se comportent les singes, le mieux était d’aller vire parmi eux et de les observer en les dérangeant le moins possible. Eh bien, sur l’une des photos on voyait une guenon donnant une vision périnéale de son fondement à un jeune singe lequel en suivait les contours d’un index curieux. Vous trouverez l’expression du même comportement et de la même curiosité dans n’importe quelle revue pornographique contemporaine.

 

Il s’agit bien là d’un comportement d’origine innée, comme nous le soutenons dans ces cahiers depuis leur création et seul le code de la bonne conduite, de la civilité puérile et honnête réussit à modérer les élans des plus nombreux, à empêcher l’expression publique de cette humeur.

 

Il est d’ailleurs à craindre que le jour où elle disparaîtrait, c’est l’avenir de l’espèce qui serait en cause.

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Lors du dernier réveillon, la télévision française aurait présenté un spectacle plus osé que d’habitude : des créatures de rêve fort peu habillées seraient venues présenter leurs vœux à la grande satisfaction des mâles français déjà enfiévrés par l’alcool. Aussitôt des protestations se sont élevées, notamment de Mme Sarraute, éminente correspondante de notre grand confrère «Le Monde».  Madame Sarraute aurait crié au sexisme et à la discrimination. Pourquoi toujours des femmes nues et jamais des hommes ?

 

L’erreur de Mme Sarraute est immense. A part les homosexuels, les hommes désirent voir des femmes nues. Et quant ils en voient, seraient-ce des gotons, des grognasses, des maritornes, des souillons, ils ressentent un choc. La vue est chez l’homme ce que l’odorat est chez le chien. Jamais on n’a vu un homme porter plainte parce qu’une femme s’est exhibée devant lui. Tel n’est pas du tout la cas de la femme. L’exhibition d’un homme est ressentie par elle comme une violence inimaginable ! Je me souviens d’affaires où des ménagères allaient chercher le Commissaire de Police :

-          Venez vite, lui disaient-elles, regardez, là haut, au sixième étage, il y a un homme nu ! Derrière les rideaux…

Tel les cardinaux derrière la lunette de Galilée, le Commissaire ne voyait rien…

-          Mais si, je vous assure, il fait des gestes obscènes…

Dans des circonstances symétriques, des hommes seraient allés chercher leurs copains pour qu’ils en «profitent» !

En fait, quand une femme va dans une boîte de nuit, elle préfère un spectacle de femmes nues que d’hommes nus. Encore une  fois, nous ne parlons pas des homosexuelles. C’est une grande rêverie que de vouloir faire de l’homme et de la femme des êtres au comportement semblable.

 

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La femme balance toujours entre la pudeur qui est sa défense et l’exhibitionnisme qui est sa séduction. Ce compromis va du mouvement de la croupe au décolleté plus ou moins plongeant, à la fente de la jupe. Si elle ne montre pas, elle suggère. La plus innocente fille vivant au fond d’une forêt sait ce qu’il faut montrer à un homme !

 

Croyez-vous qu’une femme serait troublée par la vue d’un homme dont les jambes de pantalon seraient haut fendues ? Alors que les femmes dont le seul vêtement décent est celui des nonnes n’ont de cesse de raccourcir leurs robes du haut comme du bas et souffrent sans se plaindre du froid. Les hommes n’acceptent pas de sacrifier leurs aises et réclament de grosses chaussettes, si peu érotiques ! ! !

 

Pourtant Mme Dolto, médecin et psychiatre de sa spécialité, expliquait un jour à la radio qu’un sein, après tout, ce n’est qu’une glande dans un sac de peau sur un coussin graisseux ! Bien sûr, pour un médecin, mais pour un homme c’est vraiment autre chose, parce qu’il est construit pour que ce soit autre chose ! Vous avez dit graisseux…

 

En tout cas, graisseux ou non, il n’y aura pas lieu de s’inquiéter tant qu’il y a aura des photos de femmes dans les chambrées ou dans les ateliers…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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